Appels d'offres sur les génériques : la mesure qui fâche

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Publié le 06/10/2022
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L'article du PLFSS 2023 qui ouvre la possibilité de mettre en place des appels d'offres sur les médicaments, et notamment sur les génériques, a provoqué l'ire des syndicats représentatifs de la profession, des groupements et des industriels. Si cette disposition est maintenue, l'ensemble de l'écosystème pharmaceutique se tient prêt à mener des actions d'ampleur.


S'il était entériné, le projet d'appels d'offres sur les génériques pourrait déstabiliser l'économie officinale

S'il était entériné, le projet d'appels d'offres sur les génériques pourrait déstabiliser l'économie officinale

Comme l'a résumé Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), le PLFSS 2023 est un texte « contrasté », où l'on retrouve « des mesures très intéressantes et une autre catastrophique ». La disposition qui ulcère Philippe Besset, et tous les acteurs de l'univers pharmaceutique, c'est celle qui viendrait mettre fin à la pluralité des traitements en conditionnant à un appel d'offres la prise en charge par l'assurance-maladie de certains médicaments, dont les génériques. Un projet qui pourrait être terrible de conséquences pour l'officine, les industriels du médicament mais aussi pour les patients et l'accès aux traitements.

Dans un communiqué commun, les syndicats, les groupements (UDGPO et Federgy) et le GEMME ont notamment tenu à rappeler que cette mesure irait à l'encontre des objectifs de santé publique qui visent à ne pas modifier trop fréquemment les traitements chez les personnes de plus de 75 ans. « Certaines classes pourraient complètement être décimées puisque le texte est large et concerne des médicaments de même visée thérapeutique ! », mettent en garde les signataires du communiqué. « Une politique d'appel d'offres ne manquerait pas d’éliminer définitivement les laboratoires de génériques qui produisent en France et en Europe, particulièrement en cette période d'inflation forte. Elle contribuerait à accélérer le phénomène de délocalisation, totalement contraire aux objectifs voulus par le président de la République », ajoutent-ils.

Une mesure contre-productive

Pierre-Olivier Variot craint par ailleurs que des officines, en particulier celles situées dans des territoires isolés, ne fassent les frais de cette mesure. « C'est une mesure totalement contre-productive, tout pose problème avec ce texte, qui est mauvais sur la forme comme sur le fond », dénonce le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), qui ne comprend pas pourquoi les décideurs n'essaient pas plutôt de faire des économies grâce à la substitution des médicaments biologiques. « Nous avons été pris par surprise, regrette Philippe Besset. Si nous n'avons plus les 40 % de remise qui correspondent à 20 ou 30 % de nos ressources, ce sera dramatique pour la pharmacie d’officine. Nous avons donc demandé le retrait de cette disposition. On a dit à tout le monde, jusqu'à l'Élysée, que ce n'était pas possible. Si cette mesure est conservée, je réunirai les instances de la FSPF pour prendre des mesures d'action car il y a une grosse inquiétude économique sur ce sujet. »

L'USPO et la FSPF ont rédigé un amendement visant à supprimer purement et simplement l'article 31 du PLFSS 2023. Les syndicats se tiennent prêts à se mobiliser s'ils ne sont pas entendus. Rien n'est encore défini, mais Pierre-Olivier Variot prévient : « Il ne sera pas question de prendre en otage les patients. »

Pascal Marie

Source : Le Quotidien du Pharmacien