Les compléments alimentaires sont souvent considérés comme des produits inoffensifs. Cependant, leurs risques pour la santé sont bien trop souvent sous-estimés, alerte l’ANSES. Exemples.
Un Français sur 4 consomme des compléments alimentaires, jusqu’à 15 différents chaque jour, a relevé l’ANSES. Mais leurs propriétés et les risques pour la santé sont finalement mal connus. En 2024, 5 cas d’effets indésirables sévères avec imputabilité élevée ont fait l’objet d’un signal auprès des autorités de santé. Ainsi, lors de sa participation au Printemps de l’Esprit critique, l’ANSES a démonté les idées reçues sur ces compléments et appelle à la vigilance.
Un complément alimentaire : pour quoi faire ?
Les compléments alimentaires sont utilisés sur des allégations dont la frontière avec le médicament est ambiguë. De plus, selon la directive européenne de 2002 relative aux compléments alimentaires, un complément alimentaire ne doit être utilisé comme substitut d’un régime alimentaire varié. « On peut alors se demander : de quoi a-t-on besoin quand on a une alimentation variée et équilibrée ? », s’interroge Aymeric Dopter, chef de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’ANSES. De plus, « certains ingrédients et plantes ont fait l’objet d’études tandis que pour d’autres, le corpus de données est très maigre, ce qui nous conduit à nous interroger sur la pertinence de consommer des plantes dont on ne sait pas grand-chose », poursuit-il.
« Même d’origine naturelle, ces ingrédients peuvent présenter une toxicité pour la santé », explique Fanny Huret, responsable de la mission nutrivigilance à l’ANSES. Chaque année, l’agence sanitaire reçoit en moyenne 17 signalements préoccupants qu’elle remonte aux autorités compétentes.
« La bonne démarche, finalement, est de se demander : à qui s’adresser ? Pour un problème d’équilibre alimentaire, la personne référente est le diététicien. S’il y a un problème de santé, il est important de se tourner vers son médecin traitant », résume Aymeric Dopter.
Des effets indésirables intrinsèques
Les compléments alimentaires peuvent contenir des ingrédients à risque de toxicité intrinsèque. C’est le cas de ceux à base de Garcinia cambogia, hépatotoxique, qui ont fait l’objet d’une alerte de l’ANSES mi-mars, ou de compléments alimentaires à base de levure de riz rouge contenant des monacolines qui peuvent exposer les consommateurs à une toxicité musculaire ou hépatique.
Mésusages : parfois à l’insu du consommateur
Les alertes sur les compléments alimentaires riches en vitamine D reviennent fréquemment. « Depuis bien 6 ans maintenant, on reçoit des cas d’hypercalcémie très sévère chez des nourrissons », souligne Fanny Huret. Sur Internet (et pas sur le marché français) existent en effet des compléments alimentaires très riches en vitamine D, jusqu’à 10 000 UI par goutte (contre 10 000 UI par millilitre pour un médicament en France), que les parents substituent au médicament en conservant la posologie prescrite pour le médicament. « Les parents administraient 30 à 40 fois la dose journalière recommandée, calcule Fanny Huret. L’hypercalcémie engendrée peut avoir des effets irréversibles sur le rein et créer une néphrocalcinose. »
Des interactions médicamenteuses plus fréquentes qu’on ne le croit
Les compléments alimentaires peuvent être suspectés d’augmenter la toxicité d’un médicament ou d’en diminuer l’efficacité. Ainsi l’ANSES a relevé le cas d’un complément alimentaire (Novanuit Triple Action) contenant de la mélatonine et du pavot de Californie (Eschscholtzia californica) qui, chez une femme âgée de 93 ans polymédiquée, a provoqué des hallucinations et une confusion mentale très sévère. L’hypothèse retenue par l’ANSES est l’interaction de la mélatonine ou de la plante Eschscholtzia californica avec certains médicaments.
Autre exemple chez un patient sous trithérapie anti-VIH avec une charge virale bien équilibrée : la prise d’un complément alimentaire multivitamines a entraîné une perte d’efficacité de son traitement anti-VIH car il a vu sa charge virale augmenter lors de bilans sanguins de routine.
Le bon référencement
Les diverses failles de la réglementation en matière de compléments alimentaires profitent aussi à certains fabricants. Ainsi, les compléments à base de CBD qui inondent le marché arrivent en tête des préoccupations de l’ANSES, qui rappelle « que le CBD est actuellement un nouvel aliment non autorisé. C’est-à-dire que l’autorité européenne, l’EFSA, n’a pas rendu d’avis scientifique qui permet de conclure sur l’innocuité de la consommation à long terme du CBD. » Mais ces compléments alimentaires ne sont pas interdits…
Signalement à la nutrivigilance
Le signalement d’un évènement indésirable qui apparaît à la suite de la consommation d’un complément alimentaire, d’un aliment ou d’une boisson enrichis, d’un nouvel aliment (aliment qui n’était pas consommé en Europe avant 1997) ou de produits destinés à l'alimentation de populations particulières, dans des conditions normales d'utilisation de ce produit ou non, est indispensable pour identifier les risques et protéger la santé des consommateurs. Les professionnels de santé, les consommateurs et les fabricants peuvent signaler un effet indésirable en ligne, de manière très rapide, sur nutrivigilance-anses.fr.
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