Insolite

Je pique à droite ou à gauche ?

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Publié le 15/05/2025
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Si vous êtes comme moi droitier (ce qui n’est guère original), je parie que vous tendez le bras gauche lorsqu’une seringue de vaccin se présente. Rassurez-vous, ce réflexe de bon sens ne pose pas problème. Là où vous devriez en revanche vous interroger, c’est lors de la piqûre de rappel… Même bras, bras opposé ? Une très récente publication dans Cell, vient éclairer ce choix d’un nouveau jour. Les chercheurs sont partis du postulat de départ suivant : les lymphocytes B mémoire, essentiels à la réponse immunitaire, se maintiennent dans les ganglions les plus proches du site de la primo-vaccination. Présents dans les couches externes du ganglion, ils interagissent avec les macrophages et les mettent en alerte. Lors de la seconde injection de vaccin, les macrophages déjà préparés capturent l’antigène et pourraient activer plus rapidement les lymphocytes B mémoire pour produire des anticorps. Dans le but de vérifier cette hypothèse, les scientifiques ont mené une étude sur 30 volontaires recevant un vaccin anti-Covid-19 à ARNm de Pfizer-BioNTech (Comirnaty) et ont mesuré l’immunogénicité selon que les deux injections se faisaient dans le même bras ou, alternativement, dans les deux bras. Résultat ? Les participants ayant reçu les deux injections dans le même bras ont produit des anticorps neutralisants contre le SARS-CoV-2 beaucoup plus rapidement que les autres, au cours de la première semaine suivant le rappel. Les chercheurs ont en outre observé que les anticorps produits étaient également plus efficaces contre les variants Delta et Omicron. Un surplus de protection qui pourrait s’avérer précieux lorsqu’une épidémie est en cours, insistent les auteurs, pour qui ce principe du « bras unique » n’est toutefois pas applicable aux vaccinations saisonnières telle celle contre la grippe. Enfin, vous ne vous rappelez plus quel bras vous avez tendu lors de votre première injection ? Pas de panique, le surcroît de protection offert par la « doublette » n’est sensible que durant les 4 premières semaines qui suivent le rappel. Au-delà…

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien