Insolite

La solitude qui tue

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Publié le 18/02/2025

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On a beau être de plus en plus nombreux sur Terre, on a jamais été aussi seuls… L’isolement et la solitude sont ainsi devenus des valeurs montantes. Pas de quoi s’en réjouir. D’autant que ce mode de vie, plutôt l’apanage des sociétés occidentales, s’avère délétère pour la santé. L’observation est ancienne : les personnes les plus engagées socialement ont plutôt une meilleure santé que celles qui vivent seules… ou ont le sentiment de l’être. Car si la solitude et l’isolement n’ont pas la même définition – la première est une mesure objective, la seconde, subjective – ils augmentent tous deux le risque d’être malade et de mourir prématurément. Quels mécanismes biologiques en jeu pourraient expliquer ce constat ? Pour le savoir, des chercheurs de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) et de l’université de Fudan (Chine) ont mené l’enquête. Ils ont suivi près de 40 000 adultes anglais pendant une douzaine d’années. Parmi eux, 9 % étaient isolés socialement, et 6 % souffraient de solitude. Les scientifiques ont notamment analysé la teneur en protéines du sang des personnes suivies. Ils ont ainsi identifié 175 protéines associées à l’isolement et 26 associées à la solitude. Leurs résultats ont été compilés dans la revue Nature Human Behaviour de janvier. Plusieurs de ces molécules sont connues pour être impliquées dans l’inflammation, les réponses antivirales et immunitaires. La protéine GDF15, par exemple, augmentée en cas d’isolement social, est un anti-inflammatoire libéré par les cellules cardiaques lors d’un stress. C’est donc un marqueur de l’inflammation dont on sait qu’elle fait le lit de nombreuses maladies. De même, l’adrénoméduline identifiée chez les « solitaires » augmente le risque d’AVC, d’accidents cardiaques ou de démence. Autre protéine « fabriquée » par la solitude, l’ASGRI est liée à un taux de cholestérol plus élevé et à un risque accru de maladie cardiovasculaire… Tous ces résultats suggèrent, estiment les auteurs, l’importance des contacts sociaux pour notre santé. On savait déjà que l’isolement et la solitude pouvaient faire cruellement souffrir. On sait désormais qu’elles peuvent aussi tuer.

Didier Doukhan