La Cour des comptes vient de publier un rapport sur la téléconsultation, y précisant notamment l’intérêt de développer la téléconsultation assistée par un pharmacien d’officine dans les territoires fragiles.
La pratique de la téléconsultation est passée au crible de la Cour des comptes. « Si cet exercice a été en forte croissance pendant la pandémie, il est en déclin depuis », constate l’instance dans un rapport. Ainsi, en 2023, les téléconsultations ne représentaient que 2,2 % de l’activité des généralistes. De plus, l’usage de la téléconsultation apparaît décevant : le profil type de l’utilisateur – jeune, urbain, souvent en Île-de-France – est bien loin des populations et des territoires que l’on souhaiterait toucher : personnes âgées, handicapées, malades chroniques, zones en sous densité de médecins… En revanche, la situation semble quelque peu différente pour les téléconsultations assistées en officine. Certes, elles sont moins nombreuses : « En 2023, elles représentaient 7 % des téléconsultations totales et 0,2 % de l’ensemble des consultations réalisées », précise le rapport. Mais la forte implication du réseau officinal facilite l'accès aux téléconsultations, notamment dans les territoires sous-dotés.
En effet, plus d’un quart des officines ont participé à cette mission : en juin 2024, 28 % des officines ont facturé à l’assurance-maladie au moins une assistance à la téléconsultation depuis la mise en œuvre du dispositif, avec toutefois de fortes disparités territoriales (moins de 10 % dans le Finistère ou dans certains DROM, et plus de 50 % dans la Sarthe, l’Yonne, le Loiret…). De plus, assez souvent, ce télésoin en officine a eu lieu dans un désert médical : « Au niveau national, 42 % des téléconsultations assistées en officine ont été réalisées dans des zones d’intervention prioritaires (ZIP) entre 2019 et 2023, soit un niveau bien supérieur aux médecins généralistes (27 %) ou spécialistes (26 %) », relève la Cour des comptes. L’assistance à la téléconsultation en pharmacie d’officine est donc d’ores et déjà un outil d’amélioration de l’accès aux soins dans les zones souffrant d’un déficit en offre de soins.
Le rapport livre par ailleurs quelques chiffres intéressants, notamment au niveau du matériel de téléconsultation : 6 000 dispositifs de téléconsultation (cabines, bornes ou consoles, objets connectés tels que stéthoscope, oxymètre, tensiomètre, otoscope) sont déployés en France, dont 90 % en pharmacie. Environ 80 % des pharmacies sont équipées par Medadom, acteur majeur du secteur.
Sur le plan financier, reste à savoir si la pratique est intéressante. Les pharmaciens pratiquant le télésoin bénéficient d’une rémunération de l’assurance-maladie. La première année de mise en œuvre de la téléconsultation dans leur officine, ils reçoivent une rémunération forfaitaire de 1 225 euros TTC pour l’équipement. Les aides ultérieures, qui étaient de 350 euros les années suivantes (de 2018 à 2022), ont été supprimées au 31 mars 2023. Quant à l’aide à l’accompagnement du patient, son montant forfaitaire est maintenant limité à 750 euros TTC, pour 145 téléconsultations. En deçà de ce seuil, la rémunération est de 25 euros par tranche de 5 téléconsultations, soit un montant moyen versé de 5 euros par téléconsultation. Au final, le rapport estime que le coût moyen d’une téléconsultation assistée en pharmacie est de 4 euros en 2023 (il était de 138 euros en 2020, comme il y avait des aides plus élevées et des téléconsultations moins nombreuses).
Certaines pharmacies font beaucoup d’actes de téléconsultations et ont atteint le plafond pour obtenir le montant maximum de 750 euros pour 145 consultations. En 2023, elles sont 1 835 pharmacies à avoir réalisé plus de 146 téléconsultations (avec un maximum de 6 898 dans la Sarthe). Pour ces dernières, le montant moyen versé par téléconsultation s’est élevé à 0,49 euro.
Par ailleurs, en sus des forfaits versés par l’assurance-maladie aux pharmaciens impliqués, certaines ARS soutiennent financièrement des expérimentations visant à favoriser l’assistance à la téléconsultation.
Enfin, la Cour des comptes fait état de pratiques irrégulières survenues dans certaines pharmacies du Loiret, et des Yvelines notamment, qui demandaient un supplément au patient (5 à 7 euros par téléconsultation), mais ces pratiques ont été stoppées par l’assurance-maladie.
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