Les mots du patient
- « Est-il vrai qu’il existe des médicaments pour empêcher d’attraper le Sida ? »
- « Le médecin m’a parlé d’un comprimé à prendre tous les jours pour être protégé… »
- « Qu’appelle-t-on prophylaxie pré-exposition ? »
- « Peut-on bloquer l’infection par le VIH par une injection de médicament ? »
- « Quelle différence entre une prévention avant et après le rapport sexuel ? »
Les points clés
- La PrEP (pre-exposition prophylaxis) est une stratégie de prévention de l’infection par le VIH constituant un outil prophylactique parmi d’autres.
- Elle repose sur l’usage préventif de médicaments antirétroviraux : en France, il s’agit actuellement de la prise orale de ténofovir disoproxyl (TDF 245 mg) associé à l’emtricitabine (FTC 200 mg) ou de l’injection de cabotégravir (CAB).
- Le recours à l’association TDF/FTC repose soit sur un schéma d’administration continu, à raison d’un comprimé quotidien après une prise de charge de deux comprimés, soit sur un schéma discontinu, dit aussi « à la demande », que conditionne l’anticipation de rapports sexuels à risque.
- L’administration SC d’une suspension LP de cabotégravir (CAB-LP) constitue une alternative à la PrEP orale, sauf en cas de contre-indication à celle-ci ou d’impossibilité à y recourir.
- Le recours à une PrEP impose son observance stricte par le patient, ainsi qu’un suivi régulier, clinique, biologique et sérologique.
Une stratégie de prévention
La PrEP (Pre-Exposure Prophylaxis = prophylaxie pré-exposition) est une stratégie de prévention de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Mise en œuvre avant une éventuelle exposition contaminante au virus, elle vise à empêcher sa liaison à ses récepteurs et donc sa réplication ultérieure dans l’organisme, ce qui permet à la personne traitée de rester séronégative.
La PrEP s’intègre à une palette d’outils utilisés seuls ou associés dans le cadre général d’une politique prophylactique diversifiée contre l’infection par le VIH, laquelle inclut notamment :
- L’usage de préservatifs internes et externes (la PrEP ne protège pas des autres infections sexuellement transmissibles = IST) et de gel lubrifiant ;
- Le dépistage du VIH (dépistage classique, test rapide d’orientation diagnostique = TROD, autotest) et d’autres IST ;
- L’utilisation de matériel à usage unique lors de la consommation de drogues, qu’il s’agisse d’injections, de sniffs, de chemsex (consommation de drogues avalées, fumées ou sniffées dans un contexte sexuel), de slam (chemsex avec des drogues injectées) ;
- La connaissance de la sérologie du/des partenaire(s) ;
- Le recours au Traitement post-exposition (TPE) en cas d’urgence (pris au plus tard dans les 48 heures après un risque de transmission puis tous les jours durant un mois) ;
- Le recours au traitement antirétroviral comme outil de prévention (Treatment as Prevention = TasP) puisqu’une personne VIH + ayant une charge virale indétectable depuis 6 mois sous traitement efficace et qui est observante de ce traitement et du suivi médical ne transmet plus le virus, même lors de rapports non protégés.
La Haute Autorité de santé (HAS) a actualisé successivement des recommandations sur la PrEP : « La prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH par Truvada » (2019), « Traitement préventif pré-exposition de l’infection par le VIH » (argumentaire de juillet 2024 et fiche pratique de février 2025).
Quelles indications à la PrEP ?
La PrEP s’adresse, sauf contre-indications, aux personnes exposées à un risque majoré d’acquisition du VIH dans un contexte strictement individualisé. Elle concerne donc notamment :
- Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) ou les personnes transgenres ayant plusieurs partenaires et rapportant des situations d’exposition au VIH présentes, passées ou futures ;
- Les femmes et les hommes hétérosexuels présentant : un contexte de forte prévalence ou de forte exposition au VIH (ex : personne ou partenaire(s) originaires de pays à forte endémie, partenaires multiples et/ou partenaires concomitants, travailleurs/euses du sexe) ou un contexte relationnel de forte exposition au VIH (ex : partenaires de statut VIH inconnu ou perçu comme à risque d’acquisition du VIH, partenaire vivant avec le VIH avec une charge virale détectable ou dont la quantification de la charge virale est inconnue, femmes évoquant une exposition possible au VIH ou à des violences sexuelles, y compris enceintes ou allaitantes, réticences du ou des partenaires à l’utilisation d’autres moyens de protection, chemsex) ;
- Des situations individuelles telles une non-utilisation du préservatif lors de rapports vaginaux ou anaux, des marqueurs évoquant une exposition (autres IST, IVG…), etc. ;
- L’usage de drogues avec échange de matériel d’injection (partenaires sexuels ou d’injection de statut VIH inconnu ou perçus comme à risque d’infection par le VIH ou vivants avec le virus, pratique du slam, etc.).
Dans tous les cas, la décision d’initier, ou non, une PrEP sera prise sur accord entre la personne concernée et le médecin. Cette décision ne peut être proposée à un sujet VIH + ou en cas de suspicion de primo-infection par le virus.
Il faudra, à l’occasion de l’entretien, souligner que la PrEP, pas plus que le TPE, ne protège contre les infections sexuellement transmissibles (IST) autres que le VIH. Elle ne prévient pas plus les grossesses non désirées, contrairement à des affirmations qui circulent parfois sur les réseaux sociaux. S’associant donc nécessairement à un suivi individualisé en santé sexuelle : vaccinations, dépistage régulier et traitement des IST, contraception, test de grossesse, etc., elle repose sur deux stratégies pharmacologiques, l’une, la référence actuelle, par voie orale, l’autre par voie parentérale.
Un standard : l’association emtricitabine/ténofovir
La PrEP recommandée en première intention associe, sous forme orale fixe, deux antirétroviraux : l’emtricitabine (FTC, 200 mg) et le ténofovir disoproxyl fumarate (TDF, 245 mg). Initialement commercialisé sous la marque Truvada, ce médicament est désormais génériqué (Descovy, associant FTC et ténofovir alafénamide = TAF, n’est quant à lui plus commercialisé en France depuis 2023). Associé à des pratiques sexuelles à moindre risque, il bénéficie d’une AMM dans la PrEP pour réduire le risque d'infection par le VIH-1 par voie sexuelle, chez les adultes et les adolescents à haut risque de contamination.
Prescription
La prescription, initialement réservée aux médecins hospitaliers ou exerçant en Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) des infections par le VIH, les hépatites virales et les IST, est autorisée depuis 2021 à tout médecin afin de faciliter l’accès de la PrEP à tous les patients. Ce traitement préventif est remboursé à 100 % au patient de 15 ans et plus.
Bilan initial
Le bilan préliminaire vérifie qu’il n’y a pas déjà contamination par le VIH ou par d’autres IST. Il permet de définir le statut vis-à-vis des hépatites virales (avec éventuel intérêt à réaliser une vaccination anti-VHB ou anti-VHA), de s’assurer de l’absence d’insuffisance rénale, de la qualité de la fonction hépatique et de l’absence de grossesse. Ce bilan englobe donc : sérologie VIH, évaluation du débit de filtration glomérulaire et dosage des ALAT.
S’y ajoutent selon besoin diverses sérologies (VHB, VHC, VHA, syphilis, gonocoques, Chlamydia, ß-HCG si absence de contraception).
Les TROD ne sont pas adaptés à l’évaluation de l’éligibilité à la PrEP ni au suivi d’une personne sous PrEP du fait de leur valeur prédictive négative insuffisante en début d’infection. Tout doute sur une éventuelle primo-infection par le VIH implique de quantifier la charge virale.
La PrEP par TDF/FTC n’est pas recommandée en cas d’insuffisance rénale sévère (RCP du médicament : ClCr < 30 ml/min). Elle est contre-indiquée si le débit de filtration glomérulaire est < 50 ml/min/1,73 m² (Recommandation HAS 2025). Dans cette situation, une PrEP par CAB-LP pourra être proposée (cf. plus bas).
Administration
La PrEP par TDF/FTC peut être mise en œuvre selon l’un ou l’autre des deux schémas suivants :
- Schéma continu (AMM en France) : il est initié avec une dose de charge de 2 comprimés (première prise) puis est poursuivi à raison d’un comprimé par jour. Un délai de sept jours de prise continue est recommandé avant le premier rapport sexuel pour que la PrEP soit efficace. Toutefois, la dose de charge est efficace 2 heures après la prise chez l’homme cisgenre et le sujet transgenre ayant des rapports anaux. Il faut cependant attendre 7 jours chez la femme cisgenre et le sujet transgenre ayant des rapports vaginaux réceptifs car ce délai est en effet lié à la nature des tissus : la protection de la muqueuse vaginale requiert plus de temps que celle de la muqueuse rectale.
- Schéma discontinu, « à la demande » ou « 2-1-1 » (approuvé par l’OMS) : envisagé uniquement chez l’homme cisgenre ou les personnes transgenres ayant exclusivement des relations anales (rappelons que l’efficacité antivirale est bien plus lente à s’instaurer dans la muqueuse vaginale), ce schéma repose sur l’administration de 2 comprimés en une prise entre 2 et 24 heures avant l’exposition potentielle (effet protecteur en 2 heures au niveau de la muqueuse anale), puis d’un comprimé 24 (+/- 2) heures après la première prise, puis d’un autre comprimé encore 24 (+/- 2) heures après ce dernier. Si les rapports sont répétés, ce traitement est poursuivi à raison d’un comprimé pris à peu près à la même heure chaque jour, ce jusqu’à deux jours après le dernier des rapports devant être protégés.
Le schéma discontinu est envisagé uniquement chez l’homme cisgenre ou les personnes transgenres ayant exclusivement des relations anales
Il est ainsi possible de passer du schéma d’administration discontinu au schéma continu, sous réserve d’assurer une prise durant les deux jours suivant le dernier rapport à protéger. Un sujet porteur chronique du VHB n’est pas éligible au schéma discontinu car il expose à un risque de sélection rapide d’une souche virale résistante à ces antiviraux avec effet rebond ou réactivation du virus. Ce schéma n’est pas recommandé, faute de preuve d’efficacité, chez une personne ayant des rapports vaginaux réceptifs.
La meilleure stratégie chez un sujet éligible aux deux schémas de PrEP est celle qui permet de ne pas oublier de prise et qui convient le mieux à sa vie sexuelle.
La meilleure stratégie de schéma de PrEP est celle qui permet de ne pas oublier de prise
Modalités de suivi
Un mois après initiation de la PrEP, le médecin s’assure de la tolérance clinique et biologique du traitement (évaluation du débit de filtration glomérulaire, dosage des ALAT, etc.), de la bonne compréhension du schéma d’administration, de la sérologie VIH (une séroconversion a pu échapper au bilan initial si le hasard veut que prélèvement ait été réalisé durant la « fenêtre » sérologique).
Le suivi est ensuite organisé tous les trois à six mois, toujours afin d’évaluer la tolérance (rénale, hépatique, etc.) et l’efficacité de la PrEP, de rechercher des symptômes d’IST, d’évaluer les expositions sexuelles au VIH et aux autres IST. Un suivi plus rapproché, idéalement tous les mois, est instauré chez l’adolescent car celui-ci est moins enclin que l’adulte à respecter le schéma d’administration de la PrEP.
La découverte d’une sérologie VIH positive chez un sujet sous PrEP sera confirmée par une deuxième sérologie ELISA, par un Western-blot ou par une quantification de l’ARN viral plasmatique et de l’ADN viral avec consultation en urgence dans un service spécialisé.
Iatrogénie
La PrEP par TDF/FTC bénéficie d’une bonne tolérance. Les effets iatrogènes les plus banals se traduisent par de légères nausées, des troubles digestifs (diarrhées notamment) ou des céphalées lors des premières semaines de traitement. Des manifestations plus sévères, notamment de néphrotoxicité, restent exceptionnelles et sont réversibles à l’arrêt du traitement. Il n’y a pas d’effet connu sur la libido.
Interactions
Le recours à une PrEP par TDF/FTC fait déconseiller l’usage concomitant de médicaments néphrotoxiques comme les AINS.
Il faut également éviter de consommer, deux heures avant et deux heures après la prise de TDF/FTC, des produits tels que le psyllium, le charbon actif ou des pansements gastriques qui, tous, tendent à réduire la résorption digestive de ces antirétroviraux.
En revanche, cette association n’interagit pas plus avec l’alcool ou avec les drogues dites abusivement « récréatives » qu’avec les traitements contraceptifs.
Efficacité
Réalisée par le Système national des données de santé (SNDS), une étude menée par EPI-PHARE (Groupement d’intérêt scientifique constitué par l’ANSM et la CNAM) a évalué de 2016 à 2020 l’efficacité de la PrEP en vie réelle sur 46 706 hommes à haut risque d’infection par le VIH par voie sexuelle, dont 256 ont été infectés au cours du suivi. Comparés aux patients restés séronégatifs, ceux-ci avaient moins souvent utilisé la PrEP (29 % vs 49 %) et la consommation de TDF/FTC de ceux qui y avaient eu recours était plus souvent faible, i.e. < 30 comprimés tous les 2 mois (78 % vs 40 %), ou/et ils avaient parfois interrompu sur au moins 3 mois le traitement (74 % vs 40 %). Cette étude montre que la PrEP est très efficace en vie réelle si l’on considère les hommes consommant entre trois-quarts et une boîte d’antiviral chaque mois (efficacité de 93 %, proche de celle des essais) ou n’interrompant pas la PrEP (efficacité de 86 %). En revanche, son efficacité n’est que de 18 % en cas de consommation faible. L'efficacité de la PrEP paraît réduite chez les hommes < 30 ans et ceux bénéficiaires de la CMU complémentaire (CMUc, actuelle Complémentaire santé solidaire), parmi lesquels une consommation faible et des interruptions de prise des antiviraux sont fréquentes.
Selon un rapport de suivi (EPI-PHARE, juin 2023), près de 85 000 personnes avaient initié une PrEP depuis 2016, principalement des HSH ; plus de 53 000 en bénéficiaient au premier semestre 2023.
D’autres analyses menées principalement chez des HSH, des personnes transgenres et des personnes n’ayant que des rapports hétérosexuels (IPreX aux États-Unis, Partners/PrEP au Kenya et en Ouganda, Proud au Royaume-Uni, essai ANRS-Ipergay en France et au Canada) montrent que le risque de contamination par le VIH devient infime si le médicament est pris régulièrement selon le schéma indiqué. De fait, la PrEP est recommandée par de nombreuses instances nationales et internationales : OMS, European AIDS Clinical Society (EACS), Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS), HAS, etc. Cette stratégie de prévention a contribué à une baisse drastique des contaminations par le VIH comme en témoignent certains chiffres :
- États-Unis : le nombre de nouveaux cas de VIH a chuté à San Francisco de 49 % entre 2012 (année où la PrEP y a été autorisée) et 2016 ;
- Grande-Bretagne : ce nombre a diminué de 18 % entre 2015 et 2016 (-29 % chez les HSH à Londres) ;
- France : ce nombre a chuté de 16 % entre 2015 et 2018 (-22 % chez les HSH).
93 %, c’est l’efficacité de la PrEP par TDF/FTC en vie réelle chez les hommes à haut risque, à condition que l’observance soit bonne
Une alternative injectable : le cabotégravir
La PrEP par le cabotégravir (CAB ; Apretude suspension injectable LP 600 mg) a été approuvée par la HAS en 2024 (elle est agréée aux États-Unis depuis 2021), avec une commercialisation probable en France courant 2025.
Cet inhibiteur de l’intégrase virale était jusqu’alors indiqué en traitement de l’infection par le VIH (Vocabria). Le CAB-LP est une forme à action prolongée injectable (intramusculaire) proposée en deuxième intention pour la PrEP, sauf si contre-indication ou impossibilité à utiliser le TDF/FTC. Son efficacité est supérieure à celle de l’association TDF/FTC chez les hommes cisgenres et les femmes transgenres ainsi que chez les femmes cisgenres ayant des relations sexuelles avec des hommes.
Sa durée d’action offre un schéma thérapeutique simplifié : les deux premières injections sont réalisées à quatre semaines d’intervalle, les suivantes toutes les huit semaines en respectant un délai de +/- 7 jours (soit 6 injections annuelles).
Il n’y a pas lieu d’adapter la posologie en cas d’insuffisance hépatique ou rénale.
Une présentation orale (Apretude comprimé 30 mg) permet de tester de façon optionnelle, à raison d’un comprimé quotidien durant un mois, la tolérance du CAB avant le passage à la forme LP ou de poursuivre par voie orale la PrEP chez un sujet qui n’aurait pas reçu l’administration de cette forme dans le délai requis (omission de dose), et ce jusqu’à reprise du traitement parentéral.
Le bilan initial est calqué sur celui réalisé préalablement au recours à la PrEP orale. La charge virale ARN VIH-1 sera toutefois systématiquement quantifiée dans les 7 jours précédant l’instauration du traitement.
Un suivi incluant la charge virale VIH-1 est réalisé à M1 puis tous les deux mois jusqu’à la 5e injection, puis tous les quatre mois pour rechercher une éventuelle infection par le virus. Ce traitement expose à une toxicité métabolique et cardiovasculaire à long terme.
L’arrêt d’une PrEP par CAB-LP impose l’instauration d’une autre modalité de prévention de l’infection (prophylaxie par TDF/FCT en l’absence de contre-indication, ou usage de préservatifs) du fait de la persistance durant des mois de taux plasmatiques de CAB infra-thérapeutiques propres à sélectionner un VIH résistant aux inhibiteurs de l’intégrase en cas de survenue d’une infection intercurrente. La reprise du traitement se fait par une dose de charge avec deux injections à un mois d’intervalle si le délai écoulé depuis la dernière administration est > 2 mois.
Quelles vaccinations ou traitements associer à une PrEP ?
En l’absence de marqueurs d’infection ancienne, il est recommandé de proposer aux personnes non immunisées une vaccination contre le VHB, contre le VHA et contre le HPV - du moins jusqu’à l’âge de 26 ans, faute de données probantes au-delà. Il est recommandé depuis 2022 de vacciner contre la variole du singe ou Mpox (vaccin Imvanex) les personnes exposées du fait de leur activité sexuelle (dont les bénéficiaires d’une PrEP).
Une dose de 200 mg de doxycycline dans les 72 heures suivant un rapport sexuel non protégé (préservatif) a montré son efficacité protectrice vis-à-vis de la syphilis et de la chlamydiose chez les HSH et les femmes transgenres vivant avec le VIH ou sous PrEP, et chez lesquels une IST a été diagnostiquée dans les 12 derniers mois. Il n’est pas recommandé de recourir à cet antibiotique en prévention post-exposition des IST bactériennes.
Comment gérer une infection par le VIH chez un sujet sous PrEP ?
Le caractère exceptionnel et spécifique des infections par le VIH contractées sous PrEP justifie l’avis d’un centre de référence. Pour résumer la question, la gestion d’une infection par le VIH chez un sujet bénéficiaire d’une PrEP par TDF/TFC dépend, une fois les analyses virologiques effectuées, de l’exposition, ou non, du virus infectant à une pression de sélection pharmacologique. Ainsi, si la personne a été exposée au TDF/FTC après la dernière sérologie VIH négative, il sera nécessaire d’instaurer rapidement un traitement associant deux classes thérapeutiques (hors inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase) : par exemple par l’association darunavir/ritonavir (DRV/r) + dolutégravir (DTG). Dans le cas contraire, le traitement sera instauré selon les recommandations en vigueur. Dans les deux cas, il sera adapté secondairement en fonction des résultats du génotypage du virus.
Une infection par le VIH chez un sujet bénéficiaire d’une PrEP par CAB-LP peut être traitée par l’association TDF/FTC + DRV/r en raison du risque de sélection de mutations aux inhibiteurs d’intégrase.
Perspectives futures
De nouvelles molécules et de nouveaux modes d’administration sont à l’essai dans la PrEP (injection intramusculaire, implant sous-cutané).
Le lénacapavir (Sunlenca), un inhibiteur de capside, constitue une nouvelle cible du cycle viral du VIH. Offrant une très longue demi-vie (8 à 12 semaines) et une forte puissance sans exposer à résistance croisée avec d’autres classes d'antirétroviraux, il s’administre en SC, après une phase test orale, tous les six mois au patient vivant avec un VIH multi-résistant, étant alors associé à un traitement antirétroviral oral. Il pourrait également être proposé dans la PrEP à raison d’une injection tous les six mois avec une efficacité remarquable.
L’islatravir (MK-8591) est un puissant inhibiteur de la translocation de la transcriptase inverse virale ayant une demi-vie plasmatique de 50 à 60 heures. Il a été testé dans la PrEP sous forme d’un comprimé oral administré mensuellement. Des implants pourraient offrir la possibilité de recourir à une administration annuelle. Les essais cliniques ont été suspendus en 2022 puis ont repris depuis.
Renouvelé tous les mois, un anneau vaginal à la dapivirine pourrait constituer une option discrète et moins contraignante chez la femme qu’une présentation orale ou injectable. Bien qu’ayant une efficacité inférieure à celle d’une PrEP orale, il est recommandé par l’OMS pour la prévention de l’infection par le VIH chez la femme exposée à un risque substantiel et ayant des difficultés à respecter une prise orale quotidienne.
Questions sur ordonnance
Jason O., 26 ans
Monsieur Jason O.
26 ans
Emtricitabine/ténofovir disoproxil 200 mg/245 mg : 2 cp à la première prise puis 1 cp/j
QSP 1 mois
Renouvelable 2 fois
Monsieur O. va bénéficier d’une prophylaxie pré-exposition (PrEP) qui, suivie avec rigueur, limitera quasiment totalement le risque de contamination par le VIH chez ce jeune homme cisgenre gay, qui ne fait pas mystère de la multiplicité de ses partenaires sexuels. La primo-prescription d’une PrEP est autorisée pour tous les médecins, notamment les généralistes, depuis le 1er juin 2021, dans le cadre de la stratégie nationale de santé sexuelle 2017-2030. Ici, la PrEP a pu être initiée immédiatement au vu des résultats récents d'une sérologie VIH et VHB, d'une estimation du débit de filtration glomérulaire, ce en l'absence de suspicion de primo-infection par le VIH.
Quels sont les principes actifs ?
L'emtricitabine est un inhibiteur nucléosidique de la transcriptase-inverse du VIH (INTI), analogue nucléosidique synthétique de la cytidine. Le ténofovir disoproxil est converti in vivo en ténofovir, un inhibiteur nucléotidique de la transcriptase-inverse (INTI également). Ces antiviraux ont tous deux une activité spécifique sur le VIH et sur le virus de l'hépatite B (VHB).
Y-a-t-il des insuffisances et des interactions ?
Non.
Et la posologie ?
La posologie est correcte (PrEP en schéma dit « continu ») : la première prise de deux comprimés en dose de charge est mentionnée dans les recommandations HAS mais non dans le RCP de la spécialité.
Le conseil du pharmacien
Le pharmacien peut rappeler que, si une dose de cette PrEP est oubliée dans les 12 heures suivant l'heure de prise habituelle, elle devra être prise dès que possible puis le traitement sera poursuivi normalement ; si plus de 12 heures se sont écoulées depuis ce moment et si l'heure de la dose suivante est proche la dose oubliée ne devra pas être prise et le traitement sera poursuivi normalement.
Nicolas Tourneur
Testez-vous
1. La PrEP désigne une stratégie de prophylaxie de l’infection par le VIH :
a) Mise en œuvre juste après un rapport sexuel à risque ;
b) Mise en œuvre avant un (des) rapport(s) sexuel(s) à risque ;
c) Consistant à optimiser le traitement antiviral d’un sujet VIH + pour l’empêcher de pouvoir transmettre le virus.
2. La PrEP de référence repose sur l’administration orale de l’association TDF/FTC :
a) À raison de deux comprimés par jour (matin et soir) ;
b) À raison d’un comprimé par jour ;
c) À raison d’un seul comprimé juste avant le rapport sexuel à risque.
3. Le recours à une PrEP par TDF/FTC :
a) Est contre-indiquée chez le sujet séropositif au VHA ;
b) Est contre-indiquée en cas d’insuffisance hépatique sévère ;
c) Est contre-indiquée chez les femmes cisgenres et les personnes transgenres ayant des rapports vaginaux réceptifs.
4. La PrEP par TDF/FTC fait déconseiller l’usage concomitant de :
a) Médicaments néphrotoxiques ;
b) Médicaments hépatotoxiques ;
c) Médicaments inhibiteurs des 5-phosphodiestérases.
5. Le recours à une PrEP par cabotégravir LP :
a) Offre parfois une efficacité supérieure à celle de la PrEP orale ;
b) Permet de résumer la stratégie à une administration tous les 3 mois ;
c) Peut faire conseiller un test de tolérance préalable avec la forme orale du médicament.
Réponses : 1. b) ; 2. b) ; 3. Aucune réponse ; 4. a) ; 5. a) et c).
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