Fils de médecin ou de pharmacien, Pedro Julião naquit à Lisbonne vers 1220. Il étudia la théologie
et la médecine à Paris, et en ramena le surnom de Pierre d'Espagne, bien qu'il ait été en réalité
portugais. Nommé évêque de Braga, il assura sa charge tout en exerçant la médecine et en écrivant
plusieurs traités philosophiques et deux ouvrages médicaux. Son « Thesaurus Pauperum », ou
Trésor des pauvres, est un manuel pratique de médecine populaire. Il décrit les organes et les
maladies, ainsi que les traitements et remèdes à administrer, avec de nombreux conseils diététiques.
Régulièrement réédité et augmenté, d’abord manuscrit puis imprimé dès la fin du XVe siècle, il
sera considéré comme un classique irremplaçable jusqu’au milieu du XVIIIe, soit pendant près
de 400 ans.
Plus court, son traité d'ophtalmologie, « Liber de oculo » se veut une somme des maigres connaissances
d'alors sur le sujet. Il comporte une partie descriptive de l'œil et de ses maladies, des
conseils thérapeutiques et s'achève par une impressionnante liste de plus de 150 préparations de
collyres et d'ordonnances, principalement à base de plantes, adaptées à toutes les maladies de la
vue. L’oxyde de zinc et les préparations argileuses constituent la base de sa pharmacopée,
complétée par de nombreux conseils diététiques et recommandations curatives et préventives. Il
présente aussi des techniques opératoires et de bandages, qui montrent que son auteur pratiquait lui-même
l’ophtalmologie.
Pierre d’Espagne fut donc autant médecin que pharmacien, à une époque où
les frontières entre les deux arts restaient assez floues
Pierre d'Espagne devient Jean XXI
En 1273, Pierre prit part au Concile de Lyon, convoqué par le Pape Grégoire X, qui fit de lui son
médecin personnel pour mieux s'attacher ses services. Ce Concile institua notamment les
conclaves, durant lesquels les cardinaux ne peuvent sortir qu’après avoir élu un pape parmi eux.
Cette nouvelle règle, destinée à éviter les longues vacances du trône, s’appliqua dès la mort de
Grégoire X. Son successeur, Innocent V, fut élu en dix jours, mais il était déjà si âgé et malade qu'il
mourut en juin 1276, à peine cinq mois après son intronisation. Ce fut encore pire avec le pape
suivant, Adrien V, qui régna tout juste un mois, de mi-juillet à mi-août 1276. Obligés alors d'élire un
troisième pape au cours de la même année, les cardinaux se mirent à la recherche d'un candidat
plus jeune et plus vaillant… et le choix se porta sur Pierre.
Comme l’écrit un de ses biographes, il fallait trouver un pape dont on pouvait penser qu'il resterait
longtemps en fonction. Personne n'était mieux destiné à ce rôle que Pierre d’Espagne, « médecin
capable d'évaluer sa propre santé et qui disait souvent que sa robuste constitution lui garantirait une
très longue vie ». C’est ainsi qu’il fut élu le 13 septembre 1276.
Le nouveau pape prit le nom de Jean XX, mais l'Église corrigea peu après le chiffre après s'être
aperçue qu’elle s’était trompée dans ses propres listes, si bien qu’il devint officiellement Jean XXI.
Comme plusieurs papes du XIIIe siècle, il ne résidait pas à Rome, mais à Viterbe, dans le nord
du Latium. Il y fit construire une nouvelle bibliothèque pour travailler plus tranquillement. C'est là
que, le 14 mai 1277, une partie du toit s'écroula sur lui : il mourut six jours plus tard de ses graves
blessures.
Sur le plan scientifique, Pierre d’Espagne fut donc autant médecin que pharmacien, à une époque où
les frontières entre les deux arts restaient assez floues. En 1231, toutefois, l’édit de Salerne
promulgué par l’Empereur Frédéric II interdit aux médecins de vendre eux-mêmes les médicaments
qu’ils prescrivaient, ce qui est souvent considéré comme l’acte de naissance de la pharmacie en tant
que telle. En France, ce principe sera repris en 1271 par les médecins et apothicaires de Paris.
Observatoire de l’économie officinale
Les ruptures de stock plombent la rémunération des officines
Insolite
Un antivirus à la gomme
L’actualité de l’agencement et de l’équipement
Medaviz et Doctoome s’allient pour faciliter le parcours de soins
La Pharmacie du Marché
Celui qui rêvait d’être pharmacien