Le compte n’y est toujours pas. Alors que le processus d’ordonnance numérique est installé et démarré chez deux tiers des pharmaciens, selon une évaluation de l’assurance-maladie, ce chiffre dépasse à peine un tiers côté médecins. Plus surprenant encore, l’ordonnance numérique ne progresse plus, mais recule. Selon des chiffres de l’assurance-maladie, le nombre d’ordonnances numériques créées en janvier se hissait à 4,7 millions, tandis que ce nombre dépassait tout juste les 4 millions en février. Dès lors, comment expliquer que ce dispositif ne soit toujours pas opérationnel malgré les reports successifs ? Le bug n’est cette fois-ci pas à chercher auprès des logiciels de gestion de l’officine (LGO) qui sont prêts dans « leur grande majorité, explique Valérian Ponsinet, président de la commission Convention et système d’information de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), mais auprès des logiciels d’aide à la prescription (LAP). De plus, l’information ne ruisselle pas correctement. Il y a des prescripteurs qui ne sont pas au courant de leurs nouvelles obligations. » Ainsi, toujours selon l’assurance-maladie, sur les 11 autorisés, 9 LGO sont en « généralisation », soit 99 % des officines, tandis que sur les 43 LAP, ils ne sont que 19 autorisés à se déployer, uniquement 9 sont en phase de présérie et 17 en phase de préparation pour les préséries.
La survie des ordonnances filigranées
Ce retard est dommageable, car l’ordonnance sécurisée exigible depuis le 1er avril pour les prescriptions de tramadol et de produits codéinés aurait pu être le baptême du feu de l’ordonnance électronique. Il n’en est rien. La majorité des prescripteurs recourent -et pour cause- à l’ordonnance sécurisée « classique » pour la prescription de ces produits comme pour d’autres soumis à cette obligation. D’où la survie des ordonnances filigranées que prédit Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO). Ceci d’autant plus que l’ordonnance électronique n’est pas à l’abri d’un bug. « Nous attendons toujours la V3 des LGO. Or aujourd’hui, sur les versions 1 et 2 qui cohabitent, le QR code d’une ordonnance numérique n’est "grillé" qu’à la télétransmission de celle-ci », expose-t-il. Par conséquent, la faille est évidente. Si une ordonnance numérique peut être dispensée plusieurs fois, la délivrance de tramadol et de codéine n’est donc toujours pas sécurisée. « Si le dossier pharmaceutique est correctement alimenté, cela résout le problème, mais les failles sont toujours exploitées », réfléchit Valérian Ponsinet. Un sujet de crispation pour la profession et qui tend la relation avec l’organisme payeur. « On nous explique que si l’on ne peut pas lire une ordonnance, on n’a qu’à adresser le patient à une autre officine. C’est irrespectueux envers la profession, regrette l’élu FSPF. On accepte un retard aux médecins, qu’on ne tolère pas aux pharmaciens. »
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