Vente en ligne des médicaments

Un succès sous conditions

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Publié le 26/01/2023
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Ouvrir un site de vente en ligne de médicaments suppose un engagement personnel important de la part du titulaire et le respect de quelques règles à ne pas méconnaître. Tout cela pour un jeu qui n’en vaut pas toujours la chandelle.

Basée dans le Nord de la France, la pharmacie du Bizet opère un site de vente en ligne de médicaments, LaSanté.net. Pharmacienne adjointe, Louise Talleu est en charge de ce service. Elle décrit la plateforme comme une opportunité économique pour l’officine, en « continuité de la pharmacie physique » et qui s’ouvre à une clientèle sur toute la France.

Une manne financière encore peu exploitée

Ces sites sont aussi un moyen d’assurer un service de commande/livraison pour ceux qui ne peuvent pas toujours se déplacer. Ces plateformes « permettent également aux patients de commander des médicaments “honteux” en toute discrétion, comme des crèmes contre les mycoses ou les hémorroïdes ». C’est aussi, selon l’expérience de la pharmacienne, la possibilité pour le titulaire, de renforcer son engagement personnel auprès de sa patientèle, car, toujours selon elle, le pharmacien peut en théorie fournir un suivi « plus complet » en différé.

Moins enthousiaste, Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), estime que « la vente en ligne ne répond pas à une demande des patients, lesquels préfèrent conserver un contact avec le pharmacien. D’autant qu’un patient dispose d’une pharmacie à 8 minutes, en moyenne, de chez lui ». Preuve d’une demande inexistante ? Seuls 839 sites de vente en ligne sont référencés sur le site de l’Ordre des pharmaciens. Alors que la France compte plus de 22 000 officines physiques. Pour rappel, un site internet de vente en ligne de médicaments doit obligatoirement être adossé à une officine de pharmacie physique.

Modalités de mises en œuvre

La question : le jeu en vaut-il la chandelle ? D’autant qu’avant d’ouvrir un site de vente en ligne, le titulaire affronte les arcanes de la réglementation en la matière et doit répondre à un cahier des charges très dense. Le pharmacien devra être gérant d’une officine, d’une pharmacie mutualiste ou de secours minier et avoir une licence délivrée par l’ARS. Sur la plateforme ne seront vendus que les médicaments non soumis à prescription et/ou des produits en libre accès en officine (parapharmacie, cosmétique, etc.).

Pour être autorisé à opérer un site de vente en ligne, le titulaire devra déposer une demande d’ouverture auprès du directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS), dont dépend son officine. Et le site devra répondre à une myriade de conditions pour obtenir l’autorisation. En premier lieu, il doit disposer d’un lien de redirection vers la liste de l’Ordre des pharmaciens qui répertorie les professionnels autorisés à vendre des médicaments en ligne. « Passer par le portail de l’Ordre garantit d’être redirigé sur des sites légitimes », explique au « Quotidien » Bruno Maleine, président du Conseil central de la section A de l’Ordre des pharmaciens. 

Le site doit présenter un logo reconnaissable et commun à tous les pays de l’Union européenne. Logo qui doit renvoyer aux sites de l’Ordre des pharmaciens et du ministère de la Santé. La plateforme doit aussi reposer sur un nom de domaine générique lié à l’officine, présenter le protocole https et indiquer de nombreuses mentions. Citons : le numéro d’inscription à l’Ordre des pharmaciens du ou des titulaires, l’adresse d’établissement, l’adresse de courrier électronique, etc. La liste est longue…

 

Victor Miget

Source : Le Quotidien du Pharmacien