À l’officine, tous les éléments qui concourent à rappeler l’importance de la propreté et du rangement doivent être soulignés, tout simplement parce qu’un travail efficace ne peut être réalisé que dans un environnement bien entretenu, c’est-à-dire propre, sain, rangé. Trop d’officines restent aujourd’hui encombrées de produits à jeter ou à rendre et saturées d’objets inutilisés (PLV obsolète, décors défraîchis, étagères cassées, emballages…) accumulés au fond d’une pièce, dans des escaliers, des couloirs. Le problème ne se borne pas ici à la poussière ou la saleté que finit toujours par générer le manque d’ordre mais c’est aussi celui de l’encombrement mental que produit à la longue un environnement mal entretenu. Simplifier visuellement la configuration d’un lieu permet de gagner en organisation et en productivité. Par ailleurs, le désordre devient rapidement invisible aux yeux des occupants. En prendre conscience permettra d’effectuer régulièrement un inventaire de tout matériel qui s’entasse dans un coin pour savoir de quoi l’officine peut se débarrasser et ce qu’elle doit garder.
Un nettoyage à fond d’une zone particulière peut être l’occasion d’inventorier et de réorganiser le stock de produits.
Le ménage des sols, meubles, surfaces est généralement confié à un professionnel du nettoyage qui intervient hors des horaires d’ouverture de l’officine. Son parcours dans les locaux, les zones qu’il doit nettoyer doivent être décidés au préalable par le titulaire. Il n’est pas inutile, une ou deux fois par mois, d’accompagner la personne dédiée au ménage pour vérifier qu’elle suit le parcours indiqué et les directives données. Par ailleurs, dans le cadre de son label ECOR (pharmacie écoresponsable), l’association Pharma Système Qualité** interpelle les pharmacies sur les caractéristiques des produits qu'elles utilisent pour le nettoyage de l'officine et leur demande de s'interroger sur un plan de nettoyage global écoresponsable à discuter avec les structures externes en charge du ménage.
Un nettoyage à fond d’une zone particulière – colonne de tiroirs, étagères, local – peut, quant à lui, être instauré et effectué au fur et à mesure par un membre de l’équipe. Une occasion d’inventorier et de réorganiser le stock de produits.
►Santé et sécurité des salariés
À l’officine, les deux risques principaux pour la santé des employés proviennent de la manipulation de produits chimiques et de la contamination biologique.
Légalement parlant, l’employeur doit veiller à la santé et à la sécurité de ses salariés (article L4121-1 du Code du travail) en mettant en place des actions de prévention, d’information et de formation. Cela implique, notamment, d’éviter tout risque de contamination sur leur lieu de travail. Si le titulaire ne peut les éviter, il doit les évaluer et mettre en œuvre des mesures de prévention. Les résultats de cette évaluation sont consignés dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), obligatoire pour l’entreprise. Puis, l’employeur doit mettre en œuvre des actions de prévention, formation, méthode de travail ou de production assurant un meilleur niveau de protection pour la santé et la sécurité.
▶ Les lieux de vigilance
À l’officine, certaines zones requièrent une vigilance particulière en matière d’hygiène.
Le comptoir est le premier endroit où l’équipe reçoit le public. Ce meuble, où s’effectue un échange continu avec l’extérieur, peut être porteur d’éléments contaminants mais aussi de résidus divers, poussières, miettes présentes au fond des sacs ou des poches des visiteurs. Il doit faire l’objet d’un nettoyage régulier deux ou trois fois par jour. Dans ce cadre, il peut être également utile de rappeler à l’équipe de se laver les mains régulièrement.
Le préparatoire, qui sert souvent de cuisine, est un lieu de vie intime pour les collaborateurs de l’officine qui peuvent s’y restaurer, boire un café, faire une pause. Il n’est donc pas rare d’y retrouver des restes de nourriture ou des tasses, des couverts ni rangés, ni nettoyés, des emballages non jetés… Ces petites négligences peuvent avoir des conséquences sur la structure professionnelle qu’est l’officine. Il est donc important de rappeler les règles de propreté et de rangement au préparatoire. La réalisation d’une préparation, quant à elle, exige bien sûr un cadre d’hygiène spécifique : s’assurer que le plan de travail est propre et net avant le démarrage et qu’il est nettoyé et désinfecté entre chaque préparation ; s’assurer que le matériel utilisé est propre et désinfecté avant l’opération ; se laver et se désinfecter les mains avant chaque préparation ; porter les équipements adaptés (blouse spécifique, masque, lunettes) en fonction de la préparation ; ne pas manger, boire ou conserver de denrées alimentaires pendant toute l’opération.
Le local dédié où sont effectués les vaccinations, les entretiens, la dispensation des orthèses (…) ainsi que la cabine de téléconsultation sont d’autres lieux sensibles en termes d’hygiène qui requièrent une désinfection* au moins une fois par jour, du mobilier et des équipements en contact avec les patients.
▶ Enceinte réfrigérée
Même si les germes se développent moins facilement à basse température, l’enceinte réfrigérée, qui abrite les produits de santé thermosensibles, doit être nettoyée régulièrement. Pour effectuer l‘opération dans les règles, l’association Pharma Système Qualité conseille de suivre les recommandations du fournisseur et souligne l’intérêt d'établir un calendrier de suivi des nettoyages. L’officine devra disposer d’une deuxième enceinte réfrigérée afin de pouvoir procéder au nettoyage de la première sans risque de rompre la chaîne du froid. Enfin, il faut rappeler que l’enceinte réfrigérée ne doit pas servir à conserver des aliments.
►Désinfecter le matériel
Attention au matériel médical de location qui, parce qu’il est réutilisable, est particulièrement à risque de transmission des germes par contact. Il doit faire l’objet d’un nettoyage minutieux entre deux utilisations, une tâche particulière qui doit être confiée à une personne formée au protocole de désinfection. Elle doit se laver les mains avant et après l’opération, utiliser un produit désinfectant efficace et tracer tout le mode opératoire qu’elle aura suivi (procédure, produit utilisé, date, lieu, nom du salarié). L’enregistrement de l’acte permet à l’officine de faire la preuve de la désinfection. Tout le matériel de location est concerné, fauteuil roulant, lit médicalisé (hormis le matelas), aérosol (appareil, fil électrique, coffret de transport), tire-lait… Ces mesures d’hygiène, souvent chronophages, peuvent être déléguées à un sous-traitant.
▶ L’officine écoresponsable
Si l’officine se doit de collecter les médicaments non utilisés (MNU) et les déchets d’activité de soin à risque infectieux (DASRI), rapportés par les patients en auto-traitement et les utilisateurs d’autotests, et de les stocker dans des lieux non accessibles au public, elle peut elle-même générer ses propres déchets de soin. L’élimination des DASRI, issus des activités de vaccination, de dépistage par TROD, de soins de première urgence relève de sa responsabilité, en collaboration avec un opérateur habilité à la collecte (DASTRI pour les perforants coupants). La traçabilité de ces déchets est assurée par l’officine de l’enlèvement jusqu’à la destruction.
*La « Liste positive des désinfectants » et le « Guide des bonnes pratiques de traitement des dispositifs médicaux réutilisables » sont disponibles sur le site de la Société française d’hygiène hospitalière (www.sf2h.net).
**Association spécialisée dans l’accompagnement à la mise en œuvre des démarches qualité à l’officine.
(Sujet réalisé en collaboration avec Philippe Lévy, consultant pour l’officine).
Repères
- À l’officine, certaines zones requièrent une vigilance particulière en matière d’hygiène : le comptoir, le préparatoire, le local dédié à la vaccination, aux entretiens, la cabine de téléconsultation.
- Le parcours du professionnel chargé du nettoyage dans les locaux doit être décidé au préalable par le titulaire.
- La pharmacie doit s’interroger sur les caractéristiques des produits qu'elle utilise pour le nettoyage.
- La chambre froide, qui abrite les produits de santé thermosensibles, doit être nettoyée régulièrement.
- Le matériel médical de location doit faire l’objet d’un nettoyage minutieux entre deux utilisations.
- L’élimination des DASRI produits par l’officine relève de sa responsabilité.
- À l’officine, les deux risques principaux pour la santé des employés proviennent de la manipulation de produits chimiques et de la contamination biologique.
- Légalement parlant, l’employeur doit veiller à la santé et à la sécurité de ses salariés.
Sondage
72 % des pharmaciens assurent l’entretien de leur officine quotidiennement.
(Selon une enquête CallMediCall/« Le Quotidien du Pharmacien » réalisée du 26 février 2025 au 19 mars 2025).
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