Un article paru le 24 février dans la presse généraliste accuse les pharmaciens réunionnais de profiter de la demande croissante pour le vaccin Ixchiq pour gonfler leurs marges, son prix étant encore libre.
« C’est cohérent dans la cascade de prix », tranche Frédéric Turlan, directeur général pharmacien responsable chez Copharmay, grossiste répartiteur à Mayotte, en référence au fonctionnement de la chaîne du médicament. Un article publié le 24 février 2025 dans « Libération » accuse les pharmaciens réunionnais de profiter de l'augmentation des cas de chikungunya pour vendre le vaccin Ixchiq à des prix très élevés (parfois jusqu’à 250 euros). L’article parle même d’un « effet d’aubaine » dont les pharmaciens ne se priveraient pas. Les grossistes aussi sont mis en cause, accusés des mêmes maux. Quand le virus gagne du terrain et que le vaccin est vendu à prix d’or, les boucs émissaires sont tout désignés.
Toutefois, comme souvent, la situation est plus complexe qu’il n’y paraît. Le laboratoire Valneva, spécialisé dans les vaccins du voyageur et seul détenteur d’un vaccin contre cette maladie, commercialise son produit à 120 euros et « effectue la livraison de celui-ci à l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, explique Frédéric Turlan. C’est ensuite aux grossistes d’assurer le transport et les risques que cela implique à la Réunion » Par ailleurs, ce vaccin doit être réfrigéré et donc transporté dans une boîte isotherme avec possiblement des pains de glace à l’intérieur. « La boîte de transport pèse 10 ou 13 kg, parfois plus », développe le grossiste.
Au prix du vaccin en sortie du laboratoire s’ajoute donc le coût du fret aérien (indexé sur le volume et le poids du colis), qui a explosé ces derniers mois, l’octroi de mer, une taxe spécifique aux territoires d’outre-mer et, bien sûr, les frais de fonctionnement du grossiste et du pharmacien, en bout de chaîne. Le quotidien « Libération » se tromperait-il de cible ? Le véritable problème ne serait-il pas l’absence de remboursement du vaccin ? Selon Frédéric Turlan « les pouvoirs publics sont bien plus frileux à l’idée de rembourser le vaccin », en raison de la faible létalité du chikungunya, complète Frédéric Turlan. Ce dernier croit même savoir que ce vaccin pourrait finalement être distribué via des stocks État. Autre obstacle à l'arrivée d’un vaccin à bas prix, la taille des populations cible. La maladie de l’homme courbé (autre nom du chikungunya) n’étant pas encore présente en métropole (sauf quelques cas importés), le marché est réduit. Reste que le prix élevé de ce vaccin pose un problème pour les Réunionnais, qui sont nombreux à ne pouvoir se l’offrir.
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