Moyens de paiement électroniques

Un opérateur monétique redistribue les cartes

Publié le 26/09/2011
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Le premier opérateur de services monétiques et télécoms à avoir obtenu le statut d’« établissement de paiement » propose aux commerçants en général, et aux pharmaciens en particulier, la gestion de A à Z des encaissements par carte bancaire. Principal argument de cette nouvelle offre : réduire les commissions prises au passage par les banques.

EN 2009, la Commission européenne décide d’ouvrir le marché des opérateurs de paiement, jusqu’ici réservé aux banques. Fin 2010, l’Autorité de Contrôle Prudentiel (Banque de France) accorde au groupe Afone, opérateur de services monétiques et télécoms, le statut d’établissement de paiement. 15 octobre 2011, après des tests en situation concluants, la société, dont le siège est à Angers, lancera officiellement son offre AfonePaiement auprès des commerçants (indépendants, franchises, enseignes de grande distribution, restaurateurs…), pour gérer de bout en bout la chaîne d’encaissement de cartes bancaires, c’est-à-dire depuis le terminal de paiement électronique (TPE) jusqu’au versement final sur le compte bancaire du commerçant. Principal intérêt : faire baisser la note des frais d’encaissement bancaires. Même si les paiements par CB ne sont pas très importants en officine, ce système novateur mérite l’attention par temps de crise…

Commissions trop élevées.

Jusqu’ici, le marché de l’acquisition-compensation (procédé qui consiste à débiter et à créditer deux comptes bancaires dans le cadre d’une transaction entre un client et un commerçant), était le pré carré des banques françaises qui pouvaient donc facturer sans problème au commerçant 1 % de son chiffre d’affaires en moyenne. Un taux élevé qui suscitait tout de même des débats au plus haut niveau. Avant sa nomination au FMI, la ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, avait d’ailleurs confié à deux députés une mission à ce sujet.

Ce nouveau service global d’encaissement CB permet de réduire ces frais de transaction (variables selon les banques et le chiffre d’affaires) de 10 à 40 %, et la gestion gagne en temps et en efficacité. Spécialisé depuis 14 ans dans les services télécoms et monétique pour les entreprises et les particuliers, le groupe angevin se positionne donc aujourd’hui en véritable concurrent des banques sur ce marché attractif. Contrairement à ces dernières, l’opérateur n’entretient pas beaucoup d’agences et a donc moins de charges à répercuter. Gageons que d’autres opérateurs seront rapidement tentés de l’imiter.

Interlocuteur unique.

Concrètement, la mise en œuvre est simple. Soit le commerçant est déjà client (120 000 actuellement pour la téléphonie et la monétique) et, dans ce cas, il suffit de modifier les paramètres du TPE. Soit il ne l’est pas et il a alors la possibilité de garder son ancien TPE ou de bénéficier de l’ensemble de la chaîne Afone (installation et formation sont assurées). « Ce service permet, outre d’économiser sur les frais de transaction, d’avoir un interlocuteur unique (à un seul numéro de téléphone) au lieu de plusieurs pour l’ensemble de la maintenance », explique Frédéric Muzy, directeur commercial chez Afone. Quand un TPE n’arrive plus à lire les cartes, par exemple, c’est appréciable car il faut réagir vite.

Coût de ce service : 15 euros HT/trimestre auxquels il faut ajouter entre 13 et 30 euros HT/mois (si la technologie est plus élaborée) pour la location d’un terminal de paiement avec mise à disposition du matériel et du support téléphonique, les services de maintenance en continu et les communications monétiques.

Négocier avec son banquier.

Comme il fallait s’y attendre, les banques n’apprécient guère de voir ainsi rogner leurs marges et redoutent une contagion qui les obligerait à faire davantage preuve de transparence. Pour l’instant, le risque pour elles est limité, mais elles vont devoir s’adapter car les règles du jeu ont changé. Comme elles ont changé pour la téléphonie il n’y a pas si longtemps.

Le pharmacien se demandera bien sûr si ses relations avec sa banque ne risquent pas de souffrir d’un tel choix. « On peut au contraire considérer que celui-ci va lui donner plus de poids pour discuter et négocier », répond Frédéric Muzy…

› ÈVE OUDRY

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2861