2024 a marqué le retour à une croissance contenue du chiffre d’affaires enregistré par le réseau officinal. L’augmentation du chiffre d’affaires moyen de la pharmacie française de 4,4 % en 2024 ne doit pas, cependant, cacher une dégradation de la marge dans un contexte de hausse des coûts, dont les salaires, selon les experts-comptables de KPMG (en passe de devenir Rydge conseil). Près des deux tiers des officines ont enregistré une baisse de leur rentabilité en 2024.
Après deux années exceptionnelles boostées par les missions liées au COVID, puis une année 2023 de retour à la normale, le chiffre d’affaires moyen des officines repart à la hausse en 2024 : + 4,4 % par rapport à 2023. Il se situe désormais à 2,115 millions d’euros en moyenne, selon la branche expert-comptable de KPMG, en passe de devenir Rydge Conseil. « Une situation étonnante car on aurait pu craindre un nouveau ralentissement de la croissance, analyse Emmanuel Leroy, associé au pôle national santé. La question est de savoir si cette croissance est rentable. »
Cette moyenne cache cependant de grandes disparités au sein du réseau. Si 32 % des pharmacies subissent un recul d’activité, l’écart est flagrant entre les 10 % les moins performantes (-5,3 %) et les 10 % les plus performantes (+ 15,5 %). « Ces dernières tirent la moyenne vers le haut », analyse l’expert Emmanuel Leroy. Sans surprise, les petites officines de moins de 1,1 million d’euros de chiffre d’affaires peinent davantage. En revanche, celles de taille intermédiaire, entre 1,1 million d’euros et 2,2 millions d’euros, enregistrent la progression la plus dynamique, soit + 5,3 % (contre + 4,4 % pour les pharmacies de plus de 2,2 millions d’euros).
En termes d’implantation, les pharmacies de centres commerciaux confirment leur reprise post-COVID avec une croissance robuste (+ 6,7 %). Les officines urbaines affichent une hausse de 5 %, « mais certaines zones souffrent d’une surdensité concurrentielle qui appellera à des restructurations dans l’avenir », estime Emmanuel Leroy. Quant aux officines rurales, elles progressent plus modérément (+ 3,5 %).
Hausse des coûts, le talon d’Achille
Néanmoins, le chiffre d’affaires n’est pas l’indicateur le plus pertinent en matière de performance économique. Car s’il augmente de 5,4 % (hors tests et vaccins), c’est en grande partie grâce à la délivrance de médicaments chers dont la marge est capée au-delà de 1930 euros. Conséquence : la marge est en repli de 1,1 % en valeur. « Plus de 56 % des officines de notre échantillon ont une évolution négative de leur marge en valeur », pointe l’expert-comptable.
De son côté, le taux de marge chute à 28,3 % du chiffre d'affaires en moyenne, au plus bas niveau depuis huit ans, avec d’importants écarts. « En bas du tableau, 10 % des officines affichent un taux de marge inférieur à 24,5 % de leur chiffre d'affaires, témoignant d’une fragilité structurelle », analyse Emmanuel Leroy. Néanmoins, les 10 % les plus performantes arrivent à maintenir un taux de marge à 32 %. En termes de catégorie, les officines des centres commerciaux affichent le taux le plus élevé (30 %), malgré une pression concurrentielle accrue.
Cette dégradation de la marge intervient dans un environnement de coûts en hausse. Les charges externes – tels que les loyers pour les officines en centres commerciaux - augmentent (+ 6,2 %), les frais de personnel également (+ 4,9 %), (voir ci-dessous).
Tous ces indicateurs expliquent que la performance commerciale et de gestion (PCG), indicateur phare de rentabilité, recule de 7,6 % en moyenne. Elle retrouve ainsi son niveau de 2019, « ce qui correspond à une stagnation sur les cinq dernières années », souligne Emmanuel Leroy. Près des deux tiers des officines enregistrent une baisse de leur rentabilité en 2024.
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