L’assurance-maladie veut tester ses idées anti-gaspillage auprès des professionnels de santé : organiser la non-délivrance de médicaments en cas de surstock chez le patient et réfléchir à la remise dans le circuit de boîtes de pansements non ouvertes. Une expérimentation devrait débuter en juin dans certains départements.
L’assurance-maladie a réuni vendredi 25 avril les pharmaciens pour leur exposer ses idées afin de lutter contre le gaspillage des produits de santé, en ciblant les médicaments et certains dispositifs médicaux non utilisés par les patients. « Il n’est pas question du recyclage des médicaments, ça n’a pas du tout été évoqué, précise d’emblée Lucie Bourdy-Dubois, présidente de la commission métier de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Se pose la question de la remise en circulation des boîtes de DM, mais il y a une question juridique là-dessus, c’est à étudier car pour le moment, ce n’est pas possible. En fait, l’idée de l’assurance-maladie, c’est la remise dans le circuit de DM non ouverts – en gros, les pansements – dans le cadre de soins infirmiers via un protocole sécurisé. Mais pour le moment, c’est une réflexion. » Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), ajoute que l’organisme a « essayé d’envelopper tout cela dans la décarbonation du système de santé pour faire en sorte que cela soit plus écologique, plus vertueux ».
Comment ce système va-t-il s’organiser ? « L’infirmière va au domicile du patient, lui propose d’ouvrir sa boîte à pharmacie et regarde les médicaments et DM prescrits et non utilisés, explique Lucie Bourdy-Dubois. L’infirmière caractérise la situation : est-ce une prescription inadaptée ? Est-ce un problème d’adhésion au traitement ? Est-ce que c’est un mauvais usage des produits ou un problème d’iatrogénie ? L’intervention se passe dans un cadre pluriprofessionnel et l’infirmière propose à l’équipe soignante une ou plusieurs actions à mettre en place au regard de la première analyse. La deuxième étape, c’est l’analyse par l’équipe traitante – médecin, infirmier, pharmacien – qui décide des actions à mener et de qui va s’en occuper dans l’équipe. Ensuite il s’agit d’accompagner le patient. »
Parmi les actions à mettre en œuvre, l’assurance-maladie envisage une réévaluation des traitements par le médecin traitant et un accompagnement thérapeutique en cas de non-adhésion au traitement ou d’iatrogénie. Une partie dont le pharmacien voudrait bien s’occuper, sous forme de bilan partagé de médication, pointe la FSPF. S’il y a un surstock de médicaments, « on n'en délivre plus », explique Lucie Bourdy-Dubois. Le fameux « NPD » pour « ne pas délivrer ». « C’est quelque chose que l’on faisait déjà », s’accordent à dire la FSPF et l’USPO.
Quant aux pansements, ils pourront éventuellement être remis en circulation, après évaluation de l’infirmière. Encore une fois, l’idée est « embryonnaire », selon Lucie Bourdy-Dubois. « Il n’y a pas de critères de sélection, pas de méthodologie, pas de modèle économique, reproche Pierre-Olivier Variot. Et en cas de problème avec un pansement recyclé, qui est responsable ? »
Pour l’USPO, il y a d’autres moyens pour lutter contre le gaspillage des produits de santé que le recyclage. « Si je suis patient, je ne veux pas d’un pansement qui sort d’une poubelle », ajoute le président de l’USPO. Il propose plutôt de remettre en place la dispensation adaptée (DAD) sur les médicaments mais aussi sur les pansements, d’adapter les conditionnements et de développer la PDA (préparation des doses à administrer) pour améliorer l’observance, et de demander aux médecins de prescrire selon les RCP.
L’expérimentation devrait commencer en juin. Plusieurs caisses primaires de l’assurance-maladie (CPAM) sont sollicitées : La Réunion, Centre-Val de Loire, Alpes-Maritimes, Loire-Atlantique, Manche, Essonne, Côte-d’Or, Côtes-d’Armor, Finistère, Morbihan, Côte d’Opale, Roubaix-Tourcoing, Corrèze, Charente-Maritime et Haute-Savoie.
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