Mécanismes d’action

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Publié le 24/05/2018
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La cible thérapeutique étant exclusivement la cellule infectée (en effet, les particules virales ne disposent d’aucun organite, système de synthèse macromoléculaire ou source d’énergie permettant leur multiplication autonome), la chimiothérapie antivirale s’apparente à la chimiothérapie anticancéreuse et se distingue nettement de l’antibiothérapie où la cible spécifique, même intracellulaire, est un micro-organisme procaryote. En termes de diversité des cibles virales, c’est la réplication du génome viral qui a été jusqu’à présent principalement visé, même si d’autres voies d’approches ciblant les étapes précoces ou tardives du cycle viral se sont montrées également très efficaces.

Les mécanismes mis à profit sont très divers. Les principaux sont les suivants (antiviraux utilisés dans les infections chroniques) :

- Inhibiteurs d’entrée :

Fixation sur un corécepteur cellulaire : maraviroc (virus cible : VIH-1)

Fusion de l’enveloppe avec la membrane cellulaire : enfuvirtide (VIH-1)

- Inhibiteurs de réplication :

• Réplication du génome : aciclovir, penciclovir (HSV-1, HSV-2, VZV)

Ganciclovir (CMV, HHV-6, HSV-1, HSV-2, VZV Brivudine (HSV-1, VZV)

Trifluridine, idoxuridine (HSV-1, HSV-2, VZV)

Lamivudine (VHB, VIH-1, VIH-2)

Entécavir (VHB)

Telbivudine (VHB)

Zidovudine, didanosine, zalcitabine, emtricitabine (VIH-1, VIH-2)

Efavirenz, étravirine, névirapine (VIH-1)

Cidofovir (HSV-1, HSV-2, VZV, papillomavirus)

Adéfovir (HSV-1, HSV-2, VHB, VIH-1)

Ténofovir (VHB, VIH-1, VIH-2) ; le ténofovir alafénamide est une nouvelle prodrogue du ténofovir développée pour limiter la toxicité rénale et osseuse observée avec le ténofovir disoproxil fumarate. Le cobicistat est un inhibiteur sélectif de la sous-famille du CYP3A des cytochromes P450 augmentant l'exposition systémique aux substrats du CYP3 comme l’elvitégravir, l’emtricitabine et le ténovir.

Foscarnet (HSV-1, HSV-2, VZV, VIH-1, VIH-2, VHB)

Ribavirine (VHC, VHE)

Sofosbuvir, dasabuvir, daclatasvir, lédipasvir, elbasvir, samastasvir (VHC)

• Intégration du génome : raltégravir, elvitégravir, dolutégravir (VIH-1, VIH-2)

• Clivage de précurseurs polyprotéiques : Bocépravir (VHC)

Télapravir (VHC)

Siméprévir (VHC)

Amprénavir, fosamprénavir, indinavir, ritonavir – utilisé comme « booster » plasmatique par inhibition du CYP3A4 et de P-gp (VIH-1, VIH-2).

- Les nouveaux antiviraux directs anti-VHC :

• Inhibiteurs de la polymérase NS5B (« buvir ») : sofosbuvir, dasabuvir, pibrentasvir (nouveau).

• Inhibiteurs de la protéase NS3/4A (« prévir ») : siméprévir, paritaprévir, asunaprévir, grazoprévir, glécaprévir (nouveau).

• Inhibiteurs du complexe de réplication NS5A (« asvir ») : daclatasvir, lédipasvir, velpatasvir (nouveau).

Il n’existe pas de résistances croisées entre ces différentes classes.

Indiquons au passage que certaines stratégies thérapeutiques associent des antiviraux à des effecteurs de la réponse immune : anticorps, interférons…


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3438