Dans son combat pour obtenir le droit de vendre du paracétamol dans les parapharmacies de ses enseignes, le géant de la grande distribution E.Leclerc ne manque pas d’imagination. Preuve en est, une nouvelle publicité diffusée depuis peu à la télévision (voir ci-dessous). Un spot loufoque qui peut aussi bien donner envie de rire que de pleurer.
Pour E.Leclerc, mettre fin au monopole pharmaceutique sur certains produits de santé, en premier lieu le paracétamol, est depuis longtemps une obsession. À intervalle régulier, la firme de Michel-Edouard Leclerc produit une nouvelle offensive pour faire avancer son combat. Dans ce nouveau spot, un homme se présente au comptoir d’une parapharmacie E.Leclerc d’un pas pressé. La publicité parodie de manière assumée les codes d’un épisode de sitcom ou ceux d’une pièce de théâtre filmée, avec rires du public en fond sonore, projecteurs et caméras visibles à l’écran. Tout le “comique” de la publicité réside ensuite dans l’utilisation à outrance du préfixe « para ». Le client a la tête « comme une PARAbole » et demande « PAR HAsard » du PARAcétamol vu qu’il se trouve « dans une PARApharmacie ». Problème, la pharmacienne (qui n’est peut-être d’ailleurs qu’une simple vendeuse, qui sait) lui rétorque qu’elle n’a « aPPAREmment » pas le droit d’en vendre. Elle lui précise avoir « PAR Ailleurs » de la vitamine C mais admet que cela ne va pas lui servir à grand-chose…
Éberlué, le client qualifie de « PARAnormale » l’interdiction faite à la parapharmacie de vendre le médicament qu’il convoite. Une voix off prend ensuite le relais et dénonce l’absurdité de la législation en vigueur, qui ose réserver la dispensation de produits, certes en vente libre mais potentiellement dangereux en cas de mésusage, à des professionnels dûment qualifiés. Cette même voix off conclut la publicité en posant la question suivante : « La loi nous interdit toujours de vendre des médicaments sans ordonnance dans nos parapharmacies, parce qu’on les vendrait à prix Leclerc ? »
Une interrogation qui frise la théorie du complot et qui ne tient toujours pas compte de la réalité. Selon les chiffres d’une étude IQVIA pour NereS (qui représente les laboratoires pharmaceutiques de produits de santé et de prévention de premier recours, disponibles en pharmacie sans ordonnance) datant d’octobre 2024 (et que « Le Quotidien du pharmacien » avait déjà évoqués dans un précédent article), les prix des médicaments OTC (antalgiques, voies respiratoires, digestion, ophtalmologie, dermatologie) vendus en France étaient inférieurs, dans les cinq classes citées, à ceux pratiqués en Espagne, en Italie ou encore en Allemagne.
Sans même parler des conséquences économiques que représenterait une fin du monopole sur les spécialités en vente libre pour l’avenir de nombreuses officines, notamment les plus fragiles situées en zone rurale, il faut aussi rappeler les récentes alertes des autorités sanitaires concernant le mésusage du paracétamol. Comme l’a par exemple révélé le centre antipoison de Nancy (Meurthe-et-Moselle), le nombre de cas d’intoxications volontaires par ingestion de paracétamol dans un contexte suicidaire chez les moins de 18 ans a doublé entre 2019 et 2022. Les officinaux le savent bien, le paracétamol n’est pas un produit aussi anodin que E.Leclerc voudrait le faire croire. Chaque année, des personnes perdent la vie à cause d’une consommation inappropriée de ce médicament. Un point qui n’est pas abordé dans la dernière pub de E.Leclerc. Il est vrai que, vu sous cet angle, le sujet est beaucoup moins drôle.
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