Un arrêté publié dans le « Journal officiel » du 2 avril autorise les pharmaciens réunionnais à vacciner contre le chikungunya sur prescription médicale. Une annonce attendue avec impatience par les pharmaciens locaux alors que le nombre de cas a fortement augmenté ces derniers jours et que le pic de l’épidémie n’est attendu que pour la mi-avril.
C’était une demande exprimée par les syndicats de pharmaciens. Autoriser les pharmaciens réunionnais à injecter eux-mêmes le vaccin Ixchiq, le seul autorisé à ce jour contre le chikungunya. Le ministère de la Santé a répondu favorablement à cette requête, comme le confirme l’arrêté publié ce mercredi. « Considérant que l'épidémie de chikungunya que connaît l'île de La Réunion depuis plusieurs mois s'accélère fortement (…) que cette situation entraîne une augmentation des consultations médicales et des hospitalisations, avec un risque de saturation du système de santé local dans les prochaines semaines (…) il convient, en complément des mesures de lutte antivectorielles et de prévention, d'organiser une campagne de vaccination, en particulier au bénéfice des populations les plus vulnérables, d'en assurer le suivi et de permettre aux pharmaciens ayant reçu une formation à la vaccination d'administrer le vaccin contre le chikungunya », détaille le texte. Alors que les pharmaciens réunionnais ne pouvaient que délivrer Ixchiq jusqu’à présent, ils sont désormais autorisés à administrer eux-mêmes ce vaccin vivant atténué aux patients mais uniquement si ces derniers présentent une prescription médicale (Ixchiq ne figure pas sur la liste des vaccins inscrits au calendrier vaccinal).
Il y a quelques jours, le fabricant du vaccin Ixchiq, le laboratoire franco-autrichien Valneva, avait annoncé l’envoi de 40 000 doses supplémentaires de vaccin au début du mois d’avril, suite à un accord avec l’ARS de La Réunion, laquelle prend en charge le coût de ce stock. « Nous allons recevoir les premières doses ARS dès ce jeudi 3 avril », confirme Vincent Théodoly, directeur de l’établissement de répartition pharmaceutique PHARMAR. En pratique, les premières vaccinations dans les pharmacies réunionnaises devraient avoir lieu en début de semaine prochaine. « Les officinaux ont délivré presque toutes les doses reçues ces dernières semaines, ils n’ont donc plus rien en stock, explique Claude Marodon, président du Conseil de l’Ordre des pharmaciens de la Réunion. Le temps que les grossistes reçoivent puis livrent ces nouvelles doses aux pharmacies, les premières vaccinations en officine commenceront certainement ce lundi. Pour que les doses soient bien réparties, les pharmaciens pourront commander au maximum 5 jours par semaine avec une limite de 20 doses par jour », détaille-t-il.
Pour rappel, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande que ce vaccin soit réservé, « en tenant compte du nombre de doses disponibles à court et à moyen terme », aux personnes à risque de forme grave n’ayant jamais eu d’infection au chikungunya. Soit, les personnes de plus de 65 ans présentant des comorbidités (hypertension artérielle, diabète, maladies cardiovasculaires…), puis les adultes de 18 à 64 ans avec des comorbidités. Les agents de lutte anti-moustique ont eux aussi été ajoutés à la liste des populations éligibles à la vaccination à court terme. En revanche, l’autorité sanitaire ne recommande pas l'utilisation du vaccin Ixchiq chez la femme enceinte ni chez les personnes immunodéprimées. À noter enfin : Ixchiq vient d’être autorisé chez les adolescents de plus de 12 ans par la Commission européenne. « Nous avons beaucoup de demandes de patients qui veulent être vaccinés mais qui ne font pas partie des publics prioritaires et ne peuvent donc bénéficier d'une prise en charge, explique Claude Marodon. Pour éviter qu’il y ait des écarts de prix trop importants entre les différentes pharmacies, nous allons nous réunir pour trouver un accord sur un prix conseillé », annonce-t-il. L’arrêté publié au JO précise en outre que les pharmaciens devront transmettre à l'agence régionale de santé « les données relatives à la dispensation et à l'administration des vaccins, à l'exclusion des nom, prénom et date de naissance », ceci afin « d’assurer le suivi de la délivrance des vaccins et la couverture vaccinale ».
Ce mercredi, l’ARS de La Réunion annonçait que près de 6 000 nouveaux cas avaient été signalés au cours de la semaine du 17 au 23 mars. En tout, plus de 20 000 cas ont été recensés depuis août, pour 129 hospitalisations de plus de 24 heures et deux décès. Un chiffre bien inférieur à celui de l’épidémie de 2005-2006 (260 000 cas, 225 morts) mais qui est sans doute largement sous-estimé. « Tout le monde ne va pas voir son médecin, même en étant malade, et la prescription d’un bilan biologique n’est pas automatique. On a peut-être 27 000 cas ou presque 40 000 ou 50 000 cas sur l’île » expliquait récemment Xavier Deparis, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire à l’agence régionale de Santé locale au micro de « Réunion la 1re ». Ce lundi, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, est attendu sur l’île et doit visiter une pharmacie impliquée dans la campagne de vaccination.
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