Généraliser la substitution, contraindre le médecin à mieux prescrire, adapter les conditionnements mais aussi établir 3 jours de carence en cas d’arrêt de travail : l’USPO dresse une liste de 26 propositions pour générer des économies à l’assurance-maladie, sans faire les poches des officinaux. Qui peuvent aussi s’y retrouver.
Pour répondre aux baisses des remises sur les génériques qui vont plomber les comptes des officines et fragiliser le maillage, sans pour autant réduire directement les dépenses de l’assurance-maladie, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) propose 26 mesures juteuses pour la Sécu, envoyées au ministre de la Santé démissionnaire Yannick Neuder, par ailleurs député de l'Isère. Les pharmaciens peuvent y trouver leur compte.
L’USPO mise notamment sur le développement de la substitution par tous les moyens (6 propositions sur 26). Le paquet est mis sur l’extension des règles de substitution générique appliquées aux médicaments hybrides et biosimilaires : prescription en DCI (1 milliard d’euros d’économies sur 2024-2030), mise en place d’une ROSP (704 millions d’euros entre 2026 et 2030), ouverture du répertoire (300 millions d’euros sur 24 mois) et accélération du droit de substitution par le pharmacien après la mise sur le marché (800 millions d’euros entre 2024 et 2030). L’USPO recommande aussi la généralisation de la substitution des dispositifs médicaux, sans exception (350 millions d’euros par an avec le scénario le moins optimiste d’une substitution à 10 %).
Dans les mesures touchant le médicament, pas de baisses de prix. L’USPO préconise plutôt une évaluation en vie réelle des princeps innovants dont le remboursement s’élève à plus de 250 millions d’euros par an pour des prescriptions plus pertinentes et moins coûteuses (économie estimée à 3 milliards d’euros par an). Elle propose aussi une adaptation des conditionnements, certains « ne correspondant à aucune recommandation posologique constatée » (30 à 50 millions d’euros par an). Elle fait aussi un tri dans les remboursements : arrêts de la prise en charge des prescriptions des médecins en secteur 3 (entre 450 et 700 millions d’euros par an), encadrement des téléconsultations (110 millions d’euros auraient pu être économisés en 2023), évaluation de l’efficacité des cures thermales (200 millions d’euros d’économie potentielle).
Il est également prévu d’amplifier le rôle du pharmacien en l’intégrant dans le service d’accès aux soins (SAS) créé pour soulager les urgences (110 à 165 millions d’euros d’économie) et en déployant vraiment le pharmacien correspondant (2 propositions sur 26). Il peut davantage participer à la prévention, notamment dans le suivi de l’hypertension artérielle (200 millions d’euros à horizon 2030).
Pas sûr que toutes les mesures soient bien perçues par tout le monde. Par les médecins d’abord, qui se verraient imposer des objectifs de prescription en DCI pour les génériques (650 millions d’euros d’économie par an avec un objectif de seulement + 5 %) et la production d’une ordonnance électronique pour tous les médicaments chers (plus de 300 euros), avec sanction à la clé pour tout prescripteur ne renseignant pas le caractère hors AMM d’une prescription. L’objectif est la « sécurisation », la « pertinence » et la « traçabilité » de la prescription et une économie de 3 milliards d’euros par an. Pour lutter contre les abus, les contrôles des prestataires de santé à domicile (PSAD) seront renforcés. « Des équipements sont prescrits et délivrés de façon non pertinente », selon l’USPO, avec une perte estimée à 250 millions d’euros par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS).
Les mesures peuvent aussi être mal acceptées par les patients bénéficiaires de l’ALD avec « un co-paiement entre AMO et AMC de 10 % sur les soins ALD » (5 milliards d’euros versés des complémentaires vers l’assurance-maladie). Les salariés ne seraient pas en reste avec l’imposition de trois jours de carence en cas d’arrêt de travail, « non compensables par la convention collective » (500 à 700 millions d’euros par an).
Au total, si on se permet de tout cumuler, c’est plus de 50 milliards d’euros d’économies d’ici 2030. C’est bien plus que les 5,5 milliards d’euros que prévoyait de réaliser drastiquement le gouvernement démissionnaire de François Bayrou sur la santé en 2026, qui voulait doubler les franchises, revoir l’AME et réformer l’ALD, entre autres.
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