La 37e Journée de l’Ordre a été l’occasion de rappeler les préoccupations, les attentes et les ambitions des pharmaciens à la ministre de la Santé qui, retenue au Sénat pour débattre du budget de la Sécurité sociale, a partiellement répondu dans une vidéo enregistrée.
Dans son discours de clôture de la 37e Journée de l’Ordre, qui s’est déroulée le 24 novembre, Carine Wolf-Thal, présidente de l’Ordre, a interpellé la ministre de la Santé Stéphanie Rist sur plusieurs sujets de préoccupation des pharmaciens. Les principaux faits marquants sont :
Des obligations déontologiques renforcées
Grande nouvelle : après bien des rebondissements, le nouveau code de déontologie devrait enfin voir le jour rapidement. La version en vigueur date de 1995. Une mise à jour, initiée en 2016, est très attendue par la profession, qui a bien évolué depuis. Ce nouveau code devrait notamment s’adapter au numérique et sera « renforcé sur l’obligation de la diffusion d’une information fiable pour lutter contre le charlatanisme, avec à la clé de possibles sanctions disciplinaires. Ces sanctions seront rendues publiques », a dévoilé la présidente de l’Ordre, Carine Wolf-Thal, lors de la table ronde sur la lutte contre la désinformation en santé, dont l’invité d’honneur était le Pr Mathieu Molimard, pharmacologue au CHU de Bordeaux.
La nouvelle version a été transmise au Conseil d’État pour validation. Il manquait une notification à l’Europe. « Je vous annonce ici que la Commission européenne vient d'être saisie pour la dernière étape. La publication interviendra donc d'ici trois mois », promet la ministre de la Santé.
Des attentions particulières sur les modes (et refus) de dispensation
« Plusieurs enjeux vont susciter des modifications importantes sur la dispensation des produits de santé », a averti la présidente de l’Ordre. À commencer par la refonte des textes européens encadrant le médicament, en discussion à la Commission européenne et visant plus spécifiquement l’industrie. L’Ordre tient à préserver « l'organisation de la chaîne pharmaceutique à la française », avec présence d’un pharmacien à chaque étape de la chaîne du médicament, garantissant sécurité et qualité.
Plus proche des officinaux, la conclusion de la Cour des comptes sur la dispensation à l’unité sied bien aux pharmaciens. Mais c’est surtout sa recommandation de développer et d’encadrer la préparation des doses à administrer (PDA) qui plaît à l’Ordre. L’instance se déclare être « à la disposition » du ministère pour travailler sur sa mise en œuvre.
L’Ordre déplore aussi les refus de soins discriminatoires, dont des refus de dispensation relevés par la Défenseure des droits dans un rapport récent. Pour les prévenir, le Cespharm diffuse des outils à remettre aux patients.
Enquête sur les violences sexistes et sexuelles en pharmacie
L’Ordre s’est déjà illustré dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Cette fois, Carine Wolf-Thal a annoncé la signature prochaine avec la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof) d’une convention visant à mieux repérer, orienter, accompagner les victimes et à prévenir ces violences subies ou commises par les pharmaciens. Une enquête pour évaluer l'ampleur de ces violences au sein même de la profession sera lancée en début d’année prochaine.
Réforme de la R3C : pour 2026 ?
Comme chaque année dans son intervention à la Journée de l’Ordre, le ministre de la Santé en exercice promet une réforme du troisième cycle des études de pharmacie imminente. Pour rappel, la réforme vise à créer un diplôme d'études spécialisées (DES) court (12 mois) pour l’officine et un DES court pour l’industrie, avec rénovation des maquettes de formation, augmentation de la période de stage, évolution du statut et de la rémunération de l'étudiant en stage officinal. « Les textes finaux sont prêts, transmis aux instances consultatives et ils seront publiés avant la fin de l'année pour une application à la rentrée 2026 », garantit Stéphanie Rist. « Cette réforme très attendue permettra aux étudiants de 6e année, en devenant pharmaciens juniors, d'être mieux formés, mieux gratifiés et mieux préparés à tous les modes d'exercice, en particulier aux zones rurales », poursuit Stéphanie Rist. Mais si la réforme a effectivement bien avancé, en coulisses, tout n’est pas encore statué question indemnités.
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