La liste des médicaments et dispositifs médicaux soumis à prescription médicale obligatoire que les infirmiers de pratique avancée (IPA) peuvent prescrire en initiation de traitement vient d’être publiée. Elle est longue, et peut varier selon le domaine de spécialisation de l’IPA.
Les IPA avaient obtenu, il y a trois mois, l’autorisation d’initier une prescription de médicaments, de dispositifs médicaux (mais aussi de prestations) soumis à prescription médicale obligatoire dès le premier contact avec le patient, dans un cadre structuré (exercice coordonné ou établissement de santé). Mais encore fallait-il avoir la liste précise. Celle-ci a été publiée au « Journal officiel » du 30 avril. En pratique, il existe plusieurs listes : une liste de médicaments, de dispositifs médicaux et de prestations que l’ensemble des IPA sont autorisés à primo-prescrire, et une liste par domaine de spécialisation de l’IPA.
Excepté dans le cadre du domaine d’intervention « Urgences », les prescriptions ne peuvent pas être renouvelées sans concertation médicale.
Pour le syndicat des IPA (l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée), il s’agit d’une première étape et la liste ne demande qu’à être « élargie et affinée ».
Liste générale
Ainsi, côté médicaments et DM, l’ensemble des IPA peuvent primo-prescrire :
- Des bandes ou bas de contention de classe 1 et 2 ;
- Des équipements de protection individuelle (masques…) ;
- Des compléments nutritionnels oraux ;
- Des antalgiques de palier 1 ;
- Des solutés intraveineux d'électrolytes, ions et glucose : NaCl 0,9 %, G5 %, G30 % ;
- Des antidiarrhéiques : lopéramide, racécadotril, antihistaminiques H1 peu sédatifs par voie orale ;
- Des antispasmodiques à visée digestive et des pansements digestifs ;
- Des anesthésiques locaux en gel, crème ;
- Des antiseptiques locaux ;
- Des pansements médicamenteux ;
- Des antiacides gastriques d'action locale ;
- Des inhibiteurs de la pompe à protons ;
- Des laxatifs de lest, osmotiques et lubrifiants ;
- Des traitements antibiotiques pour des infections identifiées à l'aide de tests rapides d'orientation diagnostique (TROD), sous condition du suivi d'une formation définie par arrêté : fosfomycine-trométamol pour traiter une cystite chez la femme de 16 à 65 ans sans facteur de risque de complication ; amoxicilline, pour traiter une angine bactérienne à strepto-test positif chez le patient âgé de 10 ans ou plus ;
- Le kit de naloxone dans le cadre d'une prise en charge en urgence.
Par domaine de spécialisation
Dans le cadre du domaine d'intervention « pathologies chroniques stabilisées ; prévention et polypathologies courantes en soins primaires », les IPA spécialisés peuvent primo-prescrire, sans diagnostic médical préalable :
- Certains traitements antihypertenseurs de première ligne pour les hypertensions de grade 1 sans retentissement : inhibiteur de l'enzyme de conversion (IEC), antagoniste des récepteurs de l'angiotensine II (ARA2), inhibiteur calcique, diurétique thiazidique en monothérapie (et de préférence en monoprise). Les bêtabloquants sont exclus ;
- Les traitements hypoglycémiants de première ligne, conformément aux recommandations en vigueur, chez un patient diabétique de type 2 ;
- Les dispositifs d'autosurveillance de la glycémie capillaire : lecteur de glycémie, bandelettes d'autocontrôle de la glycémie, autopiqueur, lancettes.
Il faudra en revanche un diagnostic médical préalable pour initier :
- Statines et ézétimibe ;
- Les dispositifs d'autosurveillance du taux de glucose interstitiel dans le respect des indications ;
- Les associations d’antihypertenseurs jusqu'à trois classes associées dans le cadre d'une adaptation du traitement pour les hypertensions artérielles de stade 2 et 3, selon les recommandations (bêtabloquants toujours exclus) ;
- Tous les antidiabétiques oraux et injectables, y compris insulines d'action intermédiaire et lente ;
- Les bronchodilatateurs inhalés, à l'exclusion des prescriptions pour inhalation par nébulisateurs : bronchodilatateurs de courte durée d'action (bêta-2 mimétiques, anticholinergiques, bromure d'ipratropium), de longue durée d'action (béta2-stimulants, anticholinergiques), et associations de bronchodilatateurs d'action prolongée et de corticoïdes inhalés ;
- L’oxygénothérapie ;
- Les traitements de l'insuffisance cardiaque dans le cadre d'une conduite diagnostique et de choix thérapeutiques déterminés par un médecin : IEC, ARA2, diurétiques épargneurs de potassium, diurétiques de l'anse, glifozines, antagonistes des récepteurs de l'aldostérone ;
- Les matelas à air fluidisé pour l’aide au maintien à domicile ;
- Un agoniste dopaminergique, un précurseur de la dopamine (L-DOPA), un inhibiteur de la monoamine-oxydase de type B (IMAO-B) en cas de suspicion de déséquilibre du traitement chez un patient ayant une maladie de Parkinson ;
- Du potassium si hypokaliémie.
Dans le cadre du domaine d'intervention « Oncologie et hémato-oncologie », avec diagnostic médical préalable :
- Les antiémétiques : métoclopramide, métopimazine, alizapride, mais aussi sétrons (granisétron, ondansétron, palonosétron), aprépitant, nétupitant, rolapitant ;
- Les laxatifs par voie orale de lest, osmotiques et lubrifiants et par voie rectale ;
- Les topiques émollients et hydratants, les préparations magistrales (à base d'urée ou d'acide salicylique en cas d'hyperkératose) : crèmes, lotions, baumes, pommades ;
- Les antalgiques de palier 2 (codéine, dihydrocodéine, tramadol) ;
- Les produits de la gestion des toxicités endobuccales (bêtaméthasone en comprimés à sucer, amphotéricine B en suspension buvable, miconazole en gel buccal, morphine à 2 % ou lidocaïne en application buccale) ;
- Les antihistaminiques H1 peu sédatifs par voie orale (prévention des réactions allergiques) ;
- Les matelas à air fluidisé ;
- Du carboxymaltose ferrique lorsque les préparations orales de fer ne sont pas efficaces ou ne peuvent être utilisées (gestion de l'anémie chimio-induite en usage hospitalier).
Dans le cadre du domaine d'intervention « Maladie rénale chronique, dialyse, transplantation rénale », avec diagnostic médical préalable :
- Les inhibiteurs calciques dans le cadre du traitement de l'hypertension artérielle ;
- Le calcium per os, vitamine D, chélateur du phosphore (traitement des troubles phosphocalciques) ;
- Le bicarbonate de sodium per os (traitement de l'acidose métabolique) ;
- Le chélateur du potassium et le potassium per os (traitements des dyskaliémies) ;
- Les acides aminés per os après évaluation de l'état nutritionnel lorsque régime hypoprotidique envisagé ;
- Les matelas à air fluidisé.
Dans le cadre du domaine d'intervention « Psychiatrie et santé mentale », avec diagnostic médical préalable :
- Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) et anxiolytiques pour la prise en charge d'un syndrome anxiodépressif peu sévère à modéré ;
- La mélatonine ;
- Baclofène et nalméfène dans le cadre d'une prise en charge addictologique ;
- Acamprosate et disulfirame en prévention de rechute chez le patient alcoolodépendant ;
- Une benzodiazépine dans le cadre du sevrage alcoolique ;
- Une benzodiazépine dans les manifestations anxieuses sévères et invalidantes ;
- Les anticholinergiques ;
- La thiamine.
Sans diagnostic médical préalable, les IPA spécialisés pourront primo-prescrire :
- Les correcteurs du syndrome extrapyramidal induit par les neuroleptiques : tropatépine, bipéridène, trihexyphénidyle ;
- L’hydroxyzine.
Dans le cadre du domaine d'intervention « Urgences », les IPA concernés pourront primo-prescrire :
- Les antalgiques paliers 2 à 3 ;
- Le bromure d'ipratropium en aérosol doseur, poudre sèche ou nébulisation (uniquement) ;
- Salbutamol et terbutaline inhalés, en aérosol doseur, poudre sèche ou nébulisation ;
- Les corticoïdes per os ou injectable ;
- Les antihistaminiques injectables ;
- Un mélange équimoléculaire oxygène protoxyde d'azote ;
- Les immunoglobulines antitétaniques ;
- Dans les collyres analgésiques : oxybuprocaïne ;
- Les gouttes auriculaires ;
- Le traitement préventif post-exposition au virus de l'immunodéficience humaine (VIH) ;
- Le méthoxyflurane ;
- Un anticoagulant à dose préventive dans le cadre de la pose de dispositif d'immobilisation ;
- L’éconazole ;
- L’ivermectine ;
- L’acétylleucine ;
- La N-acétylcystéine (NAC).
Semaine européenne de la vaccination
Quels vaccins sont recommandés chez la femme enceinte ?
À la Une
Deux tiers des pharmacies ont vu leur rentabilité baisser en 2024
Une idée de l’assurance-maladie
Médicaments, pansements : quelle est cette expérimentation contre le gaspillage ?
Négociations salariales
Révision de la grille des salaires : ce qui va changer