- Carbamazépine ou CBZ (Tégrétol). La CBZ bloque les canaux sodiques voltage-dépendants. Elle est indiquée en monothérapie ou en association dans les épilepsies partielles et dans les crises tonicocloniques des épilepsies généralisées. Les effets indésirables dominants sont des vertiges, des céphalées, de l’ataxie, une diplopie, de la somnolence, des troubles digestifs, cutanés et un risque d’hyponatrémie. Son dosage est facile en cas d'inefficacité, de mauvaise tolérance, d'interaction médicamenteuse ou de doute sur l'observance. La CBZ est contre-indiquée en cas de bloc auriculoventriculaire et de porphyrie hépatique. Elle multiplie par 2 ou 3 le risque de malformation fœtale (anomalies de fermeture du tube neural, fentes faciales, malformations cardiaques et hypospadias). Si la CBZ est maintenue pendant la grossesse, une supplémentation en acide folique est proposée (5 mg/j 1 mois avant et 2 mois après la conception). Chez le nouveau-né exposé, de la vitamine K1 (IM ou IV) sera administrée au moment de la naissance en raison du risque hémorragique lié aux médicaments inducteurs enzymatiques.Inductrice enzymatique, la CBZ diminue le taux sérique de certains médicaments avec un risque de grossesse non désirée (estroprogestatifs) ou de baisse d'efficacité d'antiépileptiques associés. Sa concentration est augmentée par divers médicaments (isoniazide, érythromycine, etc.). Analogue de la CBZ, l’oxcarbazépine (Trileptal) est indiquée dans l’épilepsie partielle avec ou sans généralisation secondaire, en monothérapie ou en association (elle est contre-indiquée dans l’épilepsie idiopathique). Elle n’expose pas à la toxicité du métabolite de la CBZ (10-11-époxyCBZ). L’iatrogénie comprend des vertiges, une diplopie, de la somnolence, des nausées, de l’ataxie (particulièrement > 2 400 mg/jour), une hyponatrémie, des réactions cutanées. Il n’y a pas lieu de réaliser un contrôle hématologique et hépatique régulier. L’OXC n’a pas d’effet inducteur et n’interagit pas avec les autres anticonvulsivants. L’eslicarbazépine (Zébinix) en est proche.- Valproate de sodium (Dépakine, Micropkaine). Le valproate augmente le taux du GABA. Il est indiqué en monothérapie ou en association dans l’épilepsie généralisée et partielle avec ou sans généralisation secondaire. Son administration peut induire anémie, thrombopénie (NFS-plaquettes, bilan de coagulation, temps de saignement recommandés avant traitement et avant intervention chirurgicale), prise de poids, tremblements, vomissements, chute des cheveux, hyponatrémie, troubles digestifs (en début de traitement).Des atteintes hépatiques d'évolution sévère ont été observées généralement pendant les 6 premiers mois de traitement et au cours de polythérapies antiépileptiques, d’où une surveillance de la fonction hépatique (transaminases, taux de prothrombine) avant l’instauration du traitement puis pendant les 6 premiers mois, ainsi qu'en cas de signes d'appel pouvant précéder l'ictère (asthénie, anorexie, somnolence, vomissements, douleurs abdominales). Le valproate est contre-indiqué en cas d'hépatite aiguë ou chronique, antécédent personnel ou familial d'hépatite sévère, porphyrie hépatique. Il augmente la toxicité cutanée de la lamotrigine et interagit avec de nombreux médicaments mais est dépourvu d'effet inducteur enzymatique.Le valproate entraîne des malformations fœtales dans 10 % des cas et est responsable de troubles du développement psychomoteur et/ou de troubles du spectre autistique chez 30 % des enfants exposés in utero. Il est contre-indiqué chez la femme en âge de procréer ou enceinte, sauf cas particulier. Chez celle-ci, la prescription initiale est réservée aux neurologues et nécessite un accord de soins ; renouvellement par tout médecin dans la limite d'un an.- Lamotrigine (Lamictal). Cet anticonvulsivant de spectre large, inhibant les canaux sodiques et calciques, est indiqué en monothérapie ou en association dans l’épilepsie généralisée ou partielle. La survenue en début de traitement de rashs cutanés d’évolution parfois sévère fait augmenter sa posologie par paliers de 8 à 12 semaines. Ce risque cutané est potentialisé par l’association au valproate qui inhibe son métabolisme. La lamotrigine n’est ni inhibitrice ni inductrice des enzymes hépatiques : elle n’a pas d’action sur le métabolisme des autres anticonvulsivants ou des contraceptifs oraux.- Tiagabine (Gabitril). Inhibant la recapture neuronale et gliale du GABA, la tiagabine est indiquée en association dans le traitement de l’épilepsie partielle, y compris secondairement généralisée. Le traitement est bien toléré : vertiges, tremblements, difficultés de concentration sont limités par un fractionnement de la dose et une administration en fin de repas. L’influence de la tiagabine sur le métabolisme d’autres médicaments n’est pas significative. L’association tiagabine/antiépileptiques inducteurs enzymatiques réduit sa demi-vie et peut imposer d’augmenter les doses.- Lévétiracétam (Keppra). Le lévétiracétam a le même spectre que la tiagabine et peut induire une somnolence, une asthénie, des céphalées, des troubles du comportement. Il ne donne pas lieu à interactions.- Prégabaline (Lyrica). La prégabaline inhibe partiellement l’influx d’ions calcium après fixation sur les canaux calciques voltage-dépendants présynaptiques. Elle est indiquée en association pour le traitement de l’épilepsie partielle avec ou sans généralisation secondaire. La dose de 600 mg/j expose à une fréquence plus élevée d’effets indésirables (étourdissements, somnolence).- Gabapentine (Neurontin). Apparentée au GABA, la gabapentine est prescrite dans les crises partielles, avec ou sans généralisation secondaire, en complément ou en monothérapie (adulte et enfant > 12 ans) et en association (enfant > 3 ans). Elle n’est pas indiquée dans l’épilepsie généralisée idiopathique car elle peut aggraver les absences. Les effets indésirables les plus fréquents se résument à une somnolence, des sensations vertigineuses, une asthénie cédant dans les premières semaines du traitement, une prise de poids. La gabapentine ne modifie pas le taux sérique des autres anticonvulsivants ni celui des contraceptifs oraux.- Topiramate (Épitomax). Le topiramate inhibe les canaux sodiques et calciques, stimulant l’activité GABAergique et bloquant les récepteurs du glutamate. En monothérapie ou en association, il est actif dans les crises généralisées, partielles et secondairement généralisées. Son administration peut induire une ataxie, des difficultés de concentration, une confusion mentale, des vertiges, de l’asthénie, une lithiase rénale (effet inhibiteur de l’anhydrase carbonique), un amaigrissement, un glaucome à angle fermé. Il n’interagit pas avec les autres antiépileptiques.- Vigabatrin (Sabril). Cet inhibiteur irréversible de la GABA-transaminase est indiqué en association dans l’épilepsie partiellement résistante avec ou sans généralisation secondaire, en deuxième ligne ; il est contre-indiqué dans l’épilepsie idiopathique comportant des absences typiques ou des myoclonies. Le vigabatrin peut induire en quelques semaines ou après plusieurs années d’administration un rétrécissement du champ visuel imposant l’arrêt du traitement et une surveillance ophtalmologique.- Zonisamide (Zonégran). Le zonisamide bloque les canaux calciques et sodiques voltage-dépendants et a une action agoniste GABAergique. Il est indiqué en association dans le traitement de l’épilepsie partielle avec ou sans généralisation secondaire et n’interagit pas avec les autres anticonvulsivants auxquels il est associé.-Lacosamide (Vimpat). Indiqué en association dans le traitement des crises partielles avec ou sans généralisation secondaire, le lacosamide inactive les canaux sodiques voltage-dépendants. Les effets indésirables fréquents sont des vertiges, céphalées, nausées et une diplopie transitoires.- Pérampanel (Fycompa). Antagoniste des récepteurs au glutamate indiqué en association dans le traitement des crises d'épilepsie partielles, avec ou sans généralisation secondaire, et dans les crises tonicocloniques primaires de l'épilepsie généralisée idiopathique. Les effets indésirables sont dominés par les vertiges, une somnolence, un comportement agressif (tout changement du comportement nécessite d'alerter un professionnel de santé) et des réactions cutanées.
Les médicaments de l’épilepsie
Publié le 07/07/2020
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Source : lequotidiendupharmacien.fr
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