Selon le groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare, l’exposition aux macrolides pendant le premier trimestre de la grossesse n’est pas fortement associée à un risque accru de malformation congénitale. Mais les chercheurs pointent un risque possible de spina-bifida et de syndactylie.
Parce que les données sur les risques de malformations liés à la prise de macrolides pendant le premier trimestre de grossesse ne sont pas concluantes ou sont contradictoires, le groupe Epi-Phare (groupe commun à la Caisse nationale de l’assurance-maladie et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a cherché à en avoir le cœur net. Ce risque « est généralement préoccupant, car les macrolides peuvent traverser le placenta, même à un faible taux », expliquent les chercheurs qui font remarquer qu’en France, plus de 5 % des grossesses ont été exposées à au moins un macrolide en 2019.
Ils ont repris les informations du Système national de données de santé (SNDS) sur quelque 7,6 millions de grossesses avec enfants nés vivants uniques entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2020. Le groupe exposé aux macrolides (une ou plusieurs prescriptions d’érythromycine, spiramycine, roxithromycine, josamycine, clarithromycine ou azithromycine) délivrés au cours du premier trimestre (140 708 femmes) a été comparé aux grossesses exposées à l'amoxicilline (592 652 femmes), antibiotique couramment utilisé chez la femme enceinte avec un profil de sécurité bien établi. L’étude a été menée sur le risque global de malformation et pour 42 malformations congénitales à prévalence ≥ 1 pour 10 000 nourrissons exposés aux macrolides in utero. Les résultats ont été diffusés sur « Plos Medicine » le 15 avril.
Sur la décennie étudiée, 2 432 malformations congénitales ont été notifiées dans le groupe macrolides et 10 176 dans le groupe amoxicilline. Les malformations cardiaques représentaient environ un tiers des malformations dans chaque groupe. Conclusion des chercheurs : « Les résultats indiquent que l'exposition aux macrolides au cours du premier trimestre n'est pas fortement associée à un risque accru pour la plupart des malformations congénitales, ce qui est rassurant. » Cependant, Epi-Phare a relevé une augmentation du risque de spina-bifida (risque relatif : 1,82) et de syndactylie (fusion de deux ou plusieurs doigts ou orteils, risque relatif : 1,65).
Pour les chercheurs, ces résultats justifient une surveillance continue et des investigations complémentaires. « En attendant, les macrolides ne devraient être prescrits pendant le premier trimestre de la grossesse qu'en cas de nécessité, et d'autres antibiotiques présentant un profil de sécurité mieux établi devraient être envisagés chaque fois que possible », recommandent-ils.
Pour le Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT), les données publiées chez la femme enceinte exposée à l’azithromycine, la clarithromycine, l’érythromycine, la roxithromycine ou la spiramycine sont rassurantes : « Aucun effet malformatif, fœtal ou néonatal attribuable au traitement n’est retenu à ce jour. » Ces antibiotiques peuvent être utilisés en première intention quel que soit le terme de la grossesse (fiche mise à jour le 31 juillet 2024). L’utilisation de josamycine peut être envisagée pendant toute la grossesse, mais le CRAT recommande de lui préférer un macrolide mieux connu en cours de grossesse.
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