Parmi les quelque 1 400 amendements déposés au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, un se distingue particulièrement celui du député Cyrille Isaac-Sibille qui, pour la deuxième année consécutive, veut interdire les groupements de pharmacie, cette fois au nom de la lutte contre la financiarisation.
Le député du Rhône Cyrille Isaac-Sibille (Les Démocrates), par ailleurs médecin de son état, persiste et signe : il a déposé le 20 octobre un amendement au PLFSS pour 2026 visant à « interdire les groupements ou sociétés exerçant une activité en lien direct ou indirect avec l’exploitation d’une ou plusieurs pharmacies d’officine lorsque la majorité du capital social et des droits de vote dans les organes délibérants n’appartient pas à des pharmaciens d’officine en exercice. » Le député avait déjà déposé un amendement similaire l’an passé, mais plus radical, visant « l’interdiction de tout groupement, société coopérative ou réseau constitué entre officines ».
Par ce nouvel amendement, le député Cyrille Isaac-Sibille veut « garantir l’indépendance économique et professionnelle des pharmaciens », note-t-il dans l’exposé des motifs. Il ajoute : « Actuellement les groupements pharmaceutiques ne sont soumis à aucune régulation claire. Cette absence de régulation a ouvert la porte à la financiarisation du secteur, avec l’entrée de fonds de pension au capital de plusieurs groupements. Ces structures, désormais orientées vers une logique purement financière, ne répondent plus aux besoins réels des officines ou du service public de santé. »
L’amendement au PLFSS pour 2026 n’est pas encore jugé recevable par l’Assemblée nationale que les groupements montent déjà au créneau. « C’est scandaleux et insensé ! », lance Alain Grollaud, président de Federgy, qui ajoute : « Encore une fois, on mélange le capital des sociétés de groupement et le capital des pharmacies. Or le code de la Santé publique n’autorise pas l’entrée d’une tierce personne au capital des officines. On mélange tout ! On agite l’épouvantail de la financiarisation pour faire peur. »
« L’amendement n’a aucune chance de passer, complète Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO). D’abord parce que ce député n’est pas soutenu, ensuite parce que cet amendement va à l’encontre du droit commercial de base. Il ne résistera jamais ni au Conseil d’État, et a fortiori à la Cour de justice européenne. » Selon Laurent Filoche, « au moins un quart des groupements sont concernés en nombre et 50 % en nombre d’adhérents ».
Ce texte montre que les groupements sont dans le viseur. Pourtant, « s’il n’y avait pas les groupements, je pense que 3 000 à 4 000 pharmacies auraient disparu, explique Alain Grollaud. Comment voulez-vous qu’un pharmacien puisse à la fois acheter, gérer son officine, faire du merchandising, de la prévention, vacciner, faire de la dispensation… s’il n’a pas de partenaires ? Les groupements sont devenus des partenaires indispensables. Le problème, aujourd’hui, c’est que les groupements ont besoin d’une marge pour fonctionner. Ce qui irrite certains politiques ou certains fonctionnaires, c’est : pourquoi donner de la rémunération dans le cadre des génériques ? Les groupements ont pourtant ici leur rôle à jouer. » Alors, à quoi bon cet amendement : « Vengeance 1 an après ? », « Incompétence ? », « Compromission ? », s’interroge Federgy.
L’an passé, l’amendement anti-groupement n’avait pas été jugé recevable par l’Assemblée nationale et était tombé avant même les premières discussions au PLFSS pour 2025.
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