ALORS qu’à l’approche de l’hiver, certains animaux migrent et d’autres hibernent, les êtres humains, eux, dépriment. Les troubles saisonniers de l’humeur se communément caractérisés par la survenue d’un état dépressif qui apparaît au début de l’automne ou de l’hiver pendant au moins deux années consécutives et s’améliore à l’arrivée des beaux jours. Les symptômes sont une fatigue persistante, une perte de motivation, une hypersomnie en particulier matinale et une augmentation de l’appétence pour les sucres avec en conséquence une augmentation de poids. Les troubles peuvent s’aggraver jusqu’à une dépression. Les troubles saisonniers de l’humeur touchent plus souvent les femmes que les hommes et concerneraient environ 5 % de la population.
Les études sur l’origine de ces troubles sont encore controversées mais la principale théorie avance un manque de lumière, allant de pair avec l’entrée dans l’hiver et se traduisant par un excès de production de mélatonine en journée, elle-même à l’origine de somnolence. En effet, dans des conditions normales d’exposition à la lumière, une stimulation au niveau de la rétine permet d’induire une information via le faisceau rétinohypothalamique du nerf optique jusqu’aux noyaux suprachiasmatiques situés à la base de l’hypothalamus. Il en résulte un blocage de la sécrétion de mélatonine par la glande pinéale et ainsi une régulation du rythme circadien. Sans lumière en quantité suffisante, la glande pinéale, ne recevant pas d’information, favorise la production de mélatonine en excès et la désorganisation du rythme circadien. La synthèse de la mélatonine est sous le contrôle de la sérotonine (précurseur de la mélatonine) et de la noradrénaline et elle est responsable de somnolence, de perte d’énergie et des troubles de l’humeur observés dans la dépression saisonnière.
Une technique venue du Nord.
La luminothérapie, ou photothérapie, est apparue dans les années quatre-vingt, principalement dans les pays nordiques. Elle consiste à exposer les yeux à une lumière artificielle (sans ultraviolets ni infrarouges donc sans danger pour la peau). Cette méthode est mise en œuvre dans certains centres de sommeil et certains hôpitaux. Elle revendique une action dans la dépression saisonnière et dans les troubles du rythme circadien du sommeil qui comprennent le syndrome du décalage horaire appelé encore jet lag, les troubles du travail posté, les syndromes de type « avance de phase » ou « retard de phase ». Dans les troubles saisonniers de l’humeur, les patients viennent tous les matins pendant trois semaines environ s’exposer à une source de lumière artificielle de 10 000 lux pendant une demi-heure (équivalente à la norme de 2 500 lux pendant deux heures, jugée nécessaire pour une efficacité suffisante), de manière à reproduire le message fourni au cerveau lors d’une exposition à la lumière naturelle et ainsi à supprimer ou décaler la production de mélatonine. L’exposition se fait le matin dans les troubles affectifs saisonniers (une exposition tardive retarderait l’heure d’endormissement) mais elle peut être indiquée à d’autres moments de la journée selon ce qu’on souhaite traiter. Par exemple, dans les troubles liés au décalage horaire, il est conseillé une exposition à la lumière le soir lorsqu’on va vers l’ouest et le matin lorsqu’on va vers l’est.
Quelques rares offres en officine.
La luminothérapie est bien tolérée. Excitation, céphalées, nausées ou tension oculaire ont été décrites comme de rares effets indésirables.
En France, la luminothérapie est encore une technique peu développée. Elle semble susciter plus d’intérêt aux États-Unis et les recherches s’étendent à la prise en charge de la boulimie, de la dépression durant la grossesse, de la dépression non saisonnière…
Il existe de nombreuses lampes de luminothérapie (Day light, Philips Bright light energy…). Il s’agit de panneaux lumineux de la taille d’une lampe à utiliser en séances quotidiennes en les positionnant à distance de 20 à 50 cm en moyenne. Elles sont à distinguer des simulateurs d’aube qui ne font que reproduire la levée du jour pour réguler le rythme circadien. À distinguer aussi d’un nouveau matériel étudié en Finlande (le Valkee) reposant sur la « luminothérapie auditive » (ressemblant à un lecteur MP3 avec des écouteurs à placer aux oreilles, il stimulerait les zones photosensibles du cerveau via la lumière diffusée à travers les conduits auditifs) !
Les ventes d’appareils de luminothérapie s’effectuent rarement en officine mais plus largement par internet ou par d’autres distributeurs.
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