Une recomposition majeure se prépare dans le paysage syndical des pharmaciens. En 2026, une troisième force pourrait émerger : l’Union des pharmaciens groupés de France (UPGF), fruit de l’alliance entre l’Union des groupements de pharmacie d’officine (UDGPO) et l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). Objectif : défendre une vision libérale du modèle économique de l’officine face aux deux principaux syndicats représentatifs de la profession, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Quelle que soit la voie choisie, ce nouveau syndicat devrait voir le jour en 2026
La crise des remises sur les génériques a, en effet, exacerbé des divergences de fonds sur le statut et la rémunération des pharmaciens d’officine. Ces dissensions entre les instances de la profession ont éclaté au grand jour début octobre quand Matignon a décidé de déployer une mission flash sur les flux financiers des circuits de distribution du médicament, en échange d’un maintien des remises à 40 % jusqu’au 31 décembre. Le 14 octobre, Laurent Filoche, président de l’UDGPO, et Christophe Le Gall, président de l’UNPF, ont tapé du poing sur la table pour réclamer une place pour les groupements à la table des négociations. Quasi au même moment, Philippe Besset, le président de la FSPF, s’est prononcé en faveur du « tout honoraire » dans les colonnes du « Quotidien du pharmacien ». La rupture était consommée.
Un « tout honoraire » fatal
Alors que l’USPO et la FSPF se sont engagés l’un dans un groupe de travail, l’autre dans une consultation auprès des pharmaciens, une mission flash a été confiée par le gouvernement à l’IGAS et l’IGF. « À voir si elle reflète les divergences de philosophie », met en garde Laurent Filoche, également président du groupement Pharmacorp, membre de Hygie31. Avec Christophe Le Gall, il estime que le « tout honoraire » serait fatal au réseau officinal. « Cela revient à mettre les pharmaciens sous tutelle de l’assurance-maladie, alors qu’elle est en mauvaise santé économique et qu’elle ne tient pas ses engagements », défend Laurent Filoche. Le médicament doit rester au cœur de la rémunération des officines : « L’an prochain, plus d’un milliard d’euros de brevet tomberont et le marché des biosimilaires ne va faire que s’agrandir. On ne peut pas se passer de cette manne. Sans le médicament, on n’existe plus. »
Une adhésion automatique
Selon lui, le modèle actuel montrant cependant ses limites, de nouvelles rémunérations seraient à chercher du côté de missions financées non par l’assurance-maladie mais par des acteurs privés, tels que des mutuelles ou des assureurs, auxquels s’ajouteraient des compléments de rémunération versés par des organismes privés. Autant de négociations à mener qui relèvent, selon le président de l’UDGPO et celui de l’UNPF, des groupements, forts du nombre de leurs adhérents. L’adhésion -50 euros par an- sera proposée par le groupement à ses adhérents. Certains groupements pourraient ensuite rembourser cette cotisation.
La création de l’UPGF pourrait passer par deux voies. La première est dérogatoire : en fédérant 3 000 adhérents, l’UPGF demanderait une dérogation auprès de la ministre de la Santé. C’est par ce biais qu’en mars 2005, l’USPO avait obtenu sa représentativité auprès de Philippe Douste-Blazy. La deuxième est électorale : se présenter aux élections URPS de l’automne 2027. Pour cela, les deux partenaires sont en pleine consultation d’avocats spécialisés pour déterminer s’ils déposeront les statuts pour un nouveau syndicat ou s’ils modifieront simplement ceux de l’UNPF, qui a perdu sa représentativité en 2016. Quelle que soit la voie choisie, ce nouveau syndicat devrait voir le jour en 2026.
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