Huiles essentielles

Les règles d'or de l'aromathérapie à l'officine

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Publié le 24/04/2017
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D'un côté, les huiles essentielles. De l'autre, les patients. Entre eux, le pharmacien évidemment. Ce n'est pas un hasard si la pharmacie est un canal privilégié pour la distribution des huiles essentielles. Des garde-fous sont indispensables pour garantir leur bon usage et la sécurité des utilisateurs. Le premier d'entre eux est le pharmacien, qui met son art pharmaceutique au service de cette alternative thérapeutique.

Des huiles essentielles (HE) pures et naturelles

En pharmacie, on ne trouve que des huiles essentielles 100 % pures et naturelles, c'est-à-dire obtenues selon un mode d'extraction conforme aux normes en vigueur. On parle d'HE de qualité officinale, dans lesquelles le totum, c'est-à-dire l'ensemble des substances actives présentes dans la plante, est respecté. Cela contribue à préserver les synergies thérapeutiques. La dénomination « naturelle » permet de les différencier des autres huiles distribuées sur le marché, dans d'autres commerces, telles que les huiles modifiées, reconstituées ou déterpénées.

Des HE identifiées

Chaque HE doit être identifiée par son nom latin (genre et espèce), et par son nom français. Cette identité botanique est renforcée par le chémotype, c'est-à-dire le profil chimique détaillé de l'HE défini par chromatographie en phase gazeuse. Une même plante peut fournir des HE de composition très différente, sous l'influence de facteurs environnementaux (altitude, climat, période de récolte). C'est le cas du thym vulgaire (Thymus vulgaris) pour lequel 7 chémotypes ont été décrits : thymol, géraniol, linalol, carvacrol, thujanol-4… Selon le chémotype, les propriétés thérapeutiques et donc l'usage thérapeutique diffèrent. Le romarin à camphre par exemple est utilisé par voie locale uniquement, en rhumatologie ou en traumatologie tandis que le romarin à cinéole est administré par voie interne pour les troubles respiratoires. Enfin, dernier critère d'identification, l'organe de la plante dont est issu l'HE doit être précisé puisqu'il conditionne lui aussi la composition.

Des HE normées et labellisées

De la culture des plantes à l'extraction de leurs essences, la production des HE est encadrée par des normes (AFNOR, ISO). Un gage de qualité et de sécurité dont il serait impensable de s'affranchir. En plus de ces normes officielles, certains laboratoires ont choisi de développer des labels officieux comme HEBDD (huile essentielle biologiquement et biochimiquement définie) et HECT (huile essentielle chémotypée). Quant au label Bio, il indique que les HE sont produites à partir de plantes issues de l'agriculture biologique. Il est matérialisé par l'eurofeuille pour le label Bio européen (12 étoiles formant une feuille sur fond vert) ou la marque AB (logo français).

Savoir comment utiliser l'HE

Voie orale (sublinguale ou classique), voie cutanée, voie respiratoire ou nasale ? Les HE peuvent être administrées de différentes manières pour garantir leur efficacité mais aussi leur sécurité. Certaines HE sont contre-indiquées sur la peau. Le mode d'utilisation est également important, notamment la dilution dans une huile neutre. Enfin, la dose à utiliser est une donnée essentielle qui doit toujours être mentionnée soit en mg soit en nombre de gouttes.

Sensibiliser sur les précautions d'emploi

Les HE ont beau être des produits naturels, elles n'en sont pas moins toxiques. Irritantes (HE à aldéhydes), neurotoxiques (HE à cétones), photosensibilisantes (bergamote) ou caustiques (HE à phénols), les HE ne conviennent pas à tout le monde. Les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants et les sujets épileptiques ou allergiques, constituent des populations à risque.

Détecter une utilisation inappropriée

Avant de conseiller une HE, il faut avoir connaissance du dossier médical du client. L'HE de girofle par exemple est déconseillée avec les anticoagulants. De même, certaines HE sont contre-indiquées entre elles en raison d'un risque de majoration des effets secondaires. Le passage à l'officine et l'accompagnement par le pharmacien permettent d'évaluer la gravité des symptômes et de détecter un événement pathologique imposant une consultation médicale. Enfin, la pharmacie reste le meilleur rempart contre la falsification ou la contrefaçon d'HE.

David Paitraud

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3345