Une baisse des ventes multifactorielle

Génériques : un marché à revitaminer

Publié le 19/03/2012
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Pour la première fois depuis son lancement en 1999, le marché des génériques régresse. Les causes sont multiples, les solutions envisagées par les fabricants également. Il faut maintenant qu’ils soient entendus par les pouvoirs publics.

ENVIRONNEMENT DÉFAVORABLE au médicament en général, retraits de marché importants, déremboursements, montée en puissance de l’usage de la mention non substituable par certains prescripteurs… La baisse des ventes s’explique par différents facteurs mais ne laisse pas d’inquiéter les industriels réunis dans le GEMME. L’année aurait dû se terminer de manière bien plus positive au vu des échéances brevetaires intervenues tout au long de 2011. Au contraire, les ventes baissent en volume de 3 % (6,14 millions d’unités), même si leur chiffre d’affaires se maintient (2,6 milliards d’euros). Et le taux de substitution est passé sous le seuil des 70 % après avoir atteint plus de 80 % en 2009.

Le GEMME rappelle que le générique est capital dans les économies collectives pour la Sécurité sociale. Elles sont de l’ordre de 2 milliards d’euros en 2011 et de 10 milliards depuis 2000. L’association de génériqueurs propose plusieurs pistes, afin d’aider le marché à retrouver de la croissance. Elle appelle les pouvoirs publics à mener une large campagne de communication institutionnelle en direction des médecins généralistes et du grand public. Elle souhaite augmenter la prescription au sein du répertoire en développant le paiement à la performance des médecins ou en prévoyant un budget de prescription individuel. Le GEMME demande un renforcement de la réglementation encadrant davantage l’usage de la mention non substituable, notamment en exigeant que les exceptions pour raisons médicales tenant au patient soient justifiées auprès du médecin-conseil. Enfin, les génériqueurs réclament l’élargissement du répertoire aux sprays et aux antiasthmatiques.

La baisse des ventes présentée par les industriels a été confirmée par la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM), qui insiste quant à elle sur le poids du retrait du Di-Antalvic et de tous les médicaments contenant du dextropropoxyphène. Tout en précisant que ces estimations doivent être consolidées, la CNAM indique ainsi que le volume des ventes de génériques aurait progressé de 2 % en 2011, hors effet Di-Antalvic. En revanche, et malgré les nombreuses réclamations formulées par le GEMME depuis fin octobre, l’assurance-maladie n’a toujours pas rendu public les résultats de son étude nationale sur l’usage de la mention non substituable.

Les attaques continuent.

Satisfaits que de nouveaux objectifs génériques soient fixés par la convention UNCAM-pharmaciens, les génériqueurs trouvent intéressante la proposition de rémunération des pharmaciens en fonction de l’atteinte d’objectifs de substitution. Néanmoins, cette mesure « demeure sans effet sur le problème de fond qu’est la multiplication de l’usage de la mention non substituable. Si rien n’est fait pour inverser cette tendance, les objectifs des pharmaciens seront difficiles à atteindre et les économies collectives limitées », affirme le GEMME.

Les fabricants de génériques espèrent aujourd’hui un geste fort des pouvoirs publics permettant de redonner de l’allant au marché. Un geste d’autant plus attendu que les attaques contre le générique continuent. Le récent rapport de l’Académie de médecine a ainsi provoqué un tollé. Le GEMME le dit « inexact et mal documenté », fait de « nombreux amalgames, approximations et erreurs scientifiques ». Dominique Maraninchi, directeur de l’AFSSAPS, se dit « préoccupé par ces messages permanents de remise en question du générique alors même que la France n’en utilise pas suffisamment ». Le Collectif des groupements s’est également offusqué d’une polémique qu’il juge « dénigrante à l’égard des génériques », qui laisse supposer que les pharmaciens « proposent à leurs patients des médicaments de 2e zone, qui pourraient être moins efficaces ». Rappeler aux pouvoirs publics qu’un point de substitution représente 19 millions d’euros d’économies reste sûrement l’un des moyens de pression les plus persuasifs.

› M. M.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2907