Si rien ne change par rapport à la rentrée 2024-2025 (3 413 étudiants qui accèdent à la deuxième année de pharmacie, 293 places vacantes, 480 places ouvertes au concours de l’internat en pharmacie hospitalière et 266 au concours en biologie médicale), la profession verra ses effectifs diminuer de 2,3 % en 2032, à moins de 71 800 pharmaciens inscrits à l’Ordre, pour remonter et dépasser la barre des 74 300 d’ici à 2050 (+3,2 %), prévoit l’Ordre des pharmaciens, d’après ses projections démographiques révélées ce 29 janvier (selon un modèle de microsimulation).
Premier constat : les sections ne rencontreront pas toutes le même succès. À situation constante, alors que les effectifs des sections B (industrie) et H (établissements de santé) devraient s’envoler entre 2022 et 2050 (+20 %), les sections C (distribution en gros), G (biologistes médicaux) et E (Outre-mer) devraient subir une perte nette. À l’officine (sections A et D), les effectifs resteront stables, malgré un léger infléchissement en 2032. Comment alors assurer toutes les nouvelles missions actuelles et à venir avec des effectifs constants ? « Je crois beaucoup à l’intelligence artificielle, qui va nous faire gagner du temps notamment dans l’acte de dispensation (…). Je suis aussi convaincue depuis longtemps que l’on doit repenser l’organisation de l’officine et de la file active de patients », explique Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), qui prend pour exemple le Québec, où les patients prennent rendez-vous pour les actes pharmaceutiques.
Tout se joue sur le nombre de places vacantes en deuxième année
L’intérêt des simulations est de tester différents paramètres, et donc différentes options politiques. Le facteur déterminant est le nombre de places vacantes en deuxième année d’étude de pharmacie. Ainsi, si ce nombre reste à 471 comme à la rentrée 2023-2024 (année record), la profession perd 1 500 inscrits en 2050 (-2 %). Mais si l’ensemble des places en deuxième année est pourvu, la profession gagne 3 700 inscrits (+ 5 %) en 2050. Mieux, si le numerus apertus pour l’entrée en deuxième année augmente de 5 % tous les 5 ans, le nombre de pharmaciens en exercice s’élèverait à 81 000 en 2050 (+10 %). « Fort de ce constat, une vigilance particulière doit être portée sur les réformes d’entrée en étude de santé et l’attractivité de la profession », signale l’Ordre des pharmaciens. L’autre paramètre à prendre en compte est le taux d’évaporation à la fin des études de pharmacie. « Il est aujourd’hui de 20 % », rappelle la présidente de l’Ordre.
Ces chiffres sont toutefois à mettre en perspectives avec les besoins de santé des populations, qui pourraient eux aussi évoluer. Mais ce travail, réalisé dans le cade de la feuille de route « Attractivité », l’Ordre compte bien le partager avec les pouvoirs publics « afin de contribuer aux décisions stratégiques en matière de démographie et d’attractivité ».
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