Emmanuel Macron a réuni le 3 avril les principales filières de l’économie française dont celles du médicament et du dispositif médical. Objectif : mobiliser les filières dans la même direction en réaction aux nouveaux droits de douane annoncés par Donald Trump. Ce dernier a décidé d’imposer 20 % de tarifs douaniers dits « réciproques » sur les importations européennes, à partir des 5 et 9 avril. Qu’en est-il pour le secteur de la pharmacie ?
Quelles taxes douanières pour les médicaments ?
Les produits pharmaceutiques finis bénéficient d’une exemption, dans le cadre des négociations de l’OMC, en reconnaissance de leur dimension vitale. La Maison Blanche a confirmé accorder cette exemption, sans en préciser le périmètre. Elle devrait s’appliquer aux médicaments et vaccins. Le LEEM ne s’est cependant pas exprimé sur le sujet. En revanche, se pose la question des principes actifs. La filière « chimie » sera en effet taxée, elle, par des tarifs de 20 %. Cela concernerait certains ingrédients, vitamines et les principes actifs exportés sous cette forme aux États-Unis. Ces derniers se fournissent principalement en Chine et en Inde, mais également en Europe, principalement en Irlande, en Belgique et en Allemagne. En France, Euroapi ou Seqens (qui relocalise en France le principe actif du paracétamol) seraient concernés.
Une exemption seulement temporaire ?
Le secteur pharmaceutique reste sur ses gardes. Emmanuel Macron a affirmé le 3 avril que les secteurs de la « pharmacie, bois et semi-conducteurs » seront bientôt concernés par de nouvelles annonces et que ces droits de douane seront « vraisemblablement au moins à 25 % ». Donald Trump a en effet annoncé qu’il instaurerait des droits de douane sectoriels et les importations de médicaments sont dans son collimateur. Il déplore régulièrement que les États-Unis ne produisent plus d’antibiotiques et que les Big pharma américaines se soient installées en Irlande pour profiter d’un régime fiscal avantageux. Les produits pharmaceutiques ont représenté 42 % des exportations irlandaises vers les États-Unis en 2024.
D’après l’agence Reuters, le secteur pharmaceutique espère négocier une hausse progressive de ces taxes, en échange de promesses de délocaliser une partie de sa production sur le territoire américain, à la place d’une imposition de 25 % en un seul jour. Selon le groupe PhRMA, qui représente l’industrie pharmaceutique aux États-Unis, « il faut 5 à 10 ans et 2 milliards de dollars pour ouvrir une nouvelle usine de production aux États-Unis ».
Quels tarifs pour les dispositifs médicaux ?
Ne faisant pas partie des produits pharmaceutiques, les dispositifs médicaux devraient être assujettis aux tarifs douaniers de 20 %. Or les États-Unis ont en 2024 un déficit commercial de 17 milliards de dollars d’équipements médicaux vis-à-vis de l’Europe. « Compte tenu de la très grande hétérogénéité des composants entrant dans la fabrication des dispositifs médicaux, le Snitem se mobilise pour pouvoir apprécier les impacts que peuvent avoir ces décisions sur les entreprises du secteur », précise le syndicat le 4 avril. « Les flux entre l’Europe et les États-Unis sont extrêmement complexes indépendamment de la taille et de la nationalité des entreprises. Comme l’a souligné le président de la République, un temps d’analyse par filière s’avère en conséquence indispensable. » Le Snitem appelle à une action au niveau de l’Union européenne et « reste en lien étroit avec les fédérations européennes (MedTech Europe et Cocir) ».
Avec quelles conséquences ?
En 2024, la pharmacie a représenté près de 20 % des exportations réalisées par l’Europe vers les États-Unis, selon Eurostat. L’objectif de Donald Trump est de forcer les laboratoires américains et européens à investir et produire sur le territoire américain pour réduire la dépendance du pays en matière de santé. Cela pourrait avoir des conséquences indirectes : fragiliser les investissements et conduire à la fermeture de sites de production en Europe. Le président Emmanuel Macron a également demandé aux sociétés de suspendre leurs investissements outre-Atlantique. Le ministre de l'Économie, Éric Lombard, a appelé les entreprises à faire preuve de patriotisme : « Il est clair que si une grande entreprise française acceptait d'ouvrir une usine aux États-Unis, ce serait donner un point aux Américains », a-t-il déclaré le 4 avril sur « BFMTV/RMC ».
La guerre commerciale pourrait, par ailleurs, amener le président américain à négocier des droits de douane préférentiels à certains pays. Si l’Inde et la Chine négocient de tels droits, cela se fera aux dépens de la compétitivité européenne. À l’inverse, faute de débouchés américains, la Chine et l’Inde pourraient transférer leurs exportations vers l’Europe et fragiliser la production locale.
Le gouvernement se prépare, selon le ministre de l’Économie, à une riposte « proportionnée » qui doit « nous conduire à la table de négociation », laquelle se fait « d'égal à égal », l'économie européenne étant une « des plus puissantes du monde ».
Ça s’en va et ça revient (ou pas)
Glucagen Kit : une rupture brève
Traitement du diabète de type 2
Les analogues du GLP-1 augmenteraient le risque de fracture
Traitement de l’anémie
NeoRecormon : des tensions voire des ruptures de stock à prévoir
Bilan 2024
L’officine, toujours premier lieu de vente des compléments alimentaires