Isolement, difficultés financières, appréhension concernant leur arrivée en métropole… alors qu’aucune faculté de pharmacie n’existe à ce jour en outre-mer, les étudiants issus de ces territoires connaissent de nombreuses difficultés avant de commencer leur carrière.
Devoir quitter sa famille et partir à plusieurs milliers de kilomètres pour suivre ses études, c’est la concession que doivent faire les étudiants d’outre-mer qui souhaitent devenir pharmacien. Si des établissements ultramarins proposent une première année d’étude du parcours d’accès spécifique santé (PASS) et la licence accès santé (LAS), la suite du cursus n’est aujourd’hui proposée qu’en métropole. Pour les étudiants ultramarins, l’obtention du diplôme de pharmacien s’apparente bien souvent à un parcours du combattant. Dans une note, l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) alerte sur les difficultés vécues par ces étudiants et émet plusieurs propositions pour faciliter leur entrée dans la vie active.
Selon les chiffres de l’association étudiante, tirés du Grand Entretien 3.0, 80 % des étudiants venus des territoires ultramarins ont eu besoin d’aide à leur arrivée en métropole. L’arrivée dans un environnement inconnu, à plusieurs heures de vol de la région où ils ont grandi, est souvent difficile à gérer. Ainsi, près de 95 % de ces étudiants « estiment que l’absence de famille sur place est un facteur d’appréhension ». Près de la moitié d’entre eux rencontre également des difficultés pour retourner voir leur famille pendant leur cursus. Sur place, plus de 45 % des jeunes interrogés affirment avoir eu du mal à se loger, un tiers d’entre eux environ a également connu des contraintes pour effectuer les démarches de demande de bourse. Avant d’arriver dans l’Hexagone, les étudiants ultramarins sont par ailleurs plus nombreux à faire le choix d’une prépa privée (25 % de plus qu’en métropole selon l’ANEPF), option qui représente bien sûr un investissement financier conséquent. « À la Réunion, la prépa privée est obligatoire si on souhaite réussir son année. C’est un vrai business avec des prépas à plus de 13 000 euros l’année », témoigne ainsi un étudiant en 3e année de pharmacie originaire de l’île.
Il y a quelques semaines, le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens alertait sur la pénurie de pharmaciens dans les territoires et départements d’outre-mer. En 2023, les DOM comptaient 1 959 pharmaciens (dont environ 75 % d’officinaux). « Les effectifs ne sont pas suffisants et les spécialités sont soit non couvertes, soit fragiles du fait du faible nombre de candidats et du turn-over importants », analysait le Dr Abdelhakim Temmar, pharmacien biologiste en Guadeloupe. Selon l’enquête de l’ANEPF, « une écrasante majorité des étudiants ultramarins en pharmacie (89 %) exprime le souhait de travailler en outre-mer au cours de leur carrière », preuve de leur attachement aux territoires qui les ont vus naître. Pour pouvoir y travailler un jour, il faut néanmoins réussir ses études. Pour diminuer les contraintes qu’ils subissent et éviter de compromettre les chances de réussite de ces étudiants, l’ANEPF formule plusieurs propositions. Parmi elles, « attribuer des bourses dédiées aux étudiants ultramarins indépendamment de leur situation familiale (…) », « Offrir la possibilité à tous les étudiants le souhaitant d'effectuer leur stage sur l'ensemble du territoire français, y compris dans les territoires d'outre-mer », ou encore « créer des tutorats dans toutes les universités proposant une PASS et/ou une LAS, en particulier dans les territoires ultramarins ».
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