En janvier et février, le réseau officinal a connu une nouvelle hausse de 4,4 % de son chiffre d’affaires. Sur les neuf premières semaines de l’année, cette croissance est imputable pour 47,9 % au médicament remboursable qui affiche une hausse de 3,3 %.
Une performance qui ne doit pas cependant être attribuée uniquement aux médicaments chers (prix supérieur à 1930 euros), comme tient à le signaler, David Syr, directeur général de GERS Data. « Leur évolution a même tendance à ralentir avec une hausse de seulement 1 % de leur chiffre d’affaires en février par rapport à février 2024, alors même que le nombre de présentations a augmenté de 8 %. Quant aux médicaments dont le prix excède 468,97 euros, ils connaissent une progression de 6 % de leur chiffre d’affaires en février comparé à février 2024. » Les vaccins – et pas uniquement le vaccin grippe- se positionnent comme deuxième facteur de croissance du chiffre d’affaires. Ils réalisent un bond de 43,7 %, suivis de la santé familiale. D’ailleurs, tous les segments de l’officine voient leur activité progresser à l’exception du rayon maman & bébé en involution de 0,6 %. La dynamique positive de ce début d’année est cependant à relativiser, notamment en ce qui concerne le médicament, remboursé et conseil. Car si janvier a commencé sur des chapeaux de roue, principalement porté par le « conseil », le mois de février subit une inflexion. Après une croissance de 4,6 % au cours du premier mois de l’année, le chiffre d’affaires baisse de 0,2 % en février par rapport au mois de référence 2024. Et la pression est encore aggravée sur les volumes qui reculent de 4,3 %, et même de 5,5 % sur le médicament remboursable. « Sans doute la perte d’un jour en février – 2024 était une année bissextile (N.D.L.R.)- entre en ligne de compte », tempère David Syr. Parmi les plus forts contributeurs de chiffre d’affaires, Vyndaquel (+29 %), Eliquis (+8,1 %) et Eylea (+6 %). Bien qu’en chute de 11 %, Kaftrio se maintient à la quatrième position devant Dupixent qui bondit de 21 %. À noter la réapparition de Doliprane dans ce top 10 des ventes en pharmacie. Parmi les classes les plus contributrices, les vaccins qu’ils soient viraux (arrivée de Shingrix) ou bactériens (Prevenar) s’inscrivent dans le top 5, avec des croissances respectives de 81 % et 41 %, encadrant les antidiabétiques (+45 %).
Pour autant, l’ensemble de ces données est à analyser sous le prisme des baisses de prix annoncées pour cette année. Sur les économies prévues sur le médicament à la Loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2025, 94 millions d’euros ont déjà été réalisés en ville sur un objectif de 864 millions d’euros. Sur ce volume, 242 millions d’euros proviendront de l’effet report de baisses de prix intervenues en 2024.
À cette cadence, d’après les projections GERS Data et les premières publications au « Journal officiel » de ce début d’année, ce seront 1,255 milliard d’euros d’économies (prix bruts) qui sera réalisé fin 2025, contre 1 milliard d’euros (prix nets) initialement visé par les pouvoirs publics. Au-delà de ces baisses de prix qui, en tout cas pour les médicaments onéreux- ont peu d’impact sur la marge, la baisse des volumes de prescriptions est un paramètre essentiel du pilotage de l’économie officinale. Dans ce contexte, des relais de croissance s’imposent. Au rang desquels les biosimilaires dont le taux de pénétration est passé de 33,7 % à 36,9 % entre février 2024 et février 2025. Avec des taux variant de 10,1 % pour le ranibizumab (Lucentis) à 96,2 % pour le filgrastim.
L’automédication à la peine
Les ventes de pseudoéphédrine ont chuté de 90 %
Ce segment résiste mais reste soumis aux aléas des décisions des autorités. Qu’il s’agisse de listages ou de déremboursements.
Si le chiffre d’affaires des médicaments de prescription médicale facultative (PMF) enregistre une hausse de hausse de 4,2 % sur l’ensemble des mois de janvier et de février, GERS Data note un ralentissement à + 3,1 % pour le seul mois de février. Les volumes de ventes augmentent certes de 1,4 % sur les deux premiers mois de l’année, mais là encore le mois de février est la lanterne rouge, avec une chute de 2,4 % du volume de ventes.
L’automédication résiste, commente GERS Data, même si la part dans le chiffre d’affaires du conseil santé tend à se réduire. De 45 % à fin 2024, les produits de PMF n’en représentent plus que 41 % deux mois plus tard. GERS Data y voit la conjonction de plusieurs décisions. D’une part, le segment en effet très challengé par des changements de statut. Ou encore par des décisions, tel le listage de la pseudoéphrédrine le 11 décembre dernier. Cette mesure de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a provoqué une chute de 90 % des volumes de ventes, observe GERS Data. Un report s’est -partiellement- effectué au profit du segment PMF « rhume » qui enregistre une croissance de 49 % et se positionne en tête du top 5 des segments en hausse. Il est suivi par le segment « douleur et fièvre » qui évolue de 5 %. Autres segments à la hausse, la « constipation » (+ 13 %) -qui bénéficie sans aucun doute du déremboursement de Movicol- et les « brûlures d’estomac » (+7%). Une hausse à laquelle l’encouragement des médecins à déprescrire les IPP n’est certainement pas étranger, analyse GERS Data.
M. B.
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