Les mots du patient
- « Une plaque ronde indurée mais indolore est apparue à l’extrémité du sexe et j’ai un ganglion gonflé à l’aine. »
- « La chaude-pisse, c’est une maladie grave ? »
- « Est-il vrai que la syphilis se traite par une seule injection d’antibiotique ? »
- « Comment convaincre ma fille de se faire vacciner contre le cancer du col de l’utérus ? »
- « Une infection sexuellement transmissible peut-elle entraîner une stérilité ? »
Les points clés
- La prise en charge des infections sexuellement transmissibles (IST) a fait l’objet de nouvelles recommandations de la HAS en 2024 et 2025, dans un contexte d’accroissement préoccupant de leur incidence.
- La syphilis évolue sur une longue période en trois phases et peut induire des complications neurologiques sévères. Son traitement repose sur l’injection de benzathine-pénicilline G, avec alternative par la ceftriaxone ou par la doxycycline.
- La gonococcie reste souvent asymptomatique chez la femme, ce qui favorise sa transmission. Elle relève généralement d’un traitement « minute » par la ceftriaxone.
- Induite par une bactérie intracellulaire, la chlamydiose est à l’origine d’urétrites chez l’homme et de cervicites avec risque de stérilité chez la femme, parfois d’une lymphogranulomatose vénérienne (LGV). La prise en charge repose essentiellement sur la doxycycline ou sur l’azithromycine.
- Souvent asymptomatique, la trichomonase est une IST parasitaire, traitée par le métronidazole ou un autre 5-nitro-imidazole.
- Une papillomavirose expose à un risque de lésions cutanéomuqueuses anogénitales mais, surtout, à un risque de cancer, notamment utérin : la prévention vaccinale chez l’adolescent doit être fortement encouragée.
- Le traitement d’une infection par mycoplasme non compliquée repose sur la doxycycline, dont l’administration initiale est suivie, selon la résistance de la bactérie, par celle d’azithromycine ou celle de moxifloxacine.
De nouvelles recommandations
Comptant parmi les motifs de consultation les plus fréquents, les infections sexuellement transmissibles (IST) sont en augmentation dans beaucoup de pays dont la France, particulièrement chez les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH). Ainsi, en France en 2023, le nombre de cas diagnostiqués de chlamydioses, de gonococcies ou de syphilis a été estimé à 55 500, 23 000 et près de 6 000 respectivement. Ces chiffres augmentent en raison d’un moindre respect des gestes de prévention et de la banalisation des comportements à risque (chemsex par exemple).
La HAS a actualisé en 2024 et début 2025 nombre de recommandations concernant la prise en charge des principales IST (syphilis, gonococcie, chlamydiose…).
Les infections par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ou par un virus hépatotrope, notamment celui de l’hépatite B (VHB), ne sont pas évoquées dans cet article, pas plus que l’herpès génital, objet d’un dossier ultérieur.
Quelques points méritent d’être soulignés en préambule :
- Tout signe évocateur d’infection génitale fait suspecter une IST ;
- Une IST témoigne de pratiques sexuelles non protégées justifiant une modification des comportements à risque avec (relative) abstinence, réduction du nombre de partenaires, protection systématique (préservatif masculin ou féminin) même si son efficacité n’est pas absolue (risque de rupture, lésions contaminantes hors de la zone protégée) ;
- Les rapports sexuels, y compris oraux-génitaux ou oraux-anaux, doivent être protégés. En l’absence de recours systématique à une protection mécanique efficace, le dépistage des IST doit être régulier et suivi d’un traitement en cas de contamination.
- Les partenaires du sujet infecté, même asymptomatiques, sont traités (aspect non détaillé ici) ;
- Un patient traité doit s’abstenir de rapport sexuel non protégé tant qu’il reste contaminant ;
- La santé sexuelle passe par le diagnostic (parfois traumatisant au plan psychologique) et par la prise en charge des IST, grâce à un traitement assorti de conseils de prévention, d’une protection à l’égard des violences sexuelles, etc. La prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH et les traitements post-exposition trouvent leur place dans ce contexte.
La HAS a actualisé en 2024 et début 2025 nombre de recommandations concernant la prise en charge des principales IST.
Syphilis
IST strictement humaine, la syphilis est induite par une bactérie gram négatif parasite du groupe des spirochètes : le tréponème (Treponema pallidum). La contamination est directe, par contact vénérien ou avec des sérosités riches en tréponèmes. Entre 12 000 et 13 000 cas sont diagnostiqués chaque année en France, en majorité chez des HSH, bien que le nombre de cas augmente dans les deux sexes, de façon marquée chez les femmes et les hommes de 50 ans et plus. L’examen direct des sérosités met en évidence le parasite ; sinon, un diagnostic sérologique est possible dès le 10e jour suivant l’apparition du chancre. Si la majorité des patients consultent en raison de symptômes évocateurs, la syphilis reste détectée tardivement dans environ un tiers des cas. Le dépistage est systématique au cours du premier trimestre de la grossesse.
Évolution par phase
La maladie évolue en phases symptomatiques de sévérité croissante que séparent des phases asymptomatiques. Cette progression est plus rapide et plus péjorative chez le sujet vivant avec le VIH. Adaptée à son stade, au type des atteintes organiques ainsi qu’à une éventuelle grossesse, sa prise en charge a fait l’objet de recommandations de la HAS en avril 2025. Dans tous les cas, elle s’accompagne d’une surveillance de la décroissance des marqueurs sérologiques de l’infection.
Après environ trois semaines d’incubation, l’infection se révèle par un chancre génital (95 % des cas) mais parfois buccal ou anal ; il passe alors inaperçu. S’accompagnant d’une adénopathie satellite non inflammatoire, cette ulcération au contour net, indolore, exsudative, cicatrise spontanément en trois à douze semaines. Cette étape est dite « primaire ». Suit une phase de dissémination du tréponème (dite « secondaire »), commençant deux mois environ après le contage, pouvant donc coexister avec le chancre, et persistant plusieurs mois. Elle se caractérise par des signes cutanéo-muqueux affectant notamment le tronc (macules de « roséole » puis papules cuivrées constituant des « syphilides »), accompagnés de signes généraux (fièvre, asthénie, manque d’appétit, etc.), d’une adénopathie et parfois d’atteintes organiques et neurologiques (troubles visuels, auditifs, vertiges, etc.). Tout ceci disparaît en quelques mois, sans séquelles. Suit une phase dite « latente », asymptomatique, durant laquelle les anticorps (détectés par la sérologie) persistent. L’infection peut demeurer latente de manière permanente, mais des rechutes avec lésions cutanéo-muqueuses contagieuses s’observent quelquefois.
Traitement antibiotique
Le traitement d’une syphilis précoce ou latente repose sur l’injection IM de benzathine pénicilline G (BPG) à raison de 2,4 MUI. L’alternative est constituée par la doxycycline (200 mg/j durant 14 jours), voire par la ceftriaxone (1 g/j en IV durant 10 jours). Le recours à l’azithromycine (1 g/j durant 14 jours) n’est pas adapté en raison de la sélection de résistances.
Exceptionnelle de nos jours, la forme « tertiaire » apparaît plusieurs années après le contage : elle peut rester asymptomatique ou se traduire par des lésions tumorales bénignes ulcérées externes (« gommes ») ou internes, par des lésions cardiovasculaires, viscérales, osseuses et neurologiques d’évolution parfois létale en l’absence de traitement. La réplication du parasite est lente à ce stade, d’où la nécessité d’instaurer une antibiothérapie prolongée. Le traitement repose sur la BPG (3x2,4 MUI à une semaine d’intervalle) ou sur la doxycycline (200 mg/j sur 28 jours).
Une neurosyphilis (atteintes ophtalmiques, otologiques, périphériques avec perte de contrôle des sphincters et paralysies, centrales avec troubles cognitifs) relève d’un traitement par BPG à raison de 20 MUI/j en perfusion, sur 10 à 14 jours ou par ceftriaxone en alternative (2 g/j en perfusion IV, durant 10 à 14 jours). La prise en charge d’une atteinte oculaire ou otologique peut justifier un traitement spécifique.
La syphilis cardiovasculaire (sténose des coronaires, insuffisance valvulaire, dissection aortique, etc.) justifie un traitement par BPG (3x2,4 MUI en IM à J1, J8 et J15), avec alternative par la doxycycline (200 mg/j sur 28 jours).
La grossesse est problématique chez une femme atteinte de syphilis : dans 25 % des cas, l’enfant contaminé meurt avant terme ; dans 25 % des cas, il naît avec une sévère hypotrophie. Le traitement de la femme enceinte est identique à celui de la population générale. Doxycycline et ceftriaxone ne sont pas recommandées (voire contre-indiquées) mais leur usage s’envisage malgré tout en cas d’allergie aux bêtalactamines.
Gonococcie
Souvent asymptomatique chez la femme
Connue aussi comme blennorragie (« chaude pisse »), la gonococcie ou gonorrhée est due à une bactérie gram négatif transmise par voie sexuelle (vaginale, anale ou orale) : le gonocoque (Neisseria gonorrhoeae). Quelque 14 000 cas sont enregistrés chaque année en France, notamment chez l’adolescent, le jeune adulte et l’HSH. Après une incubation de 2 à 5 jours, l’infection se manifeste par une inflammation urétrale aiguë avec sensation intense de brûlure à la miction et écoulement purulent chez l’homme alors que, chez la femme, elle reste le plus souvent asymptomatique ou discrète, avec inflammation du col, de la vulve et du vagin, parfois de l’urètre, et avec des pertes purulentes. Il existe des localisations rectales, utérines et pharyngées. La gonococcie constitue un facteur majeur de transmission du VIH.
Le diagnostic repose sur la clinique et sur des cultures ou sur des tests par amplification des acides nucléiques (TAAN) après des écouvillonnages réalisés, chez l'homme, sur les écoulements urétraux ou endo-urétraux et, chez la femme, au niveau du col utérin ; des prélèvements anaux et pharyngés sont systématiques dans les deux sexes.
Traitement antibiotique
Une gonococcie non compliquée, y compris chez un sujet vivant avec le VIH, régresse en quelques jours sous antibiothérapie « minute ». Les rapports sexuels restent cependant évités ou protégés durant une durée minimale d’une semaine après le traitement. Les résistances du germe constituent toutefois un problème de santé publique. Selon les recommandations HAS (2025), le traitement de cette infection repose, chez l’adulte, sur l’injection IM (alternative éventuelle IV) de 1 g de ceftriaxone (sans attendre le résultat de l’antibiogramme), ou, à défaut, sur l’administration de gentamicine (240 mg en IM), de ciprofloxacine (500 mg en prise orale unique après validation de la sensibilité du germe, recommandée si forme urogénitale, rectale ou pharyngée) ou de céfixime (400 mg en prise orale unique après validation de la sensibilité du germe, forme urogénitale ou rectale). L’azithromycine (2x1 g à 6 heures d’intervalle) constitue une troisième ligne. Ce macrolide s’associe à la ceftriaxone dans certaines situations de résistance. Cette prise en charge se conjugue à celle de l’infection à Chlamydia trachomatis (cf. plus loin). La prescription est adaptée si les symptômes persistent au troisième jour ; une consultation de fin de traitement (J7) valide la guérison - certaines situations justifient la réalisation d’un test d’éradication post-traitement.
Gonococcie : les rapports sexuels restent protégés pour une durée minimale d’une semaine après le traitement
Des complications hautes surviennent parfois sur une forme non traitée ou si le traitement, mal conduit, n’a pas été assez efficace : il s’agira en ce cas chez l’homme d’une infection prostatique, d’une orchi-épididymite, voire d’une sténose urétrale, et chez la femme d’une endométrite, d’une salpingite associée à un risque de grossesse extra-utérine, de pelvi-péritonite voire de stérilité. Ces localisations hautes justifient l’administration en première ligne de ceftriaxone associée à de la doxycycline ou du métronidazole.
Les formes invasives, articulaires, ophtalmiques, méningées ou cardiaques relèvent en première intention de l’administration de ceftriaxone selon des schémas décrits dans les recommandations, l’antibiothérapie de seconde intention relevant alors d’un avis spécialisé.
Chlamydiose et lymphogranulomatose vénérienne (LGV)
Un risque de stérilité
Chlamydiose et LGV résultent de l’infection par une bactérie intracellulaire : Chlamydia trachomatis (CT). Il s’agit de l’agent le plus banalement retrouvé dans les IST non gonococciques avec près de 100 000 cas déclarés chaque année en France, à dominante féminine (même si ce nombre augmente proportionnellement plus chez les hommes). Le portage asymptomatique constitue le principal réservoir, la transmission se faisant lors de rapports sexuels non protégés.
100 000, c’est le nombre de cas déclarés de chlamydioses chaque année
Cette bactérie est le plus souvent à l’origine d’infections urogénitales d’intensité modérée, principalement d’urétrite chez l’homme et de cervicite chez la femme, parfois d’une infection génitale haute avec alors risque de stérilité tubaire.
Le sérotype L du germe peut être à l’origine d’une LGV (maladie de Nicolas-Favre) qui affecte, dans les pays développés, les HSH, les prostitués ou les voyageurs de retour d’une zone d’endémie. Cette maladie évolue en trois phases. La lésion primaire, génitale ou rectale, se résume à une papule non indurée, souvent érosive, indolore, qui disparaît rapidement ; elle peut induire une orchi-épididymite ou une prostatite. Survient, 2 à 6 semaines plus tard, une phase secondaire avec une adénopathie inguinale ou crurale le plus souvent unilatérale : elle devient parfois inflammatoire et s’accompagne de signes généraux (fièvre, anorexie, arthralgies, myalgies, etc.). Une rémission spontanée suit en quelques mois. Toutefois, en l’absence de traitement, une phase tertiaire tardive peut s’observer, avec développement d’une fibrose, abcédation, rétrécissement rectal, fistulisations périanales s’associant à des troubles du drainage lymphatique. Il existe des chlamydioses oculaires (sérotypes D et K) ou oropharyngées et, fréquemment, des formes asymptomatiques.
Le diagnostic repose sur la clinique et sur la biologie (prélèvement d’urine, de pus ou tissulaire) (+ génotypage si résultat positif avec anorectite). La sérologie n’est utile que dans des situations spécifiques. La banalité des formes asymptomatiques justifie leur dépistage dans plusieurs situations : HSH à partenaires multiples, grossesse, adolescents et adultes jeunes (cf. Recommandations HAS 2018).
Traitement antibiotique
Selon les recommandations HAS 2025, les formes non compliquées (urétrite et cervicite) ainsi que les orchi-épididymites et les prostatites à CT relèvent d’un traitement par doxycycline (2x100 mg/j sur respectivement 7 jours et 10 jours). En deuxième intention le choix porte sur l’azithromycine (1 g, en dose unique pour une urétrite ou cervicite ; deux doses à J1 et J7 pour une orchi-épididymite ou une prostatite), puis sur l’ofloxacine (2x200 mg/j sur 7 jours dans toutes les situations) ou sur la lévofloxacine (500 mg/j sur 7 jours, idem).
Le traitement repose chez la femme enceinte sur la doxycycline (1er trimestre) ou sur l’azithromycine (2e et 3e trimestres) avec alternative par l’érythromycine (4x500 mg/j sur 7 jours) ou autre antibiotique sur avis de spécialiste.
La prise en charge de l’infection est plus détaillée dans la recommandation HAS : elle repose dans ses diverses expressions sur les mêmes schémas antibiotiques, la durée du traitement étant variable (ex : LGV traitée sur 21 jours par doxycycline 2x100mg/j ou par azithromycine).
TPE-Doxy
La HAS a publié en janvier dernier des bonnes pratiques encadrant l’usage de la doxycycline en prévention d’IST sensibles (chlamydiose, gonorrhée, syphilis) de façon à en infléchir la croissance épidémique.
Cet antibiotique peut être proposé en traitement post-exposition (« TPE-Doxy »), une dose unique de 200 mg étant administrée le plus tôt possible (< 72 heures après le rapport), sans excéder 3 prises/semaine. Cette prophylaxie a démontré son efficacité chez l’HSH et la femme trans à haut risque d’IST. Elle est inutile chez un sujet déjà bénéficiaire d’un traitement par doxycycline au long cours.
La prophylaxie pré-exposition par la doxycycline (« PrEP-Doxy ») n’est pas recommandée en France.
Trichomonase
Survenant le plus souvent chez la femme jeune, la trichomonase est une IST causée par un protozoaire flagellé uniquement transmis par voie sexuelle : Trichomonas vaginalis. L’infection incube durant 4 jours à 4 semaines environ. Elle se traduit chez la femme par une vulvo-vaginite subaiguë avec leucorrhées mousseuses, purulentes, quelquefois abondantes, souvent associée à des signes d’urétrite, à un prurit parfois intense et une dyspareunie ; elle reste asymptomatique dans 10 % à 50 % des cas. Chez l'homme, elle est asymptomatique dans 15 % à 50 % des cas également ; lorsqu’elle donne lieu à des signes cliniques, elle se manifeste de façon discrète par un suintement urétral avec éventuellement une inflammation prurigineuse du méat.
Le parasite sera recherché en deuxième intention, en cas de négativité de la recherche de Chlamydia trachomatis et de Neisseria gonorrhoeae (chez la femme et l'homme) et de négativité du prélèvement vaginal bactériologique et mycologique (femme). Le diagnostic, direct, est posé après examen gynécologique et identification microscopique du parasite sur des écouvillonnages vaginaux ou dans la leucorrhée (femme), sur des échantillons urétraux ou du premier jet urinaire (homme).
Les recommandations (HAS novembre 2024) préconisent le recours au métronidazole à raison de 2x500 mg/j sur 7 jours. Une alternative par dose unique (2 g) de métronidazole ou de secnidazole, voire de tinidazole (2 g), est possible. Une résistance fait recourir ensuite, durant 7 jours, à la dose de 2x1 g/j de métronidazole ou de 2 à 3 g/j de tinidazole. Un traitement local (hors AMM : ovules d’acide borique, crème à la paromomycine) sera proposé en cas d’allergie. L’usage de 5-nitro-imidazoles contre-indique la prise d’alcool (risque d’effet antabuse). Les partenaires sexuels sont traités d’emblée.
Papillomavirose
Les papillomavirus humains (HPV = human papillomavirus) sont des virus à ADN infectant les kératinocytes dont ils induisent la multiplication - d’où formation de condylomes, des excroissances verruqueuses - et dont certains sérotypes sont oncogènes. Ils sont à l’origine en France, chaque année, d’environ 100^000 cas de ces condylomes, de 35 000 lésions précancéreuses et de 6 400 cancers, dont près de la moitié du col de l’utérus.
Les condylomes se développent sur la muqueuse péri-anale ou génitale après un mois à un an d’incubation. Ces papules bénignes caractéristiques - d’où le diagnostic aisé - sont associées à des HPV à faible potentiel oncogène (sérotypes 6 et 11). Leur traitement est physique (cryothérapie, électrocoagulation, laser CO2, photothérapie dynamique, etc.), topique (podophyllotoxine solution 0,5 % : Condyline ; fluorouracil crème 5 % : Efudix ; imiquimod crème 5 % : Aldara ; autres molécules hors AMM) et parfois chirurgical.
De façon plus préoccupante, certains sérotypes d’HPV potentiellement oncogènes (16 et 18 avant tout mais aussi 31, 33 et 45) peuvent induire des dysplasies puis, en quinze ans d’évolution environ, des cancers au niveau du col utérin, de la bouche ou de l’oropharynx (sexualité bucco-génitale). Toutes les femmes de 25 à 65 ans doivent donc être sensibilisées à la nécessité d'un dépistage régulier sur frottis vaginal car les vaccins ne protègent pas contre l'ensemble des HPV oncogènes.
La prophylaxie vaccinale est d'autant plus efficace qu’elle est précoce, les sujets vaccinés n'ayant pas encore été exposés au HPV. Deux vaccins recombinants bénéficient d’une AMM en France : Gardasil 9, nonavalent, protège notamment contre les 16 et 18 cancérigènes (il est recommandé pour toute nouvelle vaccination) ; Cervarix, bivalent, protège contre les génotypes 16 et 18. La HAS a publié en mai dernier une recommandation préconisant un rattrapage vaccinal pour les femmes et les hommes jusqu'à l'âge de 26 ans révolus, en rappelant que la priorité reste la vaccination des adolescents âgés de 11 à 14 ans. Le schéma vaccinal diffère selon l’âge : deux doses espacées de 5 à 13 mois avant 15 ans et 3 doses en rattrapage (respectivement 2 et 6 mois après la première), passé 15 ans. Les pharmaciens et les infirmiers peuvent prescrire et administrer le vaccin anti-HPV.
Mycoplasmes
Mycoplasma genitalium (Mg) est une bactérie dépourvue de paroi, endoparasite des cellules épithéliales des muqueuses urogénitales et rectales. Elle est responsable, chez l’homme, d’une proportion significative des urétrites non gonococciques et non chlamydiennes et, chez la femme, de cervicites et d’infections génitales hautes.
Le traitement est délicat du fait d’un manque de sensibilité à la plupart des antibiotiques. Pour limiter le risque de sélection rapide de (multi) résistances, l’antibiothérapie est proposée aux seuls patients présentant une infection symptomatique aiguë ou persistante, sans co-IST (les autres IST sont recherchées et gérées en première intention). Un sujet asymptomatique n’est plus traité, l’élimination spontanée du parasite n’étant pas rare. Les partenaires sexuels d’un sujet symptomatique sont dépistés et traités.
La prise en charge d’une forme non compliquée repose sur un traitement syndromique séquentiel guidé sur la résistance (TSGR) par doxycycline (2x100 mg/j sur 7 jours). Cette séquence est suivie, si absence de résistance aux macrolides, par l’administration d’azithromycine (2 g/j sur 3 jours) ; la persistance des symptômes fait prescrire de la moxifloxacine (400 mg/j sur 7 jours). Une résistance aux macrolides justifie un recours direct à la moxifloxacine (400 mg/j sur 7 jours). La rémanence des signes cliniques fait rechercher une résistance aux fluoroquinolones avec avis spécialisé et administration de pristinamycine, doxycycline ou minocycline.
Le traitement d’une forme compliquée diffère selon le sexe. Chez la femme, l’infection génitale haute à Mg est traitée de façon probabiliste par ceftriaxone (1 g, dose unique), doxycycline (2x100 mg/j) et métronidazole (2x500 mg/j) avec alternative par moxifloxacine + métronidazole. Une fois l’infection documentée, le relais est pris par la moxifloxacine (400 mg/j sur 14 jours).
Chez l’homme, l’orchi-épididymite à Mg est traitée par la moxifloxacine (400 mg/j sur 10 à 14 jours), une éventuelle co-IST étant traitée en première intention.
Un test de vérification de l’éradication du germe est effectué si persistance des signes cliniques plus de trois semaines après la fin du traitement.
Testez-vous
1. Le traitement de la syphilis repose sur :
a) L’injection de pénicilline ;
b) La doxycycline ;
c) L’imiquimod.
2. Un chancre syphilitique est :
a) Exsudatif ;
b) Prurigineux ;
c) Indolore.
3. La gonococcie est traitée par :
a) La doxycycline ;
b) L’amoxicilline ;
c) La ceftriaxone.
4. L’infection par le papillomavirus humain (HPV) peut-être à l’origine :
a) De condylomes acuminés ;
b) De cancers oropharyngés ;
c) D’une lymphogranulomatose vénérienne (LGV).
5. Le vaccin contre l’HPV est :
a) Conseillé en rattrapage vaccinal jusqu’à l’âge de 26 ans ;
b) Le plus souvent réalisé en une injection ;
c) Indiqué dès l’âge de 9 ans.
Réponses : 1. a) et b) ; 2. a) et c). 3. c) ; 4. a) et b) ; 5. a).
Questions sur ordonnance
Monsieur Thierry H., 25 ans
Doxycycline 100 mg gélule : 2 gélules/jour durant 7 jours
Ce patient hétérosexuel, célibataire, à partenaires multiples, a consulté pour des « picotements » urétraux exacerbés à la miction, son méat étant discrètement inflammé. Il n’a ni douleur ni œdème scrotal, ni non plus de lésions anales. Un test de recherche par amplification génique de Chlamydia trachomatis, agent de la chlamydiose, sur l’urine du premier jet matinal s’est révélé positif. Le médecin a donc prescrit un traitement par doxycycline, conforme aux recommandations, et un test de dépistage de l’infection par le VIH.
Quel principe actif ?
La doxycycline est un antibiotique de la famille des tétracyclines ayant un spectre large, englobant Chlamydia trachomatis, une bactérie parasite des cellules, strictement humaine.
Y-a-t-il des insuffisances et des interactions ?
Non : traiter sur une semaine suffit dans la plupart des présentations de chlamydioses.
Et la posologie ?
Elle est correcte.
Le conseil du pharmacien
La doxycycline est prise pendant un repas avec un grand verre d’eau pour éviter que la gélule ne demeure « collée » sur l’œsophage. Pour cette même raison, le patient ne s’allongera pas durant l’heure suivant cette prise. Il ne s’exposera pas au soleil et se protégera des ultraviolets durant la phase d’usage du médicament car les cyclines sont photosensibilisantes. Monsieur H. s’abstiendra de rapports sexuels durant le traitement ou aura recours à des préservatifs (quel que soit le type de pénétration pratiquée) et évitera le partage de sex-toys. Il préviendra ses partenaires afin que celles-ci bénéficient d’un dépistage, et ce d’autant plus que la chlamydiose est plus préoccupante chez la femme. Par ailleurs, il faut souligner que cette infection peut être récurrente car l’immunité acquise reste faible.
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