Déployées pour l’instant au compte-goutte dans le cadre d’une expérimentation, les antennes de pharmacie pourraient-elles être généralisées sur l’ensemble du territoire national ? Le Sénat, qui se prononce ce 26 novembre par un vote solennel sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 (voir note en bas de page), y est en tout cas favorable et vient d’adopter plusieurs amendements en ce sens.
Soutenir la création d’antennes de pharmacie plutôt qu’autoriser l’ouverture de nouvelles officines, c’est le principe défendu par l’amendement de la sénatrice (LR) de Charente-Maritime, Corinne Imbert, pharmacienne de profession. Le texte a été adopté en séance publique. « Alors que la création de nouvelles officines peut présenter un risque de déstabilisation du maillage officinal, l’ouverture d’antennes à partir d’officines existantes peut constituer une solution pour répondre de façon satisfaisante aux besoins de territoires isolés », expose cet amendement. Corinne Imbert demande donc de soutenir le développement de ces établissements pharmaceutiques, « dans la limite d’une antenne par officine », et « dans des communes limitrophes ou proches géographiquement » de la pharmacie mère. « Cette réponse est plus adaptée (que de nouvelles créations d’officines), car elle préserve la structure et la solidité du réseau officinal. L’encadrement proposé permet par ailleurs de protéger le secteur officinal d’une progression de la financiarisation », développe la sénatrice, qui propose d’appliquer ces dispositions à partir du 1er janvier 2027.
Un amendement similaire, cette fois déposé par Brigitte Bourguignon, éphémère ministre de la Santé et aujourd’hui sénatrice (Union centriste) du Pas-de-Calais, a été lui aussi adopté. Tout comme un autre texte émanant de la sénatrice de Savoie Martine Berthet (LR), qui rappelle, lui, qu’ « en zone de montagne, certaines communes nouvelles s’étendent sur plusieurs versants d’une vallée, ce qui les expose à d’importantes contraintes de dénivelé. L’accès aux soins s’en trouve considérablement compliqué, notamment lorsque la pharmacie la plus proche se situe sur l’autre versant, dans une commune déléguée voisine ». Martine Berthet propose donc également « d’étendre l’expérimentation par antennes de pharmacie, en ouvrant la possibilité pour les pharmaciens titulaires de la commune nouvelle ou d’une commune limitrophe de créer une antenne d’officine au sein de la commune déléguée où la dernière pharmacie a cessé son activité, dès lors que l’approvisionnement en médicaments est compromis ».
Dans un autre amendement lui aussi adopté au Sénat, visant cette fois à ne pas autoriser les médecins à conserver des vaccins au sein même de leurs cabinets, Corinne Imbert explique que le déploiement des antennes pharmaceutiques dans les territoires isolés peut « permettre de rapprocher encore davantage les usagers de l’accès à la vaccination ». La sénatrice pharmacienne plaide enfin, dans un autre texte validé par ses pairs, pour l’extension du cahier des charges qui délimite aujourd’hui le périmètre territorial de l’expérimentation, ce dernier étant jugé « trop restrictif par les acteurs, ce qui limite le nombre d'antennes ouvertes ou en cours d'ouverture », rapporte-t-elle.
Pour rappel, quatre antennes de pharmacie sont ouvertes à ce jour en France (Cozzano en Corse, Coupiac dans l’Aveyron, Châteauneuf-de-Randon en Lozère et Puycasquier dans le Gers). Deux autres projets (dans le Cher et dans la Loire) devraient aboutir dans les prochaines semaines. L’expérimentation en cours prévoit un maximum de douze projets d’antennes dans six régions. Un plafond qui, à l’heure actuelle, a peu de chances d’être atteint.
Note : Ce 26 novembre en fin d'après-midi, le Sénat a adopté le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 avec 196 voix pour et 119 contre. Une commission mixte paritaire (CMP) va se réunir dès ce mercredi soir pour tenter de concilier députés et sénateurs. En cas d'échec, très probable, de cette CMP, le texte repartira à l'Assemblée nationale.
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