À l’heure où la vaccination antigrippale suscite quelques tensions entre les différentes professions de santé, quatre présidents d’Unions régionales de professionnels de santé libéraux (URPS) d’Auvergne-Rhône-Alpes se sont symboliquement vaccinés entre eux le 17 novembre. Une opération qui visait aussi et surtout à communiquer sur l’importance de cet acte alors que la couverture vaccinale contre cette maladie reste insuffisante, en particulier chez les soignants.
Quatre représentants des professions de santé habilitées à prescrire et administrer les vaccins antigrippaux et contre le Covid-19 qui s’immunisent mutuellement. Le geste est symbolique et vise à « sensibiliser l’ensemble des soignants à l’importance d’une immunisation à jour, tout en promouvant une culture de confiance interprofessionnelle ». Voici la raison qui a donc poussé les présidents des URPS pharmaciens, médecins, infirmiers et sage-femme d’Auvergne-Rhône-Alpes à organiser cette séance de vaccination collective le 17 novembre dans les locaux de la mairie du 7e arrondissement de Lyon. Un événement auquel a notamment participé Olivier Rozaire, président de l’URPS pharmaciens, même si ce dernier avait déjà été vacciné contre la grippe il y a plusieurs semaines. « J’ai pu vacciner la présidente de l’URPS médecins libéraux (voir photo). Cette image aurait été de la science-fiction il y a 10 ans. Cela montre bien le chemin qui a été parcouru », tient-il à souligner.
Si les présidents des URPS ont tenu à médiatiser cette action, c’est donc pour inciter leurs confrères et consœurs à en faire de même. Comme ailleurs en France, le taux de couverture vaccinale des professionnels de santé contre la grippe est particulièrement bas en Auvergne-Rhône-Alpes, avec seulement 19,5 % de soignants protégés lors de la campagne 2024-2025. Une saison hivernale marquée par une épidémie de grippe particulièrement intense, avec une surmortalité importante (environ 17 600 décès toutes causes confondues), plus de 155 000 passages aux urgences pour syndrome grippal et plus de 28 000 hospitalisations sur l’ensemble du territoire national. « La protection contre la grippe et le Covid-19 permet non seulement de réduire le risque de contamination des professionnels et de leurs patients et proches fragiles, mais aussi d’assurer la continuité des soins en période épidémique », rappellent de concert les quatre URPS. Comment expliquer dès lors qu’il existe encore autant de réticence à se faire vacciner chez des professionnels eux-mêmes amenés à faire la promotion de cet acte ? « Pendant longtemps, les autorités insistaient sur le fait que la vaccination ne concernait que les personnes âgées. Même si ce message a un peu changé depuis, certains ont peut-être encore tendance à penser qu’ils ne risquent rien parce qu’ils n’appartiennent pas à la cible du fait de leur âge », analyse Olivier Rozaire.
Cette opération symbolique a justement été menée alors que le sujet de l’obligation vaccinale des soignants contre la grippe (et la rougeole) est plus que jamais d’actualité, avec l’article 20 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui prévoit justement cette mesure. Bien que rejeté par les députés, le texte a tout de même été transmis aux sénateurs et a encore toutes les chances d’être adopté. Le sujet de l’obligation vaccinale fait débat et, comme le reconnaît Olivier Rozaire, il est particulièrement complexe. « Je serais totalement favorable à ce qu’une obligation vaccinale soit prévue dans le contrat de travail et qu’une personne qui souhaite travailler en Ehpad, par exemple, soit obligée de s’y conformer. C’est le cas pour l’hépatite B et les professionnels acceptent de se faire vacciner. En revanche, pour le personnel qui est en place depuis plusieurs années, cela me semble un peu différent, observe-t-il. Je suis à 100 % favorable à la vaccination mais une obligation peut au contraire conforter les antivax dans leur position. Ce n’est pas non plus en contraignant les soignants réticents que l’on va faire d’eux des promoteurs de la vaccination. Je pense que l’on peut faire davantage sur la pédagogie avant d’en arriver à l’obligation, par exemple en organisant des réunions dans ces établissements pour expliquer pourquoi c’est important, en particulier pour protéger les patients les plus vulnérables », estime le président de l’URPS Pharmaciens.
L’ambition des différents présidents des URPS d’Auvergne-Rhône-Alpes était aussi de montrer un front uni alors que des polémiques persistent sur le sujet de la vaccination antigrippale entre les différentes professions de santé, dont certaines accusent parfois les autres de voler leur travail. Les attaques sur les réseaux sociaux de la présidente du syndicat Convergence Infirmière, dénonçant des « erreurs de vaccination » de la part des officinaux et une « captation » de patientèle de la part de ces derniers, ont notamment fait couler beaucoup d’encre. « Pendant la crise du Covid, cette personne s’est insurgée contre l’obligation vaccinale des soignants, tient à rappeler Olivier Rozaire. Ses attaques ne sont en rien une démarche de santé publique. Il a pu arriver que des pharmaciens agissent mal, mais cela est vraiment à la marge. Sur le terrain, cela passe bien entre les différents professionnels. Pour preuve, on constate que le taux de patients vaccinés en pharmacie est moins important dans les territoires ruraux qu’en ville, justement parce que l’on se partage le travail », souligne Olivier Rozaire, qui réfute aussi l’affirmation qui consiste à dire que la vaccination en officine n’a pas permis d’améliorer la couverture vaccinale. « Sans nous, elle se serait effondrée », pense-t-il au contraire.
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