Avec 40 % de prescriptions non conformes, l’ANSM mène une campagne pour sensibiliser les prescripteurs, les pharmaciens et le grand public à réduire les durées de traitement des benzodiazépines dans l’anxiété et l’insomnie. Elle rappelle l’existence de petits conditionnements pour répondre aux recommandations.
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) lance ce 10 avril une campagne médiatique* afin de sensibiliser le grand public et les professionnels de santé au bon usage des benzodiazépines. « Le profil de sécurité particulier de cette classe de médicaments (risques de dépendance, de chute, de troubles de la mémoire, de somnolence, risque lié à la conduite…) reste, pour nous, un sujet de préoccupation », annonce l’ANSM, qui constate que 40 % des prescriptions sont non conformes aux recommandations en termes de durée de traitement, ce qui représente 3,6 millions de patients. Le message à faire passer est donc le suivant : la durée de traitement doit être la plus courte possible, et il faut penser aux alternatives non médicamenteuses (pratiquer une activité physique, éviter les excitants, adopter une routine sommeil…). La campagne de sensibilisation durera 5 semaines au moins.


Si la campagne cible les jeunes adultes de 18 à 25 ans (consommation en hausse et manque d’information sur le risque de dépendance ou celui pour la conduite et l’utilisation de machines) et les seniors de plus de 65 ans (population la plus concernée par le mésusage et les risques de chutes), elle s’adresse surtout aux professionnels de santé, généralistes (à l’origine de 75 % des prescriptions en ville) et pharmaciens en tête, pour leur rappeler les durées de traitement : de quelques jours à 3 semaines pour les hypnotiques utilisés pour les insomnies, pas plus de 12 semaines pour les anxiolytiques.
« Il est difficile de se prononcer sur l’origine de ces prescriptions non conformes dans la durée, explique le Dr Philippe Vella, directeur médical à l’ANSM. On sait qu’il peut y avoir une problématique à « l’initiation de benzodiazépine et de l’arrêt de prescription qui peut ne pas être suffisamment anticipé. Nous soulignons donc l’importance de programmer, dès la première consultation, une deuxième consultation rapidement après la première et anticiper l’arrêt avec le patient », poursuit-il. Et pour l’ANSM, « avoir des conditionnements adaptés est un élément de réponse, notamment pour les hypnotiques ».
« En 2022, nous avons demandé aux laboratoires qui commercialisent des benzodiazépines ou apparentés indiqués dans l’insomnie de mettre à disposition des petits conditionnements de 5 à 7 comprimés pour répondre au besoin de traitement court, évoque le Dr Philippe Vella. Ces conditionnements existaient déjà pour certains produits mais ils étaient peu nombreux. Nous avons aujourd’hui un peu plus d’une dizaine de spécialités commercialisées. Il s’agit essentiellement de spécialités à base de zolpidem, de zopiclone voire Mogadon (nitrazépam). Autrement dit, le pharmacien a les moyens de répondre correctement à cette prescription de courte durée. »
Pour mémoire, la France est le deuxième pays le plus consommateur de benzodiazépines en Europe, après l’Espagne. En 2024, plus de 9 millions de Français ont été traités par une benzodiazépine.
* Posts sur les réseaux sociaux, participation de Youtubeurs, affiches et brochures à destination du grand public et des professionnels de santé, publicité dans la presse régionale, diffusion dans les flottes de taxis et VTC.
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