Ce jeudi 18 septembre, alors que les pharmaciens se sont mobilisés un peu partout en France pour dénoncer l’arrêté instaurant une baisse du plafond des remises sur les génériques, le Comité économique des produits de santé (CEPS) réunissait les représentants de la profession et des industriels pour leur annoncer… de nouvelles baisses de prix et de tarifs forfaitaires de responsabilité (TFR) dans le répertoire des génériques. En tout, 53 groupes génériques sont visés, avec l’objectif de réaliser environ 200 millions d’euros d’économies sur ces médicaments.
Le choix du CEPS d’organiser une réunion du comité de suivi des génériques ce 18 septembre, jour de mobilisation, a été vécu comme une véritable provocation par la profession, à l’heure où la baisse du plafond des remises sur ces mêmes médicaments risque d’entraîner la fermeture de milliers d’officines et la mise en danger « d’un tiers des 146 000 emplois directs du réseau officinal », selon les calculs de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Le syndicat avait demandé le report de cette réunion, sans succès. Celle-ci s’est bien tenue comme prévu ce 18 septembre alors que les officinaux battaient le pavé au même moment dans plusieurs villes françaises…
Comme résumé dans un document de travail transmis en amont aux syndicats, le CEPS est donc déterminé à réaliser de nouvelles économies d’ampleur sur les génériques. L’instance propose en effet de « réguler les prix et les TFR de 53 groupes génériques (qui) se caractérisent par une dépense supérieure à 5 millions d’euros et des taux de remise significatifs ». Pour le CEPS, deux objectifs distincts sont ici visés : « une baisse progressive des prix des génériques vers les prix réellement pratiqués » et « une convergence des prix des spécialités de référence vers ceux des spécialités génériques ». Pour les pharmaciens, l’effet de ces baisses de prix pourrait très rapidement se faire sentir. L’application de ces nouveaux tarifs et TFR doit en effet être effective… dès le 1er octobre.
Concernant le premier des deux objectifs souhaités par le CEPS, soit la convergence des prix et des TFR vers le prix du marché réellement pratiqué, le comité affirme en effet « observer une concurrence en prix élevée au sein de groupes génériques dont la dépense est significative. Cette concurrence se traduit par des remises consenties importantes », ajoute le CEPS pour justifier sa stratégie.
Les molécules qui sont concernées, et le projet de baisse de prix/TFR pour chacune d’entre elles, sont listées dans le tableau ci-dessous :

Le second objectif, la convergence des prix des référents vers ceux des génériques, s’explique cette fois par l’existence « d’un écart entre le prix de spécialités de référence et le prix de spécialités génériques au sein de groupes génériques », selon les observations du CEPS. Ce sont ici 5 molécules qui sont ciblées :

En termes d’objectifs chiffrés, le CEPS espère réaliser 241,5 millions d’euros d’économies en année pleine, dont 200,5 millions d’euros sur les médicaments génériques. Autre conséquence concrète : une baisse de la marge officinale de 46,1 millions d’euros. Une estimation qui serait toutefois très éloignée de la réalité selon Julien Chauvin, président de la commission Études et stratégie économiques de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Je ne sais pas comment le CEPS a réalisé ce calcul mais selon le nôtre, la baisse de la marge officinale serait plutôt de 90 millions d’euros », explique-t-il. Un écart loin d’être anodin. Ce point n’est d’ailleurs pas la seule erreur dénoncée au cours de la réunion tenue ce jeudi. Le document de travail envoyé par le CEPS prévoit en effet une exemption de baisses tarifaires pour les groupes génériques « dont le PFHT a baissé dans les 24 mois qui précèdent ce projet de baisse de prix ». Or, 3 molécules concernées par des baisses de prix au cours des deux dernières années figurent malgré tout dans la liste… « Le rivaroxaban a subi une baisse de prix en novembre 2024 puis une autre en avril 2025. L’atorvastatine et le pantoprazole ont tous deux fait l’objet de baisses en février 2024, soit il y a moins de deux ans. Ces molécules n’auraient donc jamais dû figurer dans la liste, ce que le Gemme (organisation qui réunit 27 génériqueurs) a également confirmé », détaille Julien Chauvin, qui peine à comprendre comment le CEPS a pu construire une liste qui ne respecte pas les règles qu’il a lui-même édictées… Un point d’autant plus problématique que les trois molécules citées représentent à elles seules le tiers (environ 70 millions d’euros) du montant d’économies espérées par le CEPS.
Durant les échanges avec le comité, les syndicats ont affirmé avec force leur opposition aux mesures envisagées dans leur ensemble. « Le CEPS a entendu nos revendications, n’a pas apporté de commentaires, comme à son habitude, ajoute Philippe Besset, président de la FSPF. Il doit rendre sa décision dès demain (vendredi 19 septembre), ce qui, en revanche, est un délai beaucoup plus court que d’habitude », souligne-t-il. « Nous avons assez peu d’espoir que le CEPS abandonne l’ensemble des mesures. En revanche, il faut voir ce qui va advenir des trois molécules qui ne devraient pas être dans la liste. Soit le CEPS les retire, soit il les remplace par d’autres molécules, soit il les maintient quitte à aller à l’encontre de ses propres règles », résume-t-il.
Les baisses de prix exposées ce 18 septembre viendraient s’ajouter à la réduction du plafond des remises sur les génériques (déjà abaissé à 30 % depuis le 1er septembre). L’USPO, qui dénonce vigoureusement le rôle joué par les médicaments chers et des thérapies innovantes dans la croissance des dépenses de médicaments, constat également souligné par le récent rapport Charges et Produits de l’assurance-maladie, reproche à l’État de se tromper de cible. « Les génériques ne sont pas responsables du dérapage, à l’inverse ils font faire près de 2,5 milliards d’euros d’économies par an, rappelle le syndicat. Plutôt que de s’attaquer à la réalité du dérapage, l’État a choisi la facilité : imposer aux génériques à partir du 1er octobre une baisse de prix brutale de 200,5 millions d’euros en année pleine », dénonce-t-il.
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