Selon une enquête de la FSPF publiée ce midi, près de 9 titulaires sur 10 déclarent avoir été victimes d’au moins une agression au cours des deux dernières années. Un taux, intolérable, qui fait écho aux diverses manifestations de professionnels de santé organisées en France aujourd’hui pour dénoncer les violences faites aux professionnels de santé.
Afin de sensibiliser la population et les pouvoirs publics à ce phénomène inacceptable, une quinzaine d’organisations professionnelles, dont la FPSF, a organisé aujourd’hui des manifestations dans plusieurs villes de France. Des cabinets médicaux sont également restés fermés. Une opération pour tirer la sonnette d’alarme et dénoncer l’insoutenable. Car il ne se passe un jour sans que la presse régionale relaie l’agression d’un professionnel de santé, médecin, kiné, infirmier ou pharmacien ou diverses exactions de clients d’officine, sans compter la zone d’ombre qui recouvre les vols à l’étalage, les insultes au comptoir et différentes incivilités. Les statistiques produites chaque année par l’Ordre des pharmaciens devraient être publiées le mois prochain, mais c’est un fait, la montée des violences envers les professionnels de santé est tangible et les témoignages de pharmaciens et de leurs équipes affluent.
Pour objectiver cette flambée de l’agressivité à l’officine, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a effectué une enquête nationale auprès de ses adhérents. Le résultat est accablant, sur les quelque 1 300 pharmaciens titulaires ayant répondu, 88 % déclarent avoir été agressés au cours des deux dernières années. Des menaces, injures et agressions physiques principalement motivées par un refus ou une impossibilité de dispensation, souligne le syndicat. « Même s'ils restent minoritaires, les vols à main armée sont en hausse. Les vols d’argent, de produits pharmaceutiques ou parapharmaceutiques, ainsi que les dégradations d’officines lors de manifestations font également partie des cas d'agressions relevés au national », poursuit la FSPF qui pointe un phénomène émergent. « Si les trois quarts de ces agressions se produisent pendant les horaires d’ouverture, le nombre d'agressions a doublé en 5 ans pendant les gardes. »
La FSPF, dont la présidente du département des Bouches-du-Rhône, Valérie Ollier-de Lécluse a rencontré le préfet en début d’après-midi, met par ailleurs à disposition sur son site un guide de la sécurité, des affiches et une grille d'évaluation pour sécuriser l'officine. Elle s’appuie sur les travaux du Conseil national de l'ordre des pharmaciens et de la Préfecture de Police de Paris, pour relever les points de vigilance et émettre les recommandations aux officines en fonction de leurs contraintes locales. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), qui ne s’est pas jointe aux manifestations de la journée, a quant à elle publié une affiche pour sensibiliser les patients et a également relayé les recommandations de l’Ordre.

En marge de cette journée d’actions et d’un appel à la fermeture des cabinets, le collectif d'une quinzaine d’organisations représentatives de soignants, dont la FSPF, a appelé à l'adoption rapide d'une proposition de loi durcissant les sanctions contre les agresseurs de soignants, adoptée en mars par l’Assemblée nationale et actuellement au Sénat. « Nous voulons un outil juridique qui permette que la main du juge ne tremble plus quand il doit sanctionner un agresseur de médecin, d'infirmière, de kiné ou de pharmacien », a déclaré à l’AFP le Dr Said Ouichou, médecin généraliste dans les quartiers nord de Marseille et co organisateur de cette journée.
Il réclame que le fait que la victime d'une agression soit un soignant « doit être une circonstance aggravante », comme c'est le cas pour les élus ou les policiers par exemple. Un facteur qu’avait déjà prévu fin 2023 le texte législatif préparé par Agnès Firmin-Le Bodo alors qu’elle était encore ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé.
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