Maladie d’Alzheimer

Prise en charge du lécanémab : la HAS dit non

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Publié le 12/11/2025

Crédit photo : DR

Nouveau rebondissement dans le parcours du Leqembi, le traitement de la maladie d’Alzheimer. La Haute Autorité de santé (HAS) s’est prononcée contre son remboursement. Les associations de patients et plusieurs sociétés savantes ont fait savoir leur déception.


« Onde de choc » dans la communauté d’Alzheimer : le Leqembi (lécanémab) ne sera pas remboursé. La Haute Autorité de santé (HAS) s’est prononcée le 7 novembre contre la prise en charge par la solidarité nationale de ce traitement, soulignant un service médical rendu (SMR) insuffisant, un profil de tolérance imposant des mesures de précaution strictes et, fait nouveau, une « modification radicale du parcours de soins et de l’organisation des soins » nécessaire pour l’administration du traitement, dont la mise en place s’avère « problématique dans l’organisation sanitaire actuelle ». Si ce verdict n’est pas une surprise, c’est une nouvelle déconvenue pour les associations de patients et les sociétés savantes. La Fondation Vaincre Alzheimer fustige une décision qui « freine l’accès à un traitement innovant » montrant pourtant des résultats encourageants. Celle-ci rapporte ainsi que, selon une étude de l’Institut du cerveau, à 18 mois de traitement 68 % des patients aurait stabilisé leur maladie et que des symptômes liés à cette dernière n’auraient été relevés que chez 1,6 % et des symptômes graves chez 0,6 % des patients. Par ailleurs, « ce refus de remboursement interroge la confiance accordée à la recherche et l’innovation », déplore la Fondation Vaincre Alzheimer.

Très controversé, le parcours de cet anticorps monoclonal ciblant les dépôts de plaques de protéines amyloïdes bêta a été accidenté. D’abord retoqué par l’Agence européenne du médicament en juillet 2024, le Leqembi a finalement reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) quatre mois plus tard, mais ciblant une population restreinte, moins à risque d’effets secondaires graves. Par la suite, la HAS lui a refusé la procédure d’accès précoce début septembre 2025, avançant une « efficacité modeste associée à un profil de tolérance préoccupant ». Une décision regrettée par la Fédération des centres mémoire (FCM) et la Société francophone de psychogériatrie et psychiatrie de la personne âgée (SF3PA), qui estime qu’un ralentissement, même modeste, du déclin cognitif et fonctionnel demeure un espoir non négligeable pour les patients. À l’inverse, dès 2022, c’était la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) qui jugeait la balance bénéfice/risque du lécanémab défavorable.

L’AMM du Leqembi (Biogen/Eisai) autorise son utilisation pour traiter les formes précoces de la maladie d’Alzheimer, mais uniquement pour les patients n’ayant qu’une ou aucune copie du gène ApoE4. Cette population présentant un risque d’hémorragie cérébrale de 12,9 %, contre 16,9 % dans la population plus large. Il se présente sous forme d’une perfusion à administrer en intraveineuse toutes les deux semaines, pour un coût annuel de 26 500 dollars aux États-Unis.


Source : lequotidiendupharmacien.fr