La prise en charge thérapeutique répond à deux objectifs : l’amélioration du confort et de la qualité de vie du patient et la prévention des complications. Le choix du traitement est fonction de la symptomatologie du patient, de ses attentes mais aussi des effets secondaires qu’il souhaite éviter (notamment en ce qui concerne les effets indésirables d’ordre sexuel).Les traitements de première intentionLes extraits végétauxDeux traitements phytothérapeutiques peuvent être utilisés dans l’HBP non compliquée, à savoir l’extrait de Serenoa repens (ou Palmier de Floride) et l’extrait de Pygeum africanum. Il est recommandé d’effectuer des cures de 6 à 8 semaines, à renouveler si besoin. Ces traitements ont peu d’effets indésirables et n’occasionnent en particulier aucun trouble sexuel.Les alpha-1-bloquantsIl en existe plusieurs : l’alfuzosine, la doxazosine, la silodosine, la tamsulosine et la térazosine. Ces médicaments agissent par blocage des récepteurs alpha-1 avec un effet préférentiel sur ceux situés au niveau du trigone vésical, de l’urètre et de la prostate. Ils permettent ainsi une relaxation du col vésical et des fibres musculaires lisses intraprostatiques et améliorent donc les symptômes urinaires mais sont sans effet sur la taille de la prostate. Leur intérêt principal vient du fait qu’ils sont efficaces très rapidement : en 48 heures seulement. L’alfuzosine peut d’ailleurs également être utilisée comme traitement adjuvant au sondage vésical dans la rétention aiguë d’urines.Ils sont par contre fréquemment responsables d’étourdissements et d’éjaculation rétrograde, et plus rarement d’hypotension orthostatique. Ils doivent être prescrits avec précaution chez les patients âgés, coronariens ou sous traitement antihypertenseur. Ces traitements doivent être pris à heure fixe avec un verre d’eau. Enfin, en raison du risque d’étourdissements ou d’hypotension, mieux vaut recommander au patient de ne pas se lever brutalement, voire de s’allonger si ces symptômes apparaissent.Les traitements de seconde intentionLes inhibiteurs de la 5-alpha-réductaseLe dutastéride et le finastéride agissent en inhibant la conversion par la 5-alpha-réductase de la testostérone en dihydrotestostérone, androgène impliqué dans la croissance prostatique. À la différence des alpha-1-bloquants, ils permettent une diminution du volume de la prostate de 20 à 30 % mais sont efficaces moins rapidement puisqu’il faudra attendre 6 mois pour observer cet effet ainsi qu’une amélioration des symptômes urinaires et une réduction du risque de survenue de rétention aiguë d’urines. Ils sont à privilégier chez les patients présentant une prostate supérieure à 40 g. De plus, ces molécules ont pour conséquence de diviser par 2 le taux de PSA. Une élévation de ce taux sous traitement peut donc témoigner soit d’un défaut d’observance, soit d’une tumeur maligne. Le traitement est à prendre à heure fixe, avec ou sans nourriture.Enfin, les inhibiteurs de la 5-alpha-réductase sont responsables de troubles de la fonction sexuelle (réversibles à l’arrêt du traitement) dans 5 à 10 % des cas, qui peuvent se traduire par une impuissance, une diminution de la libido et une gynécomastie.Les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (IPDE5)Le tadalafil dosé à 5 mg, déjà indiqué dans le traitement de la dysfonction érectile, a obtenu une AMM dans le traitement des symptômes de l’HBP en prise quotidienne. Cette molécule est donc particulièrement intéressante chez les hommes souffrants également de troubles sexuels. Son action vient de l’inhibition de la phosphodiestérase de type 5 qui est à l’origine d’une augmentation du GMPc (Guanosine MonoPhosphate cyclique) dans les corps caverneux. Cet effet s’observe également dans les muscles lisses de la prostate et de la vessie ainsi que sur leur vascularisation. L’augmentation de la perfusion sanguine qui en résulte ainsi qu’une inhibition de l’activité nerveuse afférente de la vessie pourraient expliquer la réduction des symptômes de l’HBP. Ce traitement doit être pris approximativement au même moment de la journée, avec ou sans nourriture.Le tadalafil est fréquemment responsable de céphalées. De plus, il est contre-indiqué en cas de pathologies cardiovasculaires comme un infarctus du myocarde ou un AVC récent, un angor instable, des troubles du rythme non contrôlés, une hypo- ou une hypertension artérielle non contrôlée. Il est également interdit en cas de prise concomitante de dérivés nitrés puisqu’il peut potentialiser leur effet hypotenseur. Par contre, les patients tolérant mal ce principe actif doivent envisager de prendre un autre traitement. En effet, l’efficacité de 2,5 mg de tadalafil dans l’HBP n’a pas été démontrée.Les associations thérapeutiquesEn cas d’inefficacité d’un médicament seul, le médecin peut proposer une bithérapie au patient en associant un alpha-bloquant et un inhibiteur de la 5-alpha-réductase. Attention cependant, les effets secondaires des différentes classes thérapeutiques se cumulent les uns aux autres.
Quelles classes thérapeutiques sont utilisées dans l’HBP ?
Publié le 19/10/2021
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Source : lequotidiendupharmacien.fr
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