Le cadre réglementaire
L’orthopédie fait partie - avec l’optique-lunetterie et l’audioprothèse - des activités spécialisées que le pharmacien peut développer à l’officine (article R.5125-9 du CSP) à condition qu’il respecte certaines règles. S’il souhaite - en plus des orthèses de série que sa formation initiale lui permet de dispenser - délivrer des orthèses sur-mesure, il devra posséder un DU (diplôme universitaire) ou un DIU (diplôme inter-universitaire) d’orthopédie. Plusieurs facultés - Nantes, Paris-Saclay, Rennes, Grenoble-Alpes, Montpellier, Toulouse, Lyon… - dispensent la formation. Le pharmacien peut également employer un professionnel titulaire du diplôme pour exercer l’activité mais en aucun cas héberger un orthopédiste orthésiste libéral qui n’est pas autorisé à utiliser les locaux de l’officine pour pratiquer. L’activité d’orthopédie doit être menée conformément à la réglementation qui lui est propre (article R.4235-56 du CSP). Enfin, il est judicieux pour l’officine d’assurer un certain niveau de formation aux pharmaciens de l’équipe qui peuvent être amenés à prendre des mesures ou présenter aux patients une orthèse de série.
Local adapté et bonnes pratiques
L’activité d’orthopédie nécessite de disposer « d’un rayon individualisé et, le cas échéant, d’un espace permettant au patient d’essayer le produit dans des conditions répondant aux dispositions du Code de la Santé publique » (article R.5125-9 du CSP). Ainsi, le local dédié doit disposer du matériel spécifique, permettre un accueil personnalisé du patient en toute confidentialité (isolation visuelle et phonique), satisfaire aux exigences d’accessibilité pour les personnes handicapées. Les règles de bonnes pratiques s’appliquent quel que soit le type d’orthèses (sur-mesure, de série) dispensé. Elles encadrent l’activité à l’officine et prévoient : la conformité du local impliquant de disposer d’une cabine d’essayage, d’une table, d’un fauteuil ou lit d’examen, d’un éclairage convenable, d’un point d’eau, d’un espace minimum (3,50mx1,20m) pour se déplacer, d’un podoscope ou matériel de prise d’empreinte (pour les orthèses plantaires), du matériel nécessaire au suivi des appareils de retouche et adaptation sur place ; une personne compétente dédiée à la réalisation des opérations d’appareillage ; le respect du libre choix du patient et du secret professionnel ; l’exécution conforme de la prescription médicale ; la conformité des appareils aux normes en vigueur ; la prise en charge du patient en vue du bilan fonctionnel et du projet d’appareillage, son information quant aux choix, coûts, délais de délivrance (remise d’un devis obligatoire) ; la création d’un dossier pour chaque personne et son suivi; l’appareillage incluant des essayages; les conseils et conditions d’utilisation des appareils stipulés par écrit au patient…
De série ou sur-mesure
Dans le cadre de son activité d’orthopédie, le pharmacien peut dispenser des orthèses sur-mesure : ceintures médico-chirurgicales de soutien ou de maintien, corsets orthopédiques d’immobilisation du rachis en tissu armé ou par morpho-adaptation immédiate de produits de série (matériaux thermoformables basse température), bandages herniaires, orthèses élastiques de contention des membres, orthèses plantaires, vêtements compressifs pour grands brûlés…
Cependant, le pharmacien sera plus fréquemment amené à délivrer des orthèses de série - ceintures lombaires, abdominales, thoraciques, herniaires, chevillères, genouillères, coudières, attelles pour mains et poignets, colliers cervicaux, dispositifs de compression veineuse, chaussures thérapeutiques (CHUT, CHUP), semelles podologiques… - qui répondent aux différents cas de pathologies, lésions articulaires dues au vieillissement, mouvements répétitifs, traumatismes notamment liés à la recrudescence des pratiques sportives (entorse de la cheville, syndrome rotulien, syndrome du canal carpien, arthrose...). Il est souvent la première personne que l'on vient voir suite à un petit accident survenu lors d'une pratique sportive ou dans le cadre d'un jeu de plein air. Son rôle sera alors de veiller à ce que la blessure ne s'aggrave pas le temps d'obtenir une consultation médicale. À noter que les prothèses mammaires externes font partie des dispositifs que l’officine peut délivrer dans le cadre de son activité d’orthopédie. Une compétence d’orthopédiste-orthésiste ainsi qu’une connaissance des dimensions d’ordre médical, psychologique et social sont alors recommandées.
Essayage, rendez-vous : du temps à consacrer
Dispenser une orthèse ne s’improvise pas. Il est essentiel de bien connaître les produits qui existent sur le marché, de les essayer sur soi au préalable pour savoir s’ils sont faciles à enfiler, comment ils s’ajustent aux différents membres du corps et s’ils peuvent être conseillés à des personnes limitées dans leurs mouvements. Il faut compter 5 à 15 minutes pour dispenser une orthèse de série, à partir de 10 minutes pour une orthèse sur-mesure : prendre connaissance de la pathologie (rhumatismale, traumatique…), de la prescription, prise des mesures, essayage, explications, conseils... L’officine peut organiser ses rendez-vous avec les patients à l’avance ou les recevoir au fur et à mesure qu’ils se présentent, tout dépendra de l’importance de l’équipe et du stock dont elle dispose.
Quel stock ?
L’activité d’orthopédie nécessite de disposer d’un certain stock de produits pour pouvoir répondre à un large éventail de demande : parmi les orthèses des membres supérieurs, on référencera des colliers cervicaux, des attelles poignet/main, poignet/pouce, pour l’épaule (…) ; pour les membres inférieurs, chevillères, genouillères, ceintures lombaires pourront constituer une base de référencement. Deux gammes, au minimum, seront proposées, l’une prise en charge à100 %, l’autre à dépassement. Les caractéristiques techniques de chaque orthèse peuvent orienter le choix au sein des différentes marques du marché sachant qu’il faudra référencer plusieurs tailles par modèle.
Communiquer sur l'activité
En vitrine, dans un rayon dédié, l’officine peut communiquer sur son activité d’orthopédie en exposant différents modèles d’orthèses. Elle peut également utiliser tout écran numérique dans l’espace de vente, annoncer sa spécialité dès l’extérieur ou au moyen d’un bandeau covering en vitrine (dans le respect du code de déontologie), sans oublier bien sûr d’en parler au comptoir car le bouche à oreille est toujours d’une aide précieuse dans ce contexte.
*Plus d’informations sur le site de l’Ordre National des Pharmaciens www.ordre.pharmacien.fr Les activités spécialisées à l’officine : orthopédie.
Repères
- L’orthopédie fait partie des activités spécialisées que le pharmacien peut développer à l’officine. S’il souhaite délivrer des orthèses sur-mesure, il devra posséder un DU ou un DIU d’orthopédie.
- L’activité d’orthopédie nécessite de disposer « d’un rayon individualisé et, le cas échéant, d’un espace permettant au patient d’essayer le produit dans des conditions répondant aux dispositions du Code de la Santé Publique ».
- Le local dédié doit disposer du matériel spécifique, permettre un accueil personnalisé du patient en toute confidentialité (isolation visuelle et phonique), satisfaire aux exigences d’accessibilité pour les personnes handicapées.
- Les règles de bonnes pratiques encadrent l’activité à l’officine.
- Dans le cadre de son activité d’orthopédie, le pharmacien peut dispenser des orthèses de série et des orthèses sur-mesure.
- Pour dispenser une orthèse, il est essentiel de bien connaître les produits qui existent sur le marché, de les essayer sur soi au préalable.
- Il faut compter 5 à 15 minutes pour dispenser une orthèse de série, à partir de 10 minutes pour une orthèse sur-mesure.
- L’activité d’orthopédie nécessite de disposer d’un certain stock de produits pour pouvoir répondre à un large éventail de demande.
Sondage
89 % des officines proposent une activité d’orthopédie
(Selon une enquête CallMediCall/« Le Quotidien du Pharmacien » réalisée du 20 mars au 23 avril 2025)
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