Régime d'exclusion

Vrai/faux sur l’intolérance au gluten

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Publié le 25/01/2022
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En France, l’intolérance au gluten ou maladie cœliaque touche 1 % de la population. Or depuis quelques années, la cote du régime sans gluten explose, notamment dans les médias. Effet de mode ou intérêt thérapeutique, démêlons le vrai du faux.

Le gluten est une protéine

VRAI

Le gluten est composé de deux fractions protéiques : les prolamines (celles qui posent problème chez les intolérants au gluten) et les gluténines. Selon la variété de céréales, les prolamines portent des noms différents : gliadine pour le blé, sécaline pour le seigle, hordénine pour l’orge.

On trouve du gluten uniquement dans les céréales

FAUX

Le blé, le seigle et l’orge sont sources de gluten mais leurs sous-produits également. Le gluten est aussi très souvent utilisé dans les préparations alimentaires comme liant ou exhausteur de goût. Cela peut donc concerner de très nombreux aliments : produits de boulangerie, bouillons en cube, sauces, plats cuisinés, saucisses, charcuterie pré-emballée, bière

L’avoine est contre-indiquée en cas d’intolérance au gluten

FAUX

L’avoine contient une prolamine appelée avénine, de composition semblable à la gliadine du blé mais en plus petite quantité. Elle ne déclenche généralement pas de réaction chez les intolérants au gluten lorsqu’elle est consommée à une dose inférieure à 50 g par jour. Par contre, elle doit être certifiée « pure ». En effet, l’avoine étant très souvent cultivée, transportée ou moulue dans les mêmes environnements que d’autres céréales (et notamment le blé), il existe un risque élevé de contamination croisée.

L’intolérance au gluten relève d’un mécanisme auto-immun

VRAI

Il s’agit d’une entéropathie auto-immune survenant chez des sujets génétiquement prédisposés lors de l’ingestion de gluten, entraînant une inflammation intestinale chronique et une malabsorption. 

À noter qu’il existe d’autres troubles liés au gluten relevant de mécanismes physiopathologiques différents comme l’hypersensibilité au gluten (ou allergie au blé).

L’intolérance au gluten a un caractère héréditaire

VRAI

Le risque pour un apparenté au premier degré d’un sujet intolérant d’en être atteint à son tour est 10 fois plus élevé que dans la population générale. À noter que chez les vrais jumeaux de malades, le risque s’élève à 70 %.

L’intolérance au gluten se traduit par des troubles digestifs

VRAI

Mais pas seulement… Le tableau clinique est très variable, allant de la forme asymptomatique à la malnutrition sévère. Les symptômes les plus fréquents sont des douleurs abdominales, une diarrhée chronique, un amaigrissement, des pathologies osseuses, une anémie et une asthénie. Mais il existe également des formes atypiques, rendant le diagnostic difficile.

Le seul traitement de la maladie cœliaque consiste en un régime sans gluten strict à vie

VRAI

Il n’existe aujourd’hui aucun traitement médicamenteux. Le régime sans gluten est donc la seule thérapeutique possible. S’il est très efficace et sans effet secondaire, il est par contre très contraignant pour les patients et doit être poursuivi à vie.

Les produits étiquetés « très faible teneur en gluten » peuvent être consommés sans risque par les intolérants au gluten

FAUX

Depuis 2009, le règlement européen fixe la composition et l’étiquetage des produits alimentaires convenant aux intolérants au gluten. La mention « sans gluten » indique que le produit fini contient moins de 20 mg/kg de gluten. Quant à la mention « très faible teneur en gluten », elle indique que le produit fini en contient entre 21 et 100 mg/kg. Une concentration qui reste cependant trop élevée pour autoriser leur consommation en cas de maladie cœliaque.

Il existe une prise en charge par la Sécurité sociale des produits sans gluten

VRAI

Depuis 1996, l’assurance-maladie rembourse une partie des produits diététiques sans gluten figurant sur la LPPR. Pour en bénéficier, le diagnostic de maladie cœliaque doit tout d’abord être posé de façon certaine grâce à une biopsie et une demande de prise en charge au titre d’ALD doit être envoyée par le médecin traitant qui peut alors les prescrire pour 6 mois maximum. La CPAM les prend en charge à hauteur de 60 % du tarif responsabilité (plafond mensuel de 33,54 euros pour les enfants de moins de 10 ans et de 45,73 euros pour les plus de 10 ans et les adultes). Par contre, le patient ne bénéficie pas du tiers-payant.

On trouve du gluten dans les médicaments

VRAI

Le gluten entre dans la composition de nombreux médicaments, notamment pour son rôle de liant. L’amidon de blé fait ainsi partie de la liste des excipients à effet notoire. On le trouve cependant dans la composition de produits couramment prescrits comme le Spasfon en comprimés ou le Préviscan. La prudence est donc également de mise lors de la substitution d’un princeps par son générique.

Le régime sans gluten est devenu un effet de mode

VRAI

Le marché des produits sans gluten connaît actuellement une croissance très importante, qui n’est absolument pas en rapport avec la prévalence de l’intolérance au gluten. Cet engouement pour le « sans gluten », dont les mérites sont notamment vantés par des sportifs de haut niveau ou des célébrités dans les médias, inquiète cependant les autorités de santé. Aux États-Unis, la FDA (Food and Drug Administration) a ainsi déclaré qu’« aucun avantage nutritionnel n’était avéré pour une personne n’ayant pas d’intolérance au gluten ». De plus, le suivi d’un régime sans gluten au sein de la population saine est souvent basé sur des idées reçues, notamment qu’il s’agirait du nouveau régime minceur

 

Anne-Sophie Lebrun-Leroy

Source : Le Quotidien du Pharmacien