Une synthèse qui fournit un argument de plus contre la baisse de la remise génériques. Et qui étaye davantage la crispation de la profession au sujet de l’arrêté du 4 août. Car, comment résister alors même que le taux de marge globale recule chaque année ? En 2024, il a à nouveau baissé de 0,7 point pour atteindre 28,4 % du chiffre d’affaires. Par conséquent, une pharmacie a enregistré en moyenne une marge en valeur de 679 485 euros, comme le démontre la synthèse réalisée par Joffrey Blondel, directeur gestion officinale chez Astera/Cerp, sur la base de données de la FSPF, de la CNAM, de GERSDATA et de grands réseaux d’experts-comptables spécialisés.
La dangereuse mainmise des médicaments chers
Cette érosion du taux de marge est d’autant plus inquiétante qu’elle semble s’installer. Et surtout, dans un contexte de hausse des charges et des salaires, fragilisé par la perspective d’une baisse des remises génériques, cette attrition remet en cause la rentabilité même de l’entreprise officinale. Force est de constater que la maigre hausse en valeur ne suffit pas à compenser sur le court et moyen terme les faiblesses structurelles de la marge officinale que met en relief Joffrey Blondel, dans son étude annuelle.
Dans une plongée au cœur du réacteur, le directeur gestion officinale chez Astera/Cerp décompose les différents postes générateurs de chiffre d’affaires et de marge. Toutes les tranches de la MDL sont en progression à l’exception des médicaments d’un prix compris entre 22,91et 150 euros. Les plus forts contributeurs à la hausse du chiffre d’affaires sont, comme le relève Joffrey Blondel « les produits chers d’un prix supérieur à 150 euros représentent dorénavant 40 % du chiffre d’affaires HT TVA 2,1% contre 38% en 2023, avec 17% pour les produits au-dessus de 1930 euros où la marge est autour de 2% seulement (hors remises) ».
Des missions qui restent anecdotiques
Du côté de la marge, celle réalisée par les honoraires, les ROSP et les missions Covid ne progresse que d’environ 3 % à 213 737 euros. Bien que constituant 74 % de la marge du 2,1% hors Covid et remises et 34 % de la marge totale, elle ressort affectée par la baisse de la marge des activités Covid. De 77 000 euros en 2022, elle avait baissé à 9 000 euros en 2023 pour ne plus atteindre que 4 899 euros l’année dernière, souligne l’étude. Un reflux inéluctable dans la période postpandémique mais qui n’est en aucun cas compensé par une hausse de la rémunération des « nouvelles missions ».
Entretiens, vaccinations, téléconsultations, TROD, remise de kits de dépistage du cancer colorectal, dispensation à l’unité n’ont en effet généré que 4 818 euros, contre 2 900 euros un an plus tôt. « Hors vaccination, la marge liée aux nouvelles missions reste très faible avec 1 177 euros, par officine contre 262 euros en 2023 », note Joffrey Blondel. Bien qu’elle soit multipliée par 4,5 par rapport à 2023, elle reste balbutiante. Et bien indigente face aux besoins de l’officine de s’assurer une rémunération en dehors du champ des ventes de médicaments. Pourtant, les officines ont toutes les compétences et la légitimité pour tirer parti de ces missions, garantes de l’accès aux soins dans un contexte de désertification croissante.
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