Après 26 ans passés à la tête de la pharmacie de Puycasquier, Frank Debant a baissé le rideau un vendredi de janvier. Une décision prise 18 mois plus tôt, au moment du départ de l’un des deux médecins de ce village d’un peu plus de 400 habitants. « Mon chiffre d’affaires en a pris un coup, explique-t-il. Je travaillais tout seul depuis déjà longtemps, c’était devenu trop lourd à porter ». Le pharmacien a prévenu au plus tôt le maire de la commune, Louis Turchi. L’édile s’est employé à sauver l’officine, en vain. « L’ensemble du conseil municipal s’est mobilisé. Nous avons publié des annonces dans la presse, nous avons même regardé à l’étranger. Le titulaire était prêt à la céder pour un euro symbolique mais aucun candidat ne s’est manifesté. » Loin de se laisser abattre, le maire décide de changer son fusil d’épaule et se met en tête d’ouvrir une antenne de pharmacie. Une idée suggérée par l’officinal qui a ouvert la pharmacie de Puycasquier il y a 35 ans avant d’en céder la licence à Frank Debant quelques années plus tard. Le fondateur de l’officine, aujourd’hui titulaire à Auch, à une vingtaine de kilomètres, réside toujours au village et accepte que son établissement actuel devienne la pharmacie-mère de l’antenne. Le maire s’est ensuite employé pour faire avancer le dossier.
Il y avait trois projets d’antennes de pharmacie dans la région Occitanie et c’est le nôtre qui a été retenu par l’ARS.
Louis Turchi, maire de Puycasquier
« Je suis allé jusqu’à Paris, j’ai sollicité des parlementaires… Il y avait trois projets d’antennes de pharmacie dans la région Occitanie et c’est le nôtre qui a été retenu par l’ARS. Notre acharnement a payé. Maintenant, le dossier est parti au ministère et on attend la signature, raconte Louis Turchi. Nous avons une population âgée avec au moins 30 % des habitants qui ont plus de 60 ans. Aucun transport en commun ne passe au village », ajoute le maire, qui rappelle que le maintien d’un accès de proximité à des médicaments est indispensable pour ses administrés et ceux des villages alentour.
L’ex-titulaire à la rescousse
Après avoir rendu les clefs de sa pharmacie, Frank Debant, de son côté, avait décidé d’effectuer des remplacements dans des officines du département. « Le pharmacien d’Auch ne trouvait personne pour venir s’occuper de l’antenne donc j’ai accepté de m’en charger. Habitant moi-même au village, je ne me voyais pas refuser même si ce n’était pas ce que j’avais prévu au départ », concède-t-il. Si l’antenne obtient l’autorisation d’ouvrir, Frank Debant y sera présent tous les matins. Abandonner le statut du titulaire pour celui de salarié d’une autre pharmacie ne lui fait pas peur. « Je connais très bien la patientèle, les habitudes de prescription des médecins… Cela va me faire bizarre d’avoir un patron pour la première fois depuis 26 ans mais je sais que je pourrais travailler avec une certaine liberté », s’amuse-t-il. N’ouvrir qu’en matinée et être déchargé de certaines tâches administratives ou de la gestion des stocks lui permettra de continuer à exercer dans son village tout en soufflant un peu. Une grande partie du matériel de la pharmacie ayant été conservée après la fermeture, les investissements à faire pour que l’antenne soit opérationnelle seront minimes. Reste donc à attendre l’aval définitif de l’ARS et la publication par le ministère d’un arrêté autorisant l’ouverture de l’antenne. Dans le meilleur des cas, cette dernière ne pourra être opérationnelle avant quelques mois. « Il faudra voir ensuite si elle peut être viable financièrement, explique Frank Debant. Après quelques mois sans pharmacie, des patients du village auront peut-être pris d’autres habitudes. En tout cas, nous sommes prêts à y aller et si on doit se casser la figure tant pis. Au moins nous aurons essayé. »
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