Les mots du conseil

Publié le 09/04/2021

La pathologie hémorroïdaire est le plus souvent bénigne mais elle suscite parfois de l’inquiétude chez les personnes qui en souffrent. Après avoir écarté un risque de complications et mesurer le caractère bénin et passager des symptômes, le pharmacien doit les rassurer en expliquant les causes et les symptômes de la maladie.Les crises hémorroïdaires sont-elles fréquentes ?La position des hémorroïdes entre la muqueuse anale et le muscle sphincter anal fait de cet endroit une région très exposée aux inflammations. On estime qu’en France environ 1 personne sur 2 âgée de plus de 50 ans a présenté une crise d’hémorroïdes. On observe par ailleurs que les crises se produisent plus fréquemment dans certaines familles.Quelle est la durée moyenne des crises ?Les crises, appelées fluxion hémorroïdaire, sont de courte durée (deux à quatre jours) mais elles ont tendance à réapparaître. Le prolapsus peut persister et entraîner une gêne mécanique avec suintement et prurit. Les manifestations chroniques sont le plus souvent le fait des hémorroïdes internes mais des épisodes aigus peuvent se superposer sur fond de chronicité.Quels sont les symptômes des crises d’hémorroïdes externes ?Les symptômes sont l’apparition d’une petite boule juste au bord de l’anus, de la même couleur que la peau. Lorsque le sang accumulé coagule, il se forme un caillot de couleur bleutée. Il occasionne souvent de vives douleurs, des saignements peuvent se produire mais sans causer une sérieuse perte de sang. Le sang (facultatif) est séparé des selles et s’écoule le plus souvent tout de suite après la défécation.…et ceux des crises d’hémorroïdes internes ?Lorsque les hémorroïdes internes sont très dilatées et apparaissent hors de l’anus, elles provoquent parfois des irritations, des démangeaisons, des brûlures ou une envie fréquente d’aller à la selle sans résultat. Elles occasionnent des saignements plutôt discrets, visibles uniquement sur le papier toilette, pendant ou après les selles.Les symptômes douloureux sont-ils inquiétants ?La douleur n’est pas toujours présente et n’est pas toujours en rapport avec l’importance anatomique de la manifestation : des hémorroïdes volumineuses peuvent rester indolores alors que de petites dilatations peuvent être très douloureuses. En revanche l’étranglement des hémorroïdes à l’anus est source de douleurs vives et durables qui peuvent s’accompagner d’une réaction inflammatoire intense. Il existe toutefois des phénomènes douloureux aigus, paroxystiques, sans thrombose visible.Quelles sont les complications éventuelles des hémorroïdes ?Les hémorroïdes n’entraînent que très peu de complications et il n’y a aucun risque d’évolution maligne d’une pathologie hémorroïdaire. Une irritation voire une surinfection peuvent se retrouver au niveau de la marge anale mais le risque mycosique n’est pas plus élevé en cas d’hémorroïdes. Si les saignements sont abondants et répétés, ils peuvent entraîner une anémie. La véritable complication est la THE dont la régression dure une ou plusieurs semaines. Elle peut laisser une séquelle cutanée inesthétique à la périphérie de l’anus (marisque) qui nécessite un geste chirurgical.Doit-on réduire la fréquence des défécations ?Les personnes sujettes aux crises d’hémorroïdes ont tendance à réprimer le besoin d’aller à la selle, par peur de la douleur. La constipation entraînée par un tel comportement aggrave les hémorroïdes, ce qui engendre un cercle vicieux. Les selles doivent être régulières, il est recommandé d’aller aux toilettes dès que le besoin se fait sentir en évitant si possible les séances prolongées aux toilettes, et surtout les efforts de poussée. Mieux vaut y retourner plus tard que s’obstiner.Les hémorroïdes peuvent-elles disparaître spontanément ?Le prolapsus est quantifié en quatre stades : des hémorroïdes congestives non prolabées aux hémorroïdes prolabées lors de la défécation. certaines se réintègrent spontanément en fin de selle, d’autres nécessitent une réintégration manuelle. Le quatrième stade étant celui des hémorroïdes prolabées en permanence.Pourquoi les hémorroïdes sont-elles plus fréquentes pendant la grossesse ?Les femmes enceintes ont davantage de risque car le poids et le volume de l’utérus gênent le retour du sang veineux vers le cœur. De plus, le risque est important à cause de l’effort de poussée lors de l’accouchement : les contractions font enfler les veines. La constipation chronique pendant le dernier trimestre de la grossesse ou dans les semaines qui suivent la naissance augmente aussi le risque.Quels sont les gestes d’hygiène à respecter ?Il est conseillé de faire une toilette anale après chaque selle avec un savon acide ou neutre ou une crème lavante apaisante (Neofitoroid). En cas de démangeaisons, on peut utiliser un papier de toilette neutre, sans colorants ni parfum, ou des lingettes spécifiques imprégnées d’une lotion à base d’allantoïne, d’extraits de marron d’Inde, de tamarin (Micro-H lingettes), puis on sèche doucement.

Existe-t-il des mesures diététiques préventives ?Aucun traitement préventif n’est efficace en dehors de la lutte contre les troubles du transit (surtout la constipation). Un apport en fibres alimentaires douces (céréales, légumes verts, fruits frais ou secs…) et une bonne hydratation sont recommandés pour empêcher le durcissement des selles et faciliter leur évacuation. En poussée, il faut éviter de consommer des aliments irritants pour la muqueuse digestive comme les viandes, les plats épicés, les boissons alcoolisées ou excitantes (café, thé, colas), les boissons gazeuses.Comment éviter les rechutes ?Il y a peu de mesures préventives pour éviter les récidives, le pharmacien peut recommander de limiter les stations debout ou assises prolongées, de pratiquer une activité physique pour lutter contre la sédentarité et le surpoids. Les exercices physiques réguliers activent la circulation et la digestion et préviennent ainsi la formation d’hémorroïdes. La pratique de certains sports (cyclisme, équitation) est toutefois déconseillée.Quand doit-on faire des examens cliniques ?Le diagnostic est purement clinique, il est basé sur un interrogatoire. Un examen plus minutieux peut être utile afin d’écarter d’autres affections plus graves (affections malignes de l’intestin, de l’anus, maladie de Crohn…). La confirmation du diagnostic nécessite un bilan proctologique, voire colique, et génito-urinaire avec toucher rectal et si besoin, anuscopie et sigmoïdoscopie.


Source : lequotidiendupharmacien.fr