Prévention du cancer

La Ligue contre le cancer plaide pour une vaccination obligatoire contre le HPV

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Publié le 02/05/2025
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Recommander la vaccination des adolescents contre les infections à papillomavirus (HPV) n’est pas suffisant pour atteindre 80 % de couverture vaccinale d’ici à 2030, estime la Ligue contre le cancer. Il est temps, selon elle, de rendre cette vaccination obligatoire. Les pays qui l’ont fait prévoient d’éradiquer le cancer de l’utérus dans les années qui viennent.

« Nous ne sommes pas allés assez loin », a reconnu fin mars la ministre Catherine Vautrin, face au bilan mitigé de la campagne de vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) lancée dans les collèges en 2023. « Il est temps de rendre ce vaccin obligatoire », a répondu le président de la Ligue contre le cancer, Philippe Bergerot, le 22 avril. Ce vaccin prévient jusqu'à 90 % des infections HPV à l'origine de 6 400 cancers chaque année (col de l’utérus, vagin, vulve, pénis, anus et oropharynx). « Tant que le vaccin sera facultatif, la Ligue contre le cancer et ses 103 comités répondront présents, a-t-il insisté. Le rendre obligatoire est la seule manière d’assurer une couverture universelle, d’éliminer les inégalités et d’éradiquer les cancers HPV. C’est à la fois une mesure de santé et de justice ».

À quand l’inscription dans le carnet vaccinal ?

La vaccination est recommandée pour les adolescentes et adolescents de 11 à 14 ans révolus, avec un rattrapage possible entre 15 et 19 ans. Depuis 2023, les élèves de 5e peuvent être vaccinés gratuitement, sous réserve d'une autorisation de leurs deux parents, dans les collèges publics et les établissements privés volontaires. Conséquence : un bond de 20 % chez les élèves nés en 2011 (48 % chez les garçons et à 62 % chez les filles), mais cela reste très en dessous de l’objectif fixé de 80 % d’ici 2030. Si en moyenne une fille de 15 ans sur deux (54,6 %) et un garçon sur quatre (25,9 %) ont reçu la première des deux doses, ce taux tombe à moins de 50 % en Provence-Alpes-Côte-d’Azur (46,6 %), en Île-de-France (45,8 %) et en Corse (45,5 %). Il chute encore plus bas dans les DROM : en Guyane (29,3 %), à La Réunion (24,4 %) et à la Martinique (21,9 %).

La Ligue contre le cancer a déployé différentes stratégies pour informer et inciter les jeunes à la vaccination. Elle organise ainsi une centaine d’ateliers en classe de 5e chaque année, à Paris, et forme des enseignants en Ille-et-Vilaine. Mieux : elle prend en charge la part non remboursée du vaccin, lorsqu’il est fait en pharmacie ou en libéral, en Loire-Atlantique. « Une dose de vaccin coûte 115 euros dont 35 % à la charge de la personne. Un schéma vaccinal complet nécessite au moins deux doses, soit 80,50 euros de reste à charge. Un coût non négligeable pour les personnes sans complémentaire santé », explique la Ligue.

Pour « aller plus loin », il faudrait l’inscrire au calendrier vaccinal. C’est ce qu’on fait les pays en passe d’éradiquer le cancer de l’utérus. En Australie, qui a été le premier pays à généraliser le vaccin en 2007, et dans les pays scandinaves qui ont enchaîné juste après. Le Danemark a ainsi annoncé, le 14 avril, qu’il devrait avoir éradiqué ce cancer d'ici à 2040. Dans ce pays, le vaccin gratuit a été introduit chez les filles en 2008, chez les garçons dix ans plus tard. 89 % des ados de 12 ans ont reçu la première dose. « Ce sera la première fois qu'un type de cancer disparaît », s’est félicitée la Ligue danoise de lutte contre le cancer.

Isabelle Duriez

Source : Le Quotidien du Pharmacien