MNU (médicaments non utilisés) et Cyclamed
Si la crise sanitaire a bousculé momentanément les habitudes (les patients étant alors incités à ne pas se rendre en pharmacie dans le seul but de ramener leurs MNU pour ne pas prendre de risques et ne pas surcharger les professionnels de santé), la routine semble avoir repris son cours. Les patients répondent en effet à nouveau présent en rapportant leurs médicaments périmés à la pharmacie, et qui plus est, de façon plus qualitative puisqu’ils séparent de plus en plus les médicaments des emballages et des notices. En effet, selon l’étude BVA 2021, réalisée auprès de 2 500 personnes, neuf Français sur dix déclarent déposer leurs MNU chez le pharmacien, et la « protection de l’environnement » est la motivation qui progresse le plus, avec 38 % des personnes versus 31 % en 2020.
Rapporter ses médicaments permet non seulement d’éviter les pollutions des nappes phréatiques, des rivières ou des sols (quand ils sont jetés dans la cuvette des toilettes ou dans l’évier…) et donc de protéger l’environnement mais aussi de les valoriser. Ils sont en effet envoyés dans des unités de valorisation énergétique (une cinquantaine en France) qui sont des prestataires de Cyclamed. Les MNU sont incinérés pour produire de l’énergie sous forme de vapeur et d’électricité, afin d’éclairer et de chauffer des logements ou établissements publics.
Cyclamed communique sur cette valorisation par des affichages dynamiques (notamment dans les salles d’attente des cabinets médicaux des zones urbaines, là où les résultats sont plus disparates) : sa dernière publicité montre une ampoule (médicamenteuse) produire de la lumière ! Pour exemple, toute l’énergie produite par tous les MNU brûlés pourrait alimenter en électricité une ville de plusieurs milliers d’habitants pendant un an.
Un argument de plus à utiliser par les pharmaciens pour finir de convaincre les réticents ou ceux qui ne prennent pas le temps. Car ils ont du poids ! En effet, Laurent Wilmouth, directeur général de Cyclamed, souligne un bel accompagnement des pharmacies sur le sujet des MNU puisque, depuis 2020, c’est le pharmacien, et non plus la télévision, qui est devenue le premier vecteur d’informations sur ce sujet (selon la dernière enquête BVA).
DASRI (déchets d’activité de soins à risque infectieux) et DASTRI
L’éco-organisme DASTRI, quant à lui, de par son activité, est à la croisée de deux stratégies : il doit à la fois répondre à une problématique de santé publique (le risque sanitaire des déchets d’activité de soins à risque infectieux) et à une problématique environnementale.
De l’élimination…
L'année 2021 aura été une année « hors norme » en matière de collecte et de traitement des déchets d'activités de soins à risque infectieux, comme le confirment les chiffres transmis par DASTRI suite à son dernier rapport d'activité.
Si la forte hausse des volumes (60 %) s’explique par la prise en charge des déchets issus de la vaccination et du dépistage du Covid-19, il n’en reste pas moins que les déchets des patients en autotraitement ont augmenté aussi d’environ 10 %.
Le taux de collecte concernant les DASRI des patients (tonnage récupéré des pharmacies/tonnage des DM vendus par les entreprises) est stable par rapport à 2020 (82 %) mais toujours au-dessus de l’objectif « 80 % » fixé par le cahier des charges, avec des disparités régionales.
...au recyclage...
Les patients se préoccupent de plus en plus de l’impact environnemental de leurs produits de soins. Et un pas important a été franchi cette année qui répond à cette attente. En effet, depuis le 1er janvier 2022, DASTRI prend en charge les déchets issus des équipements électroniques ou électriques associés à un dispositif perforant, à savoir les pompes à insuline patchs Omnipod d’Insulet et les capteurs de glucose en continu Dexcom G6 (applicateurs et transmetteurs). Ils font l’objet d’une collecte spécifique dans des contenants adaptés (boîtes violettes). Aujourd’hui 7 500 pharmacies participent déjà à ce circuit dédié de collecte. Et contrairement aux DASRI conventionnels dont l’élimination est imposée par la réglementation, ces déchets pourront être recyclés : « Un nouveau site de séparation et recyclage est en cours d’implantation en Bourgogne Franche-Comté et devrait être opérationnel début 2023 », souligne Laurence Bouret, directrice générale DASTRI.
À noter : les capteurs Freestyle, du Laboratoire Abbott, sont quant à eux recyclés via un autre circuit organisé par le laboratoire. Le patient renvoie ses capteurs usagés dans une enveloppe fournie par Abbott vers une usine chargée du recyclage des composants métalliques qu’ils contiennent. Les applicateurs, quant à eux, sont à déposer dans la boîte jaune pour suivre la filière DASRI conventionnelle.
...et à l’optimisation
Les projets de la filière DASTRI ne manquent pas pour s’inscrire encore plus dans l’économie circulaire : injecter de plus en plus de plastique recyclé dans les boîtes (qui en contiennent 20 % aujourd’hui), optimiser les tournées de collecte, repenser les boîtes à aiguilles utilisées pour trier les DASRI conventionnels : « Si la réglementation évolue vers la réutilisation de sa boîte par le patient, nous pourrons limiter la quantité de plastique d’origine fossile à incinérer, diminuer l’emprise au sol dans les pharmacies, et optimiser la logistique de collecte », explique Laurence Bouret.
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