L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) déconseille fortement à l’ensemble de la population les produits à base de Garcinia cambogia Desr. (connue aussi sous le nom gamboge, gomme-gutte, mangoustanier du Cambodge, tamarinier de Malabar…) après la survenue de plusieurs cas d’effets indésirables sévères voire mortels. Rien qu’en France, entre 2009 et mars 2024, 38 signalements imputables à la prise d’un complément alimentaire contenant du Garcinia cambogia ont été recensés à la nutrivigilance, avec des atteintes hépatiques dont une hépatite aiguë mortelle, mais aussi des atteintes psychiatriques, digestives (pancréatites), cardiaques et musculaires (rhabdomyolyses). Des signalements similaires ont été remontés aux États-Unis, au Canada, en Espagne, en Allemagne, en Italie, en Norvège, en Slovénie et aux Pays Bas. L’ANSES a également identifié plusieurs interactions médicamenteuses de nature à entraîner une augmentation des effets indésirables ou une perte d’efficacité des médicaments : antirétroviraux par interaction avec la glycoprotéine-P, médicaments métabolisés par le cytochrome P450, médicaments à risque de syndrome sérotoninergique, anticoagulants, médicaments hépatotoxiques… Ces effets ne se manifestent pas que chez des personnes ayant des antécédents de troubles psychiatriques, de pancréatite, d’hépatite, atteintes de certaines maladies cardiométaboliques ou traitées par des médicaments connus pour affecter la fonction hépatique (antirétroviraux, antidépresseurs…). Il y a eu des cas chez des consommateurs sans aucun antécédent médical, alerte l’ANSES.
340 produits concernés
Garcinia cambogia Desr. est traditionnellement utilisée en Asie comme condiment et comme plante médicinale. Considérée comme un médicament par fonction du fait de ses propriétés hypoglycémiantes et hypolipémiantes, attribuées à l’acide hydroxycitrique, la plante est interdite dans la composition des médicaments et des préparations magistrales, officinales et hospitalières depuis 2012 en raison de l’absence de preuve de son efficacité, de l’absence d’intérêt thérapeutique et d’un rapport bénéfices/risques défavorable. Garcinia cambogia peut cependant entrer dans la composition de compléments alimentaires à visée d’amaigrissement « sans toutefois que ces allégations de santé n’aient fait l’objet de l’autorisation au niveau européen sur avis de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) », constate l’ANSES, dénonçant une situation incohérente qui doit trouver une issue. « Les allégations nutritionnelles et de santé bénéficient d’un statut “en attente”, les rendant de facto non interdites et par conséquent utilisables », explique l’ANSES. Une évaluation des risques sanitaires est actuellement menée par l’EFSA sur l’acide hydroxycitrique et les préparations de plantes en contenant.
Selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), 340 compléments alimentaires contiennent Garcinia cambogia.
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