60 800 euros par an, c’est la rémunération médiane (hors charges TNS) perçue par les titulaires d’officine, exerçant en SEL, en 2023. Interfimo, qui diffuse cette donnée dans son étude (1) parue le 1er avril, pointe une baisse de 3 % par rapport à l’année précédente. « Elle retrouve les niveaux observés en 2019 avant la crise sanitaire. » Sauf que le coût de la vie a considérablement augmenté depuis cette période. La profession a donc, mécaniquement, perdu du pouvoir d’achat. Cette baisse conséquente résulte d’un arbitrage opéré par les titulaires. « Les difficultés de trésorerie rencontrées par un certain nombre de pharmacies imposent aux titulaires une meilleure maîtrise de leurs charges, en commençant par leur rémunération », poursuit Interfimo dans son analyse.
Il s’agit cependant d’une médiane. Observés plus en profondeur, ces chiffres montrent une grande hétérogénéité au sein de la profession. Pour 60 % des titulaires, la rémunération se situe entre 42 000 et 95 000 euros. Une dispersion plus importante qu’en 2019. À l’époque, six pharmaciens titulaires sur dix, percevaient une rémunération entre 40 000 et 88 000 euros. « Les titulaires se rémunérant plus de 90 000 euros net représentaient 20 % en 2019, ils sont près de 25 % en 2023 », relève Interfimo qui conclut « cette augmentation de la dispersion des rémunérations est la conséquence de l’hétérogénéité des situations économiques des pharmacies et des écarts qui se creusent en fonction de la taille des officines ».
L’hétérogénéité des situations a également été pointée le 7 mars par le réseau d’experts-comptables CGP dans l’édition 2025 des statistiques professionnelles de la pharmacie (2). Il constate en effet de grandes disparités en fonction de la typologie de l’officine. En 2024, les titulaires de pharmacies rurales ont ainsi vu leur rémunération évoluer plus vite que celle de leurs confrères des bourgs, des centres-villes et des centres commerciaux. Bien qu’en progression de 4,8 % en 2023, leur rémunération reste cependant la plus faible : 60 400 euros. A contrario, leurs confrères des centres commerciaux ne connaissent qu’une hausse de 0,7 % mais restent les mieux gratifiés avec 73 500 euros en moyenne.
Toujours selon le réseau CGP, la même dispersion se retrouve dans le classement par taille d’officine. Le titulaire d’une officine d’un chiffre d’affaires de 2,5 millions à 4 millions d’euros s’est rémunéré en moyenne 72 100 euros en 2024, soit 2 % de plus qu’en 2023 tandis que le titulaire d’une petite officine (chiffre d’affaires entre 1 et 1, 5 millions d’euros de chiffre d’affaires) ne s’est octroyé qu’une rémunération de gérance nette de 41 100 euros (+ 1,9 % par rapport à 2023). Quant aux propriétaires d’une officine réalisant moins d’un million d’euros de chiffre d’affaires, leur rémunération est en baisse de 0,4 %, à 28 100 euros. « Le poids relatif de l’endettement dans les petites structures ne permet toujours pas de rémunérer correctement le titulaire avec, à peine, la rémunération d’un pharmacien adjoint à 35 heures », soulignent les experts-comptables CGP. Un constat qui sonne comme une alerte. En écho, l’étude Interfimo met en exergue le manque de prise en compte par le marché de la baisse de la rentabilité des officines dans la fixation de leur prix de vente.
(1) Prix de cession des pharmacies en 2024 – Étude 2025. Analyse de 650 rémunérations des titulaires tirées des bilans de 2023 et comparatif avec la rémunération en 2019.
(2) Sur un échantillon de 1 853 officines.
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