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L’élargissement des missions du pharmacien irrite (à nouveau) les médecins

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Publié le 02/10/2025
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L’élargissement des missions confiées aux pharmaciens, récemment abordé dans le cadre de la suspension de l’arrêté entérinant la baisse de remises sur les génériques, agace les médecins. Le président de l’Union française pour une médecine libre-Syndicat (UFML-S), Jérôme Marty, s’en est scandalisé sur X et, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne mâche pas ses mots.

« Voilà comment, une fois encore, les syndicats de pharmaciens acceptent de voler des actes aux médecins, pour sauver des officines. VOLER est le mot juste puisqu’ils acceptent ces actes médicaux ou cette augmentation de réalisation d’actes jusque-là réservés aux médecins, sans la présence des représentants des médecins autour de la table de discussion ! », fustige le généraliste installé à Fronton (Haute-Garonne).

La généralisation de l’expérimentation Orientation dans le système de soins (OSyS), le renouvellement des contraceptifs oraux et la prolongation des traitements chroniques stables par les pharmaciens ne sont pas au goût du responsable syndical, celui-ci s’interrogeant sur la réaction des officinaux « si les médecins accédaient à la vente de médicaments par décision ministérielle sans que les pharmaciens participent aux discussions ? Pour l’UFML-S, c’est intolérable, c’est minable. Les pharmaciens ne sont pas des médecins, ils n’ont pas été formés à l’interrogatoire, à l’examen et au suivi des patients, ils n’ont pas été formés au diagnostic. […] Les syndicats de pharmaciens qui acceptent de participer au casse de la médecine pour sortir d’une crise en acceptent le déshonneur. »

Une porte que l’on pousse

Une diatribe rejetée en bloc par le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Pierre-Olivier Variot. Celui-ci souligne que, d’une part, ces textes ne sont pas nouveaux et, d’autre part, les patients s’adressent déjà aux pharmaciens depuis des années pour les besoins du quotidien. « Mon officine est située entre deux cabinets médicaux, l’un à 20 mètres et l’autre à 100 mètres, poursuit le président de l’USPO. J’oriente les patients qui en ont besoin chez l’un d’eux, mais lorsque quelqu’un tombe dans la rue, c’est la porte de ma pharmacie qu’il pousse, pas celle d’un médecin. Les patients vont au plus simple. Notre force, c’est d’être accessible tout le temps, sans rendez-vous, y compris dans les déserts médicaux. »
Côté Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), on renvoie la balle à l’envoyeur. « Je trouve que Jérôme Marty fait souvent des communiqués où il se déshonore », raille le président de la FSPF, Philippe Besset.

Arthur-Apollinaire Daum

Source : Le Quotidien du Pharmacien