Cas de comptoir

Conseils pour les peaux matures

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Publié le 16/01/2025
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La quête de la jeunesse éternelle se déroule même à la pharmacie. Sérums, crèmes, soins… : l’offre regorge d’actifs toujours plus innovants pour atténuer les marques du temps.

Les hommes aussi veulent prévenir l’apparition des rides. Les mêmes règles que pour les femmes s’appliquent

Les hommes aussi veulent prévenir l’apparition des rides. Les mêmes règles que pour les femmes s’appliquent
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Cas de comptoir

Le contexte :

« J’ai 45 ans aujourd’hui et je souhaiterais agrémenter ma routine antirides. Que pouvez-vous me conseiller ? », demande Claire.

Votre réponse :

« Il est primordial de nettoyer et si besoin, de démaquiller la peau tous les jours. Un sérum antioxydant peut être appliqué quotidiennement, associé à une crème hydratante. Selon les particularités de la peau, la crème hydratante aura pour objectif d’atténuer les rides, d’améliorer la fermeté, de redonner de l’éclat ou d’atténuer les taches. Enfin, il faudra veiller à ne pas s’exposer au soleil, un faux ami de la peau. »

Définitions

- Peau : organe membranaire souple recouvrant la totalité de la surface corporelle et protégeant contre les agressions extérieures. Elle comprend deux couches superficielles : l’épiderme et le derme ainsi qu’une couche profonde, l’hypoderme.

- Couche cornée (stratum corneum) : couche cellulaire la plus superficielle de l’épiderme, constituée de cornéocytes (cellules mortes) et de lipides dont les céramides.

- Fibroblaste : cellule en forme étoilée du tissu conjonctif synthétisant les macromolécules protéiques et polysaccharidiques telles que l’acide hyaluronique, le collagène ou l’élastine, jouant un rôle fondamental dans le processus de réparation tissulaire.

- Film hydrolipidique : film protecteur recouvrant la totalité de la surface de la peau, constitué d’eau, de sébum et de sueur. Il permet de protéger la peau contre les agents pathogènes et de lui assurer une bonne hydratation.

- Kératinocytes : cellules majoritaires de l’épiderme et des phanères (ongles, cheveux, poils), synthétisant la kératine qui permet de protéger et d’imperméabiliser la peau

Zoom sur la physiopathologie

Les cellules cutanées suivent un cycle de renouvellement de 28 jours qui tend à ralentir avec l’âge. La taille et le nombre de kératinocytes diminuent, les anciennes cellules cutanées et les débris s’accumulent et le biofilm lipidique est altéré, entraînant une déshydratation.

En outre, au niveau du derme se produit une altération des fibres de collagène et d’élastine, à l’origine de la perte de l’élasticité du derme et la fonte des tissus lipidiques et musculaires, ainsi qu’une perte de la vascularisation. Du côté des glandes annexes, la production de sébum s’atténue, aggravant ainsi la déshydratation cutanée.

Résultats : un teint moins lumineux, une peau plus épaisse et moins ferme et un dessèchement cutané avec l’apparition et l’ancrage de rides.

Les causes du vieillissement cutané

Elles sont multiples : l’horloge biologique avec le raccourcissement des chromosomes induisant la sénescence cellulaire, la diminution de la résistance au stress oxydatif ainsi que la perte de réponse des kératinocytes et des fibroblastes aux facteurs de croissance, à l’origine du relâchement de la peau. La diminution de la sécrétion hormonale, notamment des hormones thyroïdiennes et sexuelles, participe aussi au ralentissement de la croissance cellulaire.

L’environnement joue un rôle également très important dans le vieillissement cutané. En tête : le soleil et ses UV, qui, en cas d’exposition excessive, dégradent et fragilisent les cellules cutanées. La peau devient plus fine, moins élastique et surtout moins résistante aux pathologies dont les cancers de la peau. L’autre ennemi environnemental est le tabac en raison des produits toxiques entrant dans la composition des cigarettes. Ils sont à l’origine de la dégradation de l’acide hyaluronique et de l’élastine. À citer également : la pollution atmosphérique qui affaiblit les défenses immunitaires au niveau cutané et diminue le taux d’hydratation, le stress à l’origine de l’accumulation d’espèces oxydantes ainsi qu’une mauvaise hygiène de vie : peu ou pas d’activité physique, une alimentation trop grasse et trop sucrée et un sommeil de mauvaise qualité.

Conduite à tenir

Règle numéro 1 : hydrater la peau

Une peau déshydratée perd de sa souplesse et marque les rides, notamment au niveau des zones d’expression comme le front, les lèvres et les yeux. Il est donc indispensable d’inclure dans la routine de soin une hydratation suffisante, tant au niveau alimentaire que cosmétique. Il est donc recommandé de boire 1,5 litre d’eau par jour (eau, eau citronnée, tisane, thé, soupes) et de penser aux fruits et légumes riches en eau.

Gommage doux, favorisant le renouvellement cellulaire et l’élimination des cellules mortes, et masques hydratants réalisés une fois par semaine permettant d’assurer également une bonne hydratation de la peau. Sans oublier l’application de sérum et/ou de soins hydratants une à deux fois par jour en faisant attention au choix des produits : textures fluides riches en eau pour les peaux normales à mixtes ou grasses et textures riches pour les peaux sèches.

Inclure dans la routine de soin une hydratation suffisante, tant au niveau alimentaire que cosmétique, est indispensable

Règle numéro 2 : miser sur une assiette santé

Conserver sa peau juvénile commence par une assiette santé avec des acides gras maintenant l’élasticité de la peau. Ainsi, les huiles végétales doivent avoir une place importante au sein de l’alimentation : huile d’olive, huile de colza et huile de lin, ces deux dernières étant riches en acide alpha-linolénique. Les poissons gras comprenant les acides gras poly-insaturés oméga 3 et 6 doivent être consommés 2 fois par jour, sans oublier les œufs oméga-3. Les oléagineux comme les noix, amandes et avocats sont aussi à privilégier à la place des denrées industrialisées trop grasses et trop sucrées. Les fruits et légumes doivent être consommés abondamment pour leur teneur en eau et en antioxydants. En tête, les végétaux riches en vitamine C (oranges, clémentines, kiwis, citrons, carottes, potiron, persil, pommes de terre) pour lutter contre le vieillissement cutané. Les légumineuses, comme les lentilles, les pois chiches, les haricots blancs et rouges, grâce à leur teneur en zinc, favorisent la cicatrisation et le maintien de l’intégrité de l’épiderme et des muqueuses. Des compléments alimentaires à base d’huile d’onagre ou d’huile de bourrache, riches en acides gras poly-insaturés et vitamines liposolubles, peuvent être proposés si l’alimentation n’est pas assez lipidique. Ces huiles, revitalisantes et protectrices, permettent de restaurer l’élasticité et l’éclat de la peau.

Règle numéro 3 : assurer une bonne hygiène de vie et se protéger du soleil

En plus d’une bonne hydratation cutanée, la lutte contre le vieillissement cutané passe par la pratique d’une activité physique régulière, de l’arrêt du tabac, d’un temps de sommeil suffisant et de qualité ainsi qu’une protection solaire renforcée.

Il est recommandé de protéger la peau, avec des produits aux indices de protection solaire (SPF) de 50 ou 50 +, d’avril à octobre lors des sorties et activités d’extérieur (bricolage, jardinage, sport), en application suffisante et si besoin répétée. Les produits cosmétiques contenant un filtre UV dans leur formulation et dont le but principal n’est pas de protéger du soleil ne sont pas suffisants. Il convient également de limiter l’exposition au soleil aux heures les plus chaudes pendant la saison estivale, de porter des lunettes de soleil, un chapeau et des vêtements amples et de ne pas oublier de protéger les zones sensibles tels que les oreilles, le décolleté et le dessus des mains et des pieds.

Les produits cosmétiques contenant un filtre UV dont le but principal n’est pas de protéger du soleil ne sont pas suffisants

Les produits du conseil

Les soins anti-âges

Crèmes, émulsion, gel, sérum… Ces topiques sont la base de la routine cosmétique pour limiter le vieillissement cutané. Le soin hydratant anti-âge doit être appliqué une à deux fois par jour. Les actifs diffèrent selon les objectifs et l’âge. Les crèmes contenant de la vitamine C, antioxydante, protègent la peau des agressions extérieures et sont à conseiller en première intention chez les personnes les plus jeunes.

Les actifs d’origine lipidiques comme les acides gras essentiels (oméga 3, oméga 6) et les céramides retrouvés dans les huiles d’argan, d’onagre et d’amande permettent de renforcer la barrière cutanée. L’action sur les rides et la souplesse de la peau peut être réalisée grâce à l’acide hyaluronique et des actifs de type procollagène ou matrixyl, un peptide stimulant la production de collagène, d’acide hyaluronique et d’élastine. Pour rappel, l’acide hyaluronique retient jusqu’à mille fois son poids en eau, ce qui permet de combler les espaces intercellulaires au sein du tissu conjonctif entre les fibres de collagène et d’élastine. À haut poids moléculaire, l’acide hyaluronique agit à la surface de la peau pour hydrater et corriger les rides d’expression. À bas poids moléculaire, il pénètre en profondeur dans l’épiderme et comble les espaces intercellulaires au sein du tissu conjonctif entre les fibres de collagène et d’élastine, ce qui favorise une meilleure hydratation et une fortification des tissus de soutien.

Le collagène est un des actifs le plus souvent retrouvés dans les cosmétiques à visée antirides et fermeté de la peau grâce à son action antidéshydratante de surface.

Le rétinol et les dérivés des rétinoïdes sont réputés pour leur capacité à réparer les structures tissulaires cutanées et à diminuer les marques et la pigmentation. Les rides sont alors atténuées, la peau plus ferme et le teint plus lumineux. Attention, chez certaines personnes, le rétinol et ses dérives peuvent induire une irritation. Des actifs protecteurs et renforçant la barrière cutanée, comme la vitamine B3 (ou PP) et les sirtuines sont alors inclus dans les formules.

Enfin, le coenzyme Q10 (ou ubiquinone) est retrouvé dans les produits destinés à atténuer le vieillissement de la peau. Ses actions sont multiples : antioxydantes et anti-inflammatoires, amélioration de la synthèse de collagène et d’élastine et protection des lipides membranaires des cellules.

Collagène oral, un intérêt ?

Depuis quelques années, les compléments alimentaires à base de collagène se multiplient, promettant une action antivieillissement. Mais qu’en est-il vraiment ?

Selon le Dr Martine Baspeyras, dermatologue à Bordeaux (Gironde), le collagène apporté par voie orale est hydrolysé dans l’intestin grêle : seuls 5 à 10 % sont retrouvés sous forme de polypeptides actifs. « Il y a quelques études mais de faibles preuves scientifiques. En tout cas, il ne peut que faire du bien à la peau et… aux articulations ! »

Des études supplémentaires sont donc nécessaires pour prouver son véritable intérêt.

Les démaquillants

Les nettoyants et démaquillants visage doivent être utilisés quotidiennement pour nettoyer la peau des impuretés tout en respectant le film hydrolipidique. Les composés sont des agents tensioactifs doux agissant comme détergents.

Pour les peaux sèches, une huile ou un lait sont recommandés. Ils doivent être éliminés ensuite sur un coton et rincés à l’eau. Pour les peaux sèches et sensibles, les solutions micellaires peuvent aussi être utilisées, sans rinçage. Elles se présentent sous forme d’eau ou de gel, ce dernier présentant l’avantage d’hydrater davantage que les eaux micellaires.

Pour les peaux grasses, les démaquillants formulés à base d’huile peuvent être également utilisés afin d’éliminer toutes les substances accumulées au cours de la journée y compris le maquillage dont le maquillage waterproof. Ces formules ne graisseront pas plus la peau à condition de les appliquer le soir et de bien les rincer.

Les eaux thermales et lotions

Elles ont plusieurs propriétés : apaisantes, anti-irritantes, hydratantes et même antiradicalaires selon l’eau thermale utilisée. Elles peuvent se retrouver au sein des nettoyants des gammes thermales comme Avène, La Roche-Posay, Uriage ou Vichy.

Enfin, les lotions ou brume permettent d’éliminer les résidus de maquillage et d’hydrater la peau du visage. Elles renferment généralement des eaux florales aux propriétés apaisantes (bleuet, rose, camomille, lavande…), pouvant être associées à la glycérine, à des oligo-éléments et des minéraux.

Le soin du corps

Le visage n’est pas la seule partie souffrant de la sécheresse et du vieillissement cutané. Ne pas oublier donc d’hydrater le reste du corps en optant pour un gel ou une huile de douche hydratant aux propriétés relipidantes et protectrices.

Un gommage doux, riche en huiles végétales adoucissantes et réparatrices (tournesol, coco, ricin, sésame) doit également être effectué une fois par semaine pour éliminer les cellules mortes (ex : gommage corps nourrissant de La Rosée).

Enfin, la routine se complète par l’application de crème ou de baume hydratants.

Et pour les hommes

Pas d’inégalité homme/femme quand il s’agit du vieillissement cutané. Les mêmes règles s’appliquent donc chez les messieurs afin de préserver le capital jeunesse de la peau : avoir une bonne hygiène de vie, ne pas s’exposer excessivement au soleil et sans protection et nettoyer la peau quotidiennement pour éliminer les impuretés. L’application de soins hydratants et/ou antioxydants (acide hyaluronique, rétinol et dérivés, acides gras essentiels) est également essentielle pour ralentir l’apparition de rides.

Testez-vous

1. Les causes du vieillissement cutané comprennent :

a) L’exposition excessive au soleil ;

b) Le tabac ;

c) La consommation de fibres ;

d) Le manque d’apport en fer.

2. Une assiette santé antivieillissement cutané comprend :

a) Des acides gras saturés ;

b) Des acides gras oméga-3 ;

c) L’acide alpha-linolénique ;

d) Des acides gras transsaturés.

3. La routine de soins pour les peaux matures associe :

a) Une crème hydratante ;

b) Une eau thermale apaisante ;

c) Un gommage quotidien ;

d) Un masque hydratant hebdomadaire.

4. L’acide hyaluronique est :

a) Un agent occlusif ;

b) Toujours d’origine végétale ;

c) Associé à l’acide lactique ;

d) Capable d’absorber jusqu’à 1 000 fois son poids en eau.

Réponses : 1. a), b) ; 2. b), c) ; 3. a), b) et d) ; 4. d).

Par Domitille Darnis, pharmacienne

Source : Le Quotidien du Pharmacien